Citizenfour // De Laura Poitras. Documentaire avec Edward Snowden et Glenn Greenwald.
L’histoire d’Edward Snowden, ancien analyste de la NSA, est connue de tous. Ce documentaire permet surtout de voir l’envers du décor, comme tout cela s’est déroulé, comment il a révélé les informations qu’il avait aux journalistes depuis sa chambre d’hôtel à Hong Kong. Durant la première partie du film, il y a énormément d’information dont beaucoup de choses que l’on a déjà pu lire dans la presse. Je ne savais pas tout mais en revoyant certaines histoires, j’ai eu l’impression de voir un épisode de Person of Interest se réaliser pour de vrai. Cette dernière est née plus ou moins de la peur d’être surveillés tous les jours par le gouvernement. Snowden a révélé plus ou moins ce que tout le monde pensait tout bas. Tout le monde au fond de lui s’est déjà fait des films dans sa tête sur le gouvernement devenant un espion de nos conversations de tous les jours. Ce qui fait la force de ce documentaire c’est le fait que l’on est en plein milieu de la débâcle et que ce film n’a pas été réalisé après, mais pendant les révélations. A certains moments nous sommes presque face à une sorte de film d’espionnage avec de multiples rebondissements.
L’histoire d’un journaliste qui se rend à Hong Kong pour l’une des premières interviews d’Edward Snowden.
Faire ce film pour Laura Poitras n’était pas simpliste. Elle s’est heurtée à la vulnérabilité de Snowden et le fait que ce dernier était sous le coup d’un mandat d’arrêt international. La façon dont la seconde partie du film est construite est donc très différente. On est moins dans l’information en tant que telle mais plutôt dans la démonstration de ce qui est en train de se passer dans le monde après ces révélations. Du point de vue du Brésil, des Etats-Unis ou encore du parlement Européen. Ce documentaire gagne en grande partie à être vu pour son côté non linéaire. En effet, la façon dont tout cela nous est raconté est vraiment bien ficelé. C’est l’histoire du triomphe du journalisme, pour le journalisme et je pense que c’est l’un des aspects les plus importants de Citizenfour. C’est un film qui a une vision intelligente des choses et un regard qui ne juge personne. Les Etats-Unis ont joui pendant des années de privilèges en termes d’espionnage sans que beaucoup d’entités gouvernements n’en soit informées. C’est un documentaire qui ouvre aussi les yeux sur ce qui se passe dans le monde de l’espionnage et surtout sur le fait que tout ce que l’on fait au quotidien peut être espionné. Même un simple téléphone branché dans une chambre d’hôtel peut être hacké pour écouter les voix dans la pièce.
On est encore une fois dans ce qu’est Person of Interest. Cette dernière n’est finalement pas si bête que ça et si éloigné de la vérité quand on y regarde de plus près. C’est ce qu’il y a d’encore plus effrayant finalement. Ce qu’il y a par ailleurs d’ironique avec Snowden c’est le fait que le pays « ennemi » des Etats-Unis, la Russie, lui ait offert l’asile politique pour plusieurs années (renouvelé l’an dernier pour 3 ans supplémentaires). Le sacrifice de Snowden est remarquable. En tout cas, plus le film avance et plus les choses deviennent intéressantes. L’issue du film se termine presque comme un film d’espionnage avec une sorte de twist que l’on veut nous faire croire. C’est presque un peu too-much mais impliquer POTUS, aka le Président des Etats-Unis n’est pas si étrange que ça dans un sens quand réfléchit encore un peu. Finalement, Citizenfour est une excellente surprise. Un documentaire qui ouvre les yeux et permet de faire un constat sur ce que nous vivons malgré nous.
Note : 8/10. En bref, c’est un peu comme le making off en version réelle d’un épisode de Person of Interest.