Il s’appelle dinitrophénol (DNP) et ce composé recouvrait la surface de munitions durant la Première Guerre mondiale. Un composé dangereux puisque les soldats exposés perdaient du poids en un temps record et qu’ensuite utilisé sous forme de médicament pour cet usage, il fut rapidement retiré du circuit en raison d’effets indésirables sévères. Cependant, exploité sous une autre forme pharmacocinétique par ces chercheurs de Yale, ce composé fait aujourd’hui preuve de son efficacité, sur la souris, contre le développement du diabète : Il favorise, sans effets indésirables, la combustion des graisses et la tolérance au glucose et réduit la résistance à l’insuline. Résultats dans la revue Science.
Retour sur ce composé « explosif » des années 1910, le DNP (2,4-dinitrophénol). Les travailleurs des usines de munitions se voyaient perdre du poids sans raison. Exploité sous forme de médicament le DNP montre des effets positifs sur la stéatose hépatique non alcoolique, l’obésité et la régulation de la glycémie, mais il accélère si fortement le métabolisme –en augmentant l’activité des mitochondries- qu’il entraîne toute une série d’effets secondaires graves et jusqu’à des décès. Son utilisation à long terme conduit au développement de cataractes, de lésions de la peau, cardiaques et nerveuses. Sur l’animal, le DNP a été documenté comme cancérigène et cause de malformations congénitales.
Cependant, les chercheurs de l’Université de Yale ont regardé s’il était possible d’exploiter les propriétés métaboliques du DNP, en éliminant ses effets toxiques. Les chercheurs ont créé une version à libération lente de DNP, appelée CRMP. Ils montrent ici sur la souris modèle de diabète, que leur version parvient à réduire la graisse du foie et améliore d’autres biomarqueurs de diabète de type 2. Ainsi, CRMP
· empêche le développement du foie gras chez des rats nourris avec un régime riche en graisses pendant deux semaines,
· améliore la régulation de la glycémie et des lipides sanguins lorsqu’il est administré pendant 2 semaines à des rats atteints de diabète.
Et cela, à une dose si faible et avec une libération prolongée, qu’il n’y a pas d’effets toxiques.
Ce qui suggère, qu’au niveau de l’animal, les chercheurs sont parvenus à identifier la dose bénéfique mais sans effets indésirables.
Une modification de la pharmacocinétique de DNP permettant une libération faible mais prolongée pourrait donc rouvrir l’usage thérapeutique de ce composé. Les auteurs envisagent donc d’autres études de sécurité précliniques pour adapter cette approche à la pratique clinique.
N.B. Cette étude a été soutenue par la Fondation du Laboratoire Novo Nordisk.
Source:Science February 26 2015DOI: 10.1126/science.aaa0672 Controlled-release mitochondrial protonophore reverses diabetes and steatohepatitis in rats
Journal of Medical Toxicology 2011 2,4-Dinitrophenol (DNP): A Weight Loss Agent with Significant Acute Toxicity and Risk of Death
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