Philippe Claudel, La petite fille de monsieur Linh, 2005. Pas évident de trouver les mots pour décrire cette histoire. Par opposition à d'autres, peut-être. Aucun mot superflu, pas de dialogues bavards, pas de fourmillement de personnages secondaires, pas de descriptions inutiles. On se contente du cadeau qui nous est offert, celui d'accompagner le vieux monsieur Linh dans sa traversée des mers, dans son arrivée de réfugié en terre étrangère. Comme c'est reposant de lire un récit aussi chargé de passé et d'histoire sans que l'on nous dise quoi penser, sans qu'on nous inflige des leçons de tolérance, un traité sur la non violence et que la guerre, c'est mal. Rien n'est dit, tout est suggéré. Lecteur, débrouille-toi avec ça, on ne te dira rien de plus. Tu te sens perdu ? Laisse-toi aller, accepte de suivre le fil ténu qui te relie au récit, suis les pas de monsieur Lihn dans sa nouvelle vie qui commence. Plus loin, sur un banc, il y a monsieur Bark. Il fume et parle beaucoup. Les deux hommes ne se comprennent absolument pas, du moins en paroles. Mais il y a des situations où les paroles sont superflues. A quoi cela aurait rimé, que l'un apprenne la langue de l'autre et vice versa ? Tout se serait écroulé. On n'aurait pas assisté au dialogue des yeux, des gestes, à la poésie des intonations et des sensations. On n'aurait pas été mis en présence de ce qui ressemble à deux êtres blessés qui s'apprivoisent. On n'aurait absolument pas pu observer les regards qui entourent la petite Sang Diu, la petite fille de monsieur Lihn, le trésor qu'il tient serré dans l'écrin de ses bras, comme la chose la plus précieuse au monde. C'est pour elle qu'il a traversé l'océan, payé les passeurs, fui son village ravagé par la guerre. Pour elle qu'il affronte l'inconnu. Pour elle qu'il se nourrit, qu'il se lève, qu'il marche. Il faut lire le roman jusqu'au bout pour comprendre que c'est une fable, une magnifique fable qui en dit beaucoup plus que ce qu'on pensait qu'elle nous disait. Sur l'autre. Sur nous. Peu de mots, l'essentiel. Tais-toi et apprends.
Philippe Claudel, La petite fille de monsieur Linh, 2005. Pas évident de trouver les mots pour décrire cette histoire. Par opposition à d'autres, peut-être. Aucun mot superflu, pas de dialogues bavards, pas de fourmillement de personnages secondaires, pas de descriptions inutiles. On se contente du cadeau qui nous est offert, celui d'accompagner le vieux monsieur Linh dans sa traversée des mers, dans son arrivée de réfugié en terre étrangère. Comme c'est reposant de lire un récit aussi chargé de passé et d'histoire sans que l'on nous dise quoi penser, sans qu'on nous inflige des leçons de tolérance, un traité sur la non violence et que la guerre, c'est mal. Rien n'est dit, tout est suggéré. Lecteur, débrouille-toi avec ça, on ne te dira rien de plus. Tu te sens perdu ? Laisse-toi aller, accepte de suivre le fil ténu qui te relie au récit, suis les pas de monsieur Lihn dans sa nouvelle vie qui commence. Plus loin, sur un banc, il y a monsieur Bark. Il fume et parle beaucoup. Les deux hommes ne se comprennent absolument pas, du moins en paroles. Mais il y a des situations où les paroles sont superflues. A quoi cela aurait rimé, que l'un apprenne la langue de l'autre et vice versa ? Tout se serait écroulé. On n'aurait pas assisté au dialogue des yeux, des gestes, à la poésie des intonations et des sensations. On n'aurait pas été mis en présence de ce qui ressemble à deux êtres blessés qui s'apprivoisent. On n'aurait absolument pas pu observer les regards qui entourent la petite Sang Diu, la petite fille de monsieur Lihn, le trésor qu'il tient serré dans l'écrin de ses bras, comme la chose la plus précieuse au monde. C'est pour elle qu'il a traversé l'océan, payé les passeurs, fui son village ravagé par la guerre. Pour elle qu'il affronte l'inconnu. Pour elle qu'il se nourrit, qu'il se lève, qu'il marche. Il faut lire le roman jusqu'au bout pour comprendre que c'est une fable, une magnifique fable qui en dit beaucoup plus que ce qu'on pensait qu'elle nous disait. Sur l'autre. Sur nous. Peu de mots, l'essentiel. Tais-toi et apprends.