Comment l’EI, cet état barbare, né de la transmutation d’Al Qaida en Iraq, se finance-t-il, tel est le sujet de ce rapport, établi par le GAFI, un organisme intergouvernemental qui vise à lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Ce rapport établi une liste assez précises des sources de financement, résumées ci-après.
- Le vol, l’extorsion, et le trafic d’êtres humains. En s’emparant des banques des provinces du nord de l’Iraq, l’Ei a mis la main sur un demi milliard de dollars en cash, principalement en dinar difficile à utiliser en dehors du marché intérieur.
- L’exploitation illicite des champs de pétrole et de gaz. Là aussi, l’économie reprend le dessus: l’EI ne peut s’adresser qu’à une demande interne, d’intermédiaires qui vont ensuite revendre ces produits illégalement acquis auprès d’autres régimes, et notamment la Syrie. L’EI ne peut compter que sur un prix approximatif entre 20$ et 35$ le baril, là où les intermédiaires le vendront au double.
- L’extorsion agricole. Aussi surprenant que cela paraisse, c’est la troisième source de financement de l’EI, qui, par le biais d’un impôt, se sert aussi bien sur les machines qui servent aux exploitants, que sur les récoltes. L’EI contrôlerait près de 40% des terres exploitables.
- Extraction d’autres ressources. L’EI aurait pris le contrôle d’exploitations minières, notamment de phosphates. Comme pour le pétrole, le prix de revente de ces produits par l’EI est inférieur à celui du marché, mais pourrait représenter plusieurs dizaines de millions de dollars par an.
- Le vol de produits culturels. On a vu de nombreuses vidéos de soldats de l’EI qui détruisent à coups de burin des constructions antiques. Mais l’EI n’est pas peuplé que d’imbéciles, et la revente de pièces rares volées sur les sites ou les musées contribue également au pactole de guerre que se constitue ce régime immoral.
- Impots et taxes. Il va de soi que l’EI dispose de son propre système de taxe, pour toutes les denrées qui transiteraient par les routes contrôlées par cette organisation terroriste. l’impôt prélevé sur les convois varie de 200 à 800$ par véhicule.
- Les salaires des fonctionnaires Iraqiens. Pour éviter de virer des fonds vers des banques détenues par l’EI, les fonctionnaires Iraqiens qui résident dans le territoire contrôlé par l’EI sont payés en cash. Ces fonctionnaires doivent se rendre en Iraq pour percevoir leur salaire, et se voient ponctionnés de 50% lorsqu’ils rentrent chez eux.
- Kidnapping et paiement de rançons. C’est un peu la marque de fabrique d’Al Qaida, partout où l’organisation passe. Mais au niveau de l’EI, on atteint un fonctionnement quasi industriel, avec des rapts réguliers de civils Iraqiens, Syriens, et appartenant à d’autres minorités. Difficile cependant d’estimer le montant exact des revenus issus de telles pratiques.
- La collecte de fonds. Pour se prémunir de tout effondrement de son économie intérieure, l’EI sait collecter des fonds depuis l’étranger, notamment au travers d’organisations soeurs, ou via les opérations menées par des organisations à but non lucratif. Le transfert de ces fonds vers l’EI est l’une des préoccupations essentielles du GAFI.
- Les fonds apportés par les volontaires au Djihad. Près de 19000 volontaires étrangers sont venus gonfler les effectifs de l’EI, apportant chacun une contribution non seulement humaine, mais financière. Les volontaires pour rejoindre l’EI viennent de tous les continents, comme le montre le graphique ci-dessous.
- Les techniques modernes de collecte de fonds. C’est la partie la moins claire du rapport, qui parle aussi bien de crowdfunding, que de campagnes sur les médias sociaux. Pour moi, il s’agit plus d’outils de médiatisation pour des collectes de fonds plus traditionnelles, et j’aimerais bien voir de quels projets de crowdfunding il s’agit, ou si des projets apparemment réels, sont en fait mis en place par l’EI.
On le voit, l’EI a mis en coupe réglée toute une région du monde, où le droit et la justice sont quotidiennement bafoués non seulement sur le plan humain et politique, mais aussi sur le plan économique. Fruit d’une politique étrangère américaine hasardeuse, profitant d’une relative torpeur internationale, l’EI se développe tranquillement sous nos yeux. Jusqu’à quand?
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