Ils ont chiffonné les marais
émasculé les arbres
décalcifié les falaises
Ils ont assoiffé les rivières
empoisonné les puits
où la joie venait boire
Ils ont tordu les vents
plié sa rose au fer
de leurs quatre volontés
Ils ont pendu la parole
au gibet de l’imposture
éventré le silence
entre deux haies d’oiseaux
Ils ont dépecé les songes
et pillé le temple de la fragilité
Nous demeurent nos mains
pour mûrir dans le noir
le cri de la résurrection
***
Béatrice Libert (née à Amay-sur-Meuse, Belgique en 1952) – Être au monde (2004)