Contrairement aux cinq précédentes, l'extinction en cours n'est pas due à des transformations naturelles ni à des chutes de météorites, mais à l'expansion sans bornes de l'activité humaine : chasse, pêche, déboisement, destruction d'habitats naturels, pollution et réchauffement climatique.
Le déclin alarmant de la biodiversité
La biodiversité, la variété de la vie sur terre, disparaît à un rythme sans précédent et à une cadence toujours croissante.
D'après l'Union mondiale pour la nature (IUCN), qui établit chaque année une liste rouge, 16 306 espèces sont aujourd'hui menacées (sur 41 415 espèces suivies). Un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers de tous les amphibiens et 70 % de toutes les plantes évaluées sont en péril, estime l'UICN.
Selon le Rapport Planète Vivante 2014 du WWF, les populations de poissons, d'oiseaux, de mammifères, d'amphibiens et de reptiles ont régressé en moyenne de 52 % depuis 1970. Les espèces d'eau douce sont les plus touchées, puisqu'avec une baisse de 76 %, elles subissent un déclin près de deux fois supérieur à celui des espèces terrestres et marines.
Les activités humaines détruisent les écosystèmes
Selon le rapport de WWF, les principales menaces pesant sur les espèces sauvages sont la disparition et de la dégradation de leurs habitats (du fait de la déforestation, de l'urbanisation ou encore de l'agriculture), la chasse et la pêche (intentionnelle, à des fins alimentaires ou sportives, ou accidentelle comme les prises accessoires), la pollution et le changement climatique, dont les effets sont de plus en plus forts.
Le réchauffement climatique accélère en effet l'extinction des espèces qui doivent s'adapter pour survivre. Par exemple, la fonte de la banquise de l'Arctique menace la survie de l'ours blanc. Partout dans le monde, plantes et animaux ont commencé à migrer pour retrouver des zones plus froides. En Europe, depuis les années 1970, 2000 espèces se sont déplacées vers le nord, à la vitesse moyenne de 16,9 km par décennie. De même, les insectes nuisibles se rapprochent des pôles au rythme de 26,6 kilomètres par décennie, menaçant la production agricole. Le réchauffement climatique et la réduction de la biodiversité sont des facteurs de propagation des ravageurs, espèces envahissantes et des virus.
Quel sera l'impact de cette chute de la biodiversité sur la planète et sur les sociétés humaines ?
"Cette extinction massive, la sixième dans l'histoire de la terre, l'humanité en est la cause. Elle pourrait bientôt en être la victime" explique l'astrophysicien Hubert Reeves.
Marco Lambertini, Directeur général de WWF International, précise : "Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est dilapider les dons offerts par la nature comme si nous avions plus d'une Terre à notre disposition. En prélevant dans nos écosystèmes et nos processus naturels davantage que ce qu'ils peuvent régénérer eux-mêmes, c'est notre avenir que nous hypothéquons. Conservation de la nature et développement durable sont pourtant indissociables : à travers eux, il ne s'agit pas uniquement de préserver la biodiversité et les milieux, mais rien de moins que préserver l'avenir de l'humanité, c'est-à-dire notre bien-être, notre économie, notre sécurité alimentaire, notre stabilité sociale, en un mot, notre survie."
En effet, la viabilité sociale et économique n'est possible que si la planète est en bonne santé. Les écosystèmes sous-tendent les sociétés, qui elles-mêmes créent les économies : c'est dans ce sens que fonctionne la planète. Issus du monde naturel, les êtres humains sont devenus la force dominante façonnant les systèmes écologiques et biophysiques. Ce faisant, nous ne menaçons pas seulement notre santé, notre prospérité et notre bien-être, mais aussi et surtout notre avenir.
Comment agir ?
"La situation est si préoccupante qu'il semble difficile d'envisager l'avenir avec optimisme. Difficile, certes, mais pas impossible, parce que c'est en nous-mêmes, qui sommes à l'origine du problème, que nous pouvons trouver la solution. À présent, notre obligation est de faire en sorte que la génération à venir saisisse l'occasion que nous avons laissé passer jusqu'ici et referme ce chapitre destructeur de notre histoire, pour bâtir des lendemains où les êtres humains vivent et prospèrent en harmonie avec la nature" commente Marco Lambertini.
Tous les dégâts que nous causons sont une conséquence du mode de vie que nous choisissons. Ainsi, en changeant nos modes de vie, nous pouvons inverser la tendance.
Pour cela, nous devons faire en sorte que nos actes n'alimentent plus les causes des problèmes environnementaux mais y apportent des solutions : faire des choix justes, clairvoyants, et écologiquement éclairés quant aux modalités de partage des ressources ; préserver le capital naturel qu'il nous reste, protéger et restaurer les écosystèmes et les habitats importants ; produire mieux et consommer plus raisonnablement; réorienter les flux financiers pour une meilleure valorisation de la nature.
La préservation de la nature et de la biodiversité concerne toute l'humanité. Elle est la cause majeure qui doit réunir tous les peuples et tous les gouvernements aujourd'hui, car si la sixième extinction des espèces continue et a effectivemment lieu, il semble inévitable que la prochaine soit l'espèce humaine.
Stella Giani