Sur une des images en haute résolution prises avec la caméra Osiris, on aperçoit l’ombre de Rosetta sur la surface du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko qu’elle survolait de très près, le 14 février dernier.
Peu après le survol programmé depuis plusieurs mois de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko par Rosetta à seulement 6 km de la surface, le 14 février 2015, l’ESA publiait les premières images acquises avec la caméra de navigation (NavCam). On redécouvrait alors, avec un luxe de détails, la région d’Imhotep située sur le ventre du plus gros des deux lobes du noyau cométaire, caractérisée par une étendue relativement lisse où affleurent de gros rochers comme celui de Cheops (45 m)…
La série d’images en très haute résolution produites avec la caméra Osiris (Optical Spectroscopic and Infrared Remote Imaging System) a mis, quant à elle, plus de temps pour cheminer vers la Terre, car plus massive. Attendues avec impatience par l’équipe scientifique de la mission, elles vont permettre de mieux étudier « le grain de peau » de cet astre bilobé presque aussi grand que le mont Blanc.
La région photographiée par la caméra Osiris de Rosetta (en bas à droite), resituée dans son contexte géographique sur les trois autres miniatures acquises également le 14 février par la caméra de navigation (NavCam). Sur la vue d’ensemble de la comète, en haut à gauche, on peut distinguer le « ventre » du grand lobe, une région appelée Imhotep. L’ombre de la sonde spatiale sur la surface de l’astre fut « immortalisée » à la frontière entre cette zone et celle baptisée Ash
Au cours de cette excursion rapprochée, la sonde spatiale qui avait le Soleil dans son dos durant quelques instants a pu photographier son ombre projetée sur le sol de « Tchourri ». Il était 12 h 39 TU lorsqu’elle survolait les paysages à la lisière de la zone d’Imhotep et celle d’Ash (voir la cartographie régionale de 67P/Churyumov-Gerasimenko). Sur le cliché d’une résolution de 11 cm par pixel, qui embrasse une aire de 228 m de côté, on aperçoit l’ombre rectangulaire du vaisseau. Celui-ci, qui affiche une envergure de quelque 32 m et une largeur de seulement 2 m (la sonde elle-même mesure 2,8 x 2,1 x 2 m), atteint 20 x 50 m pour sa projection au sol. Il s’agit d’ailleurs d’une pénombre au contour flou, environnée d’un singulier halo lumineux provoqué par un effet d’opposition, phénomène plusieurs fois observé sur des surfaces recouvertes d’un régolithe comme la Lune ou des astéroïdes. Sur le blog officiel de la mission, les chercheurs rappellent qu’à la distance de notre étoile où se trouvait alors la comète et la sonde qui l’escorte — en l’occurrence 347 millions de km —, l’astre solaire n’était pas un point lumineux, mais un disque, certes 2,3 fois plus petit (0,2°) que s’il était vu depuis la Terre, ce qui provoque cette projection diffuse sur le sol incliné de la comète.
Rosetta n’est pas la première sonde spatiale à photographier son ombre sur la surface d’un astre de cette dimension. Hayabusa, de l’agence spatiale japonaise Jaxa, l’a en effet précédé de 10 ans lorsqu’elle explorait l’astéroïde de 600 m de longueur, Itokawa, à seulement quelques dizaines de mètres d’altitude.