François Hollande au Salon de l'Agriculture le 21 février 2015 à Paris (Pool/AFP - Stéphane de Sakutin)
"Nous devons être, l'Etat, auprès des agriculteurs." François Hollande a inauguré le 21 février dernier le Salon de l'agriculture en réaffirmant son soutien aux agriculteurs. A tous les agriculteurs. Le gouvernement doit donc soutenir à la fois l'agriculture industrielle et l'agro-écologie, officiellement introduite par la loi d'avenir pour l'agriculture du 14 octobre 2014.
Défendre l'agriculture intensive...
Peu avant l'ouverture du salon, le gouvernement a annoncé la simplification des procédures de création ou d'agrandissement des élevages de volaille. Une mesure en accord avec une promesse formulée par François Hollande il y a un an . Après les élevages porcins en 2014, le gouvernement facilite donc les démarches administratives pour les éleveurs de volaille. Aucune autorisation ne sera désormais nécessaire pour agrandir un élevage de moins de 30 000 poulets. Et un simple enregistrement administratif suffira dorénavant pour l'agrandissement d'élevage jusqu'à 40 000 poulets. La Confédération Paysanne dénonce, elle, la multiplication des projets de "ferme usine" dans toute la France.Autre mesure en faveur des grandes exploitations agricoles : la simplification de l'emploi de jeunes apprentis. Les actes qu'ils pourront effectuer dans les exploitations, comme l'utilisation de machines agricoles, ne seront plus soumis qu'à une simple déclaration. Des mesures qui devraient satisfaire le président de la FNSEA (principal syndicat agricole), Xavier Beulin, qui déplore l'alourdissement des charges et des normes en France. L'agriculture française serait passée de la deuxième à la quatrième place mondiale en termes d'exportations, selon le think tank Momagri. De quoi encourager le ministre Stéphane Le Foll à défendre l'agriculture industrielle : "Ceux qui disent qu'on peut se passer d'agriculture industrielle sont des gens qui se mentent à eux-mêmes."...et promouvoir l'agriculture bio
L'"agro-écologie" est pourtant devenue un objectif pour l'agriculture française, depuis la loi d'octobre dernier. Dans ses 60 engagements de campagne, François Hollande voulait promouvoir le bio et un nouveau modèle de production . L'une des mesures phare de la loi, les groupements d'intérêts économiques et environnementaux (GIEE), commence à être mis en place. Les GIEE sont des collectifs d'agriculteurs qui s'engagent autour d'objectifs économiques, environnementaux et sociaux. Les six premiers GIEE ont ainsi été reconnus le 21 février, sur les 106 projets qui devraient voir le jour à terme.En 2014, la France est devenue la 3e surface agricole bio d'Europe. Mais François Hollande a déclaré vouloir relancer la recherche en matière d'OGM. Une déclaration en accord avec sa volonté d'interdire la culture d'OGM , mais d'autoriser la recherche encadrée. La France ne compte plus qu'un laboratoire de recherche en OGM depuis la relaxe par la justice en 2014, de faucheurs de plants destinés à la recherche. Plaçant le Salon de l'agriculture sous le signe du climat et du développement durable, le président a déclaré qu'"on n'avancera pas si l'on ne réconcilie pas l'économie et l'écologie".Les inquiétudes des agriculteurs face à l'Europe
Fin mars, les quotas laitiers disparaîtront dans l'union européenne. Ce qui devrait faire augmenter la production laitière, et donc diminuer les prix de vente pour les agriculteurs. Le prix de la tonne pourrait en effet passer sous la barre des 300 euros, contre 360 actuellement. Les effets de l'embargo russe se font également sentir pour les agriculteurs : depuis janvier, le prix du lait a baissé de près de 15 %. De quoi réactiver le soutien promis en 2013 aux producteurs de lait par le gouvernement ?Un geste a déjà été fait en faveur des agriculteurs. Le gouvernement a décidé, fin janvier, de prendre en charge le remboursement d'aides européennes indûment versées aux agriculteurs français. Les agriculteurs ne devront donc pas rembourser eux-mêmes les trop-perçus entre 2008 et 2012. Un milliard d'euros doivent être ainsi rendus à Bruxelles, étalé sur une période de trois ans. L'application du budget agricole européen adopté en 2013, que le gouvernement voulait "ambitieux" , inquiète les agriculteurs. Les Etats y disposent d'une plus grande autonomie dans l'élaboration des règles. Mais à quelques semaines du dépôt des déclarations des agriculteurs, les règles de la nouvelle PAC 2015 n'ont toujours pas été annoncées par les pouvoirs publics.Kilian Bridouxhttp://luipresident.blog.lemonde.fr/2015/02/28/agriculture-bio-ou-intensive-quels-choix-pour-le-gouvernement/