Que peut-on attendre d'une retraite en silence au Centre Dürckheim ?
Attendre ? Rien ! Mais le plus souvent la personne qui participe à une retraite fait l’expérience de ce qu’elle n’attend pas. Voici le récit que fait une participante au lendemain de son séjour au Centre :
« La méditation de pleine attention, est une rupture avec notre manière d’être et de faire habituelle ». Rupture avec notre quotidien, nos habitudes. C’est, de fait, l’occasion de se regarder être. Et de constater que, le plus souvent, nous n’agissons pas, nous réagissons : réactions mentales, émotionnelles, physiques...
« La méditation de pleine attention est un exercice sur la voie de l’action ».
‘’Action ‘’ : ce mot que je fais habituellement rimer avec précipitation et multiplication d’expériences se résume ici à ce que vit mon corps dans l’immobilité. Cela me paraîtrait fou si je n’étais pas en train de le ressentir à travers ma respiration et mon léger balancement qu’elle provoque naturellement. Mais voilà que les pensées m’assaillent, envie de bouger, des fourmis dans les pieds...
« L’ego n’aime pas cette rupture avec son fonctionnement habituel ». Alors il intervient : les pensées, de nouveau, nous habitent, inutiles. Pour arrêter leur flux, il nous faut retrouver l’attention à la respiration. Et, sans cesse, « tout reprendre à zéro ». L’expression me rassure : elle me rappelle qu’il est toujours possible de revenir au calme. Entre deux séances de vingt-cinq minutes de zazen, cinq minutes de kin-hin : l’expérience est la même, mais se vit debout, en marchant lentement. Très lentement. Dans une lenteur que je ne mesure plus, je tente de me laisser porter par le balancement d’un pied sur l’autre, doucement, je sens que chaque jambe travaille intensément, hanches, fesses... Coureuse de fond, j’apprends à marcher.
« Zazen est terminé, l’exercice continue », invite Jacques Castermane. À l’extérieur du dojo, en préparant le repas, en dressant la table, en balayant la cour, je m’efforce de rester dans cette pleine conscience, attention précise à chaque action – qui, de fait, est lenteur. Étonnamment, cela ne me demande aucun effort : je n’ai pas la sensation de me contraindre à ralentir, mais de suivre un rythme interne qui tombe juste. Mon rythme. Je me sens bien. Après quatre jours au Centre Dürckheim, je ne suis plus moi. Ou, plutôt, j’ai l’impression d’être moi comme jamais. D’avoir été remise à l’endroit, de marcher vraiment, de respirer vraiment. Quelque chose comme un retour à l’essentiel qui rend impensable toute nouvelle fuite en avant.
voir aussi les propos de Anne-Laure Gannac: "Le jour où j'ai décéléré",
Psychologies magazine, juin 2011