Pierre Gaillard il y a un an. Il fut le maître d'oeuvre des opérations du CICR pendant toute la durée de la guerre d'Algérie.
Pierre Gaillard est mort avant-hier, à Genève à presque 97 ans. Il y a un an, il nous avait reçu dans son appartement genevois pour un long entretien vidéo (voir plus bas) sur le rôle du CICR pendant la guerre d’Algérie.
Il est vrai qu’en la matière, Pierre Gaillard était incontournable puisque c’est lui qui fut le maître d’oeuvre des opérations du CICR durant les 8 années du conflit.
Trois heures d’entretien sous la surveillance bienveillante de Mireille, son épouse (les deux se sont croisés pour la première fois à l’Agence Centrale des prisonniers de guerre… en 1941).
L’histoire du CICR et de l’Algérie commence en 1954, de façon singulière… Le hasard veut que le délégué du CICR en France, William Michel n’est autre que le beau frère de Pierre Mendès France, président du Conseil…
Cette inattendue parentèle va permettre au CICR d’être opérationnel dès le début du conflit. A Pierre Gaillard d’assurer toute la responsabilité de mise en œuvre sur le terrain. Il va notamment réaliser de nombreuses visites aux détenus algériens mais également français ou encore faciliter la reconnaissance du Croissant-Rouge algérien.
Pour lui, l'action du CICR en Algérie a servi de cadre de référence pour la rédaction des protocoles additionnels aux Conventions de Genève qui à partir de 1977 renforcèrent un peu plus la protection des gens dans les conflits armés. Mais écoutons-le plutôt.
Pierre Gaillard visitant des détenus algériens
Nous sommes tristes aujourd'hui de voir disparaître cette grande figure de l'Humanitaire
A revoir, la mémorable visite des époux Gaillard, l'année dernière à l'exposition "Humaniser la guerre ?" au Musée Rath à Genève. Cette même exposition s'ouvrira en France, au Mémorial de Caen la semaine prochaine...
Pour approfondir vos connaissances sur le rôle du CICR pendant la guerre d'Algérie lire cette contribution de Françoise Perret, ancienne chargée de recherches historiques au CICR, parue dans le n°856 de la Revue internationale de la Croix-Rouge.