{Nicolas}
Coucou les hardglossies. Comme vous avez pu le constater dans quelques-uns de mes articles, je suis fan de musique. Et comme vous avez pu remarquer, parmi tous les genres de musique, il y en a un que j’aime encore plus : le metal. Sans être un geek de metal, c’est une musique que j’aime, défends, et dont je parle pas mal. Et aujourd’hui, je vais parler à tout le monde, en particulier aux non-initiés.
Musique méprisée, dénigrée par les medias mainstreams, elle est aussi victime de désinformation complète. Il suffit de voir la vision du Hellfest par les prétendus journalistes d’émissions comme Zone Interdite sur M6 pour voir l’étendue des dégâts. Pour ceux qui ne connaissent pas cette musique, et pour les émissions racoleuses, le metal n’est rien que du bruit apprécié par des hordes de tarés alcooliques, dépressifs, tout de noir vêtus. Et toujours selon ces mêmes medias, le metal ne semble se résumer qu’à une musique extrême et sataniste ne parlant que de la mort. Ben voyons…
Non, c’est beaucoup plus complexe que ça. Il existe un certain nombre de catégories, que je vais vous expliquer, sans entrer dans le détail des nouvelles catégories ridicules et ne concernant qu’un groupe ou qu’un album. Prenez vos cahiers et vos stylos, et bienvenue dans notre cours d’aujourd’hui. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à lever le doigts (enfin, l’index et l’auriculaire en même temps ;) ).
1970, Angleterre, le metal est parti d’un délire entre les musiciens Tony Iommi, Geezer Butler, Bill Ward et le chanteur Ozzy Osbourne, membres du groupe Earth, rebaptisé Black Sabbath. L’idée est d’articuler une partie des compositions autour du triton soit un intervalle de 3 tons, interdit au Moyen-Âge car associé aux sciences occultes. Le tout sur des textes inspirés de la littérature fantastique et sur une musique proche du hard rock (avec cet écart de notes particulier en plus). Sans le savoir, les quatre compères allait devenir papas d’un bébé qui va faire grand bruit : le heavy metal (nom donné par les journalistes, inspirés par des paroles du tube « Born to be wild » de Steppenwolf, extrait de la BO d’Easy Rider). L’album s’appelle « Black Sabbath » et même s’il est dans un premier temps dénigré par les critiques rock, il deviendra culte pour tous les fans de cette musique, car il a posé les bases de tout.
Quelques années plus tard, quelques groupes fans de hard rock et amateurs de l’œuvre des Black Sabbath, décident de supprimer le psychédélisme au profit d’influences punk, blues et rock n’roll et sur un tempo plus rapide, ce sera la New Wave Of British Heavy Metal (que les fans nomment par les initiales ou simplement « heavy »). Les groupes les plus connus sont Iron Maiden, Judas Priest, Saxon, Motörhead (bien qu’ils s’en défendent et disent jouer du rock n roll) et le plus extrême à l’époque, Venom.
Les paroles parlent de tout, de l’occultisme à l’histoire et l’ambiance est très appréciée des motards. C’est avec ce genre que le metal a explosé aux Etats-Unis pour y devenir l’une des musiques les plus populaires auprès des jeunes. Certains groupes ont accéléré le tempo, ça a donné le speed metal. Parmi les plus illustres représentants, le groupe Metallica sur son premier album.
Certains aux Etats-Unis ont trouvé que c’était super mais qu’il fallait que ça joue plus fort, ils ont créé le thrash metal. Le chant est inspiré du punk, le batteur tabasse les fûts (d’où le nom de thrash), les guitaristes montrent leur virtuosité. Les plus connus font partie du Big 4 : les californiens de Metallica, Slayer, Megadeth et les new-yorkais d’Anthrax.
À leur côté, on peut aussi ajouter d’excellents groupes comme Testament, et plus tard les légendaires Pantera (depuis l’arrivée de Phil Anselmo, le son est parfois plus groovy) ou Sepultura (ces derniers reconnus pour l’usage d’instruments traditionnels brésiliens) et Machine Head (aux paroles souvent engagées) et, plus récemment, Lamb of God.
Certains fans de thrash ont décidé d’aller plus plus fort, avec un esthétique sorti de films d’horreur qu’ils affectionnent, une voix calquée sur celle du chanteur de Venom, Cronos, mais en plus guttural et une batterie calquée sur celle de Slayer mais encore plus rapide afin de créer un «mur du son», ça donne le death metal. Les groupes Death (qui donne son nom au genre) et Possessed (pour la technique de voix, ce qui lui vaudra au début une totale incompréhension des fans de thrash de l’époque, qui huaient les premières prestations du groupe) sont les papas de ce turbulent bébé. Les premiers groupes notables se nomment Obituary, Morbid Angel et Deicide, puis les suédois Entombed, Opeth (plus mélodique et technique), les français de Loudblast… Le death va se diversifier avec le très bourrin brutal death. Un tempo avoisinant les 180 bpm, des batteurs gaulés comme des piliers de rugby, une voix hyper gutturale et des paroles autour du gore. Le plus célèbre représentant se nomme Cannibal Corpse. Le death technique moins bourrin, plus axé sur la virtuosité des artistes, le death mélodique avec des voix moins gutturales et plus de mélodies (comme les suédois d’Arch Enemy emmenés par la belle Angela Gossow) et le death progressif qui se triture pas mal la tête. Les thèmes, du coup, sont très vastes, allant du film d’horreur à la mythologie égyptienne (Nile et son son avec des touches orientales).
L’autre genre qui a mauvaise presse, c’est le black metal. Comme son nom l’indique, c’est le plus obscur, le plus méchant. Le nom vient d’un album de Venom et l’esthétique a été influencée par le groupe de hard rock Alice Cooper et le groupe de heavy Mercyful Fate. Le genre est caractérisé par les paroles tournant autour de l’occulte, des voix éraillés, un tempo rapides, des guitares hyper saturées et un son semblant (enfin pas toujours) être produit à l’arrache. Le genre est populaire surtout en Europe du Nord (moins en Suède, plus axé death metal), notamment en Norvège où il se radicalise au niveau de la scénographie et en Europe de l’Est (où il est mélangé au death). Si beaucoup se rendent compte que le prétendu satanisme, c’est surtout de la comédie, du fun, d’autres se prennent carrément au sérieux et donneront une mauvaise image à la musique metal. Dans les plus notables, on peut citer Mayhem, Emperor et Burzum ou les moins sérieux Immortal. Plus récemment, on peut aussi citer les anglais Cradle of Filth.
Revenons vers des trucs plus joyeux. Aux Etats-Unis, certains trouveront, au contraire, le thrash trop extrême et vont plutôt favoriser le côté fun du heavy. Ils se maquillent comme des voitures volées, hommes comme femmes, utilisent une tonne et demi de gel à cheveux, s’inspirent de l’univers de Kiss et parlent pas mal de sexe et de rock, c’est le glam metal, longtemps le genre le plus apprécié du public féminin.
Les groupes les plus notables sont Mötley Crüe, Poison, et Twisted Sister.
Le genre va sombrer dans les années 90 et renaître plus tard sous l’impulsion de groupes comme Steel Panther. C’est en général très fun et très drôle.
Toujours dans des thèmes joyeux, un genre prenant les codes du heavy, sa rapidité, ses vocaux haut perchés en y ajoutant un côté épique et un champ lexical autour des mythes, des légendes, des chevaliers, des princesses, des dragons, etc… ça s’appelle le power metal. Aux Etats-Unis, le genre a été lancé par Dio (le chanteur à qui on doit le «signe des cornes»). Les groupes les plus populaires, outres Dio, sont Helloween, Dragonforce, Manowar, Iced Earth ou Edguy.
Une version plus symphonique a donné le metal symphonique, genre le plus populaire. Le genre utilise souvent des mélanges vocaux féminins et masculins ou uniquement féminins. Le genre est très populaire en Europe du Nord et de l’Est, prolifique en termes de groupes. Les plus connus sont Nightwish, Within Temptation, Epica, Rhapsody of Fire.
Un genre assez proche moins symphonique et plus axé sur la virtuosité des artistes, reprenant par moments des pièces de musique classique à la sauce metal, c’est le néoclassique.
Un autre genre utilisant les thématiques médiévales (du moins en Europe) et dont la particularité est l’utilisation d’instruments de musique folklorique en plus de la base metal mais aussi des voix black ou death, c’est le folk metal. Les plus notables représentants se nomment Eluveitie, In Extremo ou Skyclad. Le genre s’est développé au Moyen et Proche Orient où il est appelé également oriental metal avec des groupes comme Myrath ou les israéliens d’Orphaned Land.
Puisqu’on est dans le mélange, parlons d’un genre venu du rock indus de la fin des années 90 et mêlant metal et instruments de musique électronique (sampler, boite à rythme…), le metal indus. Le genre se caractérise par un son électronique plus froid, un certain goût pour la provoc’ et des looks parfois barrés. Parmi les plus notables, on peut citer les créateurs du genre : Ministry ainsi que Nine Inch Nails, Fear Factory, le cinéaste Rob Zombie, Marilyn Manson à ses débuts, les allemands de Rammstein.
Quand on mélange le metal à du rap, du reggae et en jouant avec des basses funky, ça s’appelle fusion (ou crossover metal). Les groupes les plus connus sont Rage Against The Machine, Infectious Grooves, Dub War, Skindred et toute une flopée de groupes français dont nous parlerons plus en détails dans un dossier dédié à la scène française.
Quand on mélange du metal à n’importe quoi, et qu’on produit un bordel immense à prétention artistique, ça s’appelle l’avantgarde metal. Ne vous inquiétez pas, j’épargnerai vos oreilles. Quand on fait du metal et qu’on rentre dans aucune case, souvent ça s’appelle du metal alternatif, un genre assez fourre-tout où se mêlent groupe metal inventifs et talentueux comme Deftones, System of a Down, Primus ou Stone Sour et groupes jouant à la fois du metal et du rock alternatif.
Autre genre fourre-tout où on a casé pas mal de groupes dans les années 90, le nu-metal, né après la disparition de Kurt Cobain qui a entraîné le déclin, un temps, du grunge. Mais le nu-metal a ses codes, comme l’utilisation d’une guitare à sept cordes, des rythmes syncopés, des chansons introspectives. Les groupes les plus notables sont les fondateurs Korn et Deftones, ainsi que des groupes comme Slipknot (non, je ne parlerai pas de Linkin Park…mince trop tard). La plupart des groupes (Deftones, Papa Roach, Slipknot) ont changé de registre, seuls quelques irréductibles comme Korn ou Ill Niño ont gardé le cap mais au prix d’albums pas terribles.
Revenons à un metal plus classique. On a souvent dit que le metal était une musique de dépressifs. C’est en général faux, sauf pour un genre appelé doom metal. Le doom metal est ce genre si frais et bucolique caractérisé par un retour aux sources vers Black Sabbath, avec des guitares lourdes et une rythmique hyper lente (des fois, le batteur a bu trop de café et là ça s’appelle le doom death). Les plus connus se nomment Type O Negative, Candlemass, Paradise Lost (à leur débuts), Anathema (à leur débuts), My Dying Bride, ou encore Ava Inferi.
Autre genre peu joyeux, mêlant metal et musique gothique, le gothic metal. Genre assez populaire, il a une sous-catégorie à chant féminin, moins dark, appelé gothic à chanteuse. Les plus connus sont Moonspell, Paradise Lost, Lacuna Coil, Ava Inferi, Theatre of Tragedy, Tristania…
Le gothic et le doom ont donné naissance au Dark Metal, qui dégage plus de puissance et utilise des composantes du black et du death. Dans les représentants notables, on peut noter Moonspell. Un autre dérivé du doom, le metal atmosphérique, tendant lui vers plus de calme et de douceur. Le genre garde la tristesse du doom mais avec des mélodies plus accessibles et planantes. C’est vers ce genre de metal que s’est tourné le groupe Anathema par la suite.
Mais le metal, ce n’est pas que la déprime et parfois c’est carrément même l’inverse. Une catégorie se caractérise par des rythmes tellement hypnotiques, et des chansons créatives qu’on peut penser que les groupes qui en font partie écrivent sous l’emprise de toute une batterie de produits illicites, ça s’appelle le stoner. Un genre également caractérisé par une guitare bourdonnante (les précurseurs du genre sont encore une fois Black Sabbath) et un côté psychédélique. Les groupes les plus connus sont Kyuss, Queens of the Stone Age, Monster Magnet, Fu Manchu, Clutch…
Certains groupes avaient la même gueule de bûcherons que des groupes de stoner sans le côté joyeux, et grandement influencé par le punk et le metal extrême. Un genre qui doit son nom (« boue») à un son crade dû aux grosses distorsions. Ce genre est plutôt installé au sud des Etats-Unis (où les gueules de bûcherons passent plus incognito). Les groupes les plus connus sont Crowbar, Eyehategod, Mastodon, le supergroupe Down, Saint Vitus, Corrosion of Conformity, Black Label Society
Autre genre tellement influencé par le punk que parfois on ne sait pas si c’est du punk hardcore ou si c’est du metal, le hardcore. Le genre se caractérise par des rythmes punk, un chant hurlé, et un grain sonore proche du heavy. Les plus connus s’appellent Madball, Hatebreed, Biohazard ou Converge.
Le metalcore possède la même grosse influence du punk hardcore, avec des touches death mélodique, une rythmique rapide, un chant alternant clair et hurlé et une brutalité plus metal. Parmi les groupes, on peut citer Killswitch Engage, Trivium, Wall of Jericho, Alexisonfire, Asking Alexandria…
Le genre est souvent décrié par certains puristes notamment à cause du succès auprès des plus jeunes (tout comme le nu-metal était raillé dans les années 90) et le côté commercial des groupes comme Bullet for my Valentine.
Autre scène venant du punk, mais en extrême, le grindcore. Ce genre se caractérise par des vocaux inaudibles (si quelqu’un arrive à entendre les paroles, qu’il me fasse signe). Il tient du punk sa prédilection pour les morceaux courts, voire ultra-courts (souvent des morceaux entre 1 minute et 1 minute 30), ses paroles engagées (pour peu qu’on les entende) et son goût pour les noms de groupes souvent très drôles. On compte pléthore de groupes, dont Dying Fetus (bon, celui-là est trash, mais c’est du deathgrind, d’où le côté gore du nom du groupe), Vaginal Chicken, Anal Cunt, Carcass, les français Ultra Vomit (à leurs débuts) et les britanniques Napalm Death, pionniers du genre.
Enfin, si le grindcore se démarque par ses chansons courtes, un autre genre est connu pour ses chansons fleuves, le metal progressif. Le metal prog, c’est un peu le plus intello du metal, le fort en math. Il se caractérise par une extrême virtuosité des musiciens, un goût pour les concept-albums, des morceaux qui se divisent en plusieurs parties, comme les pièces d’opéra. Il tient ses racines du rock progressif, dont les membres éminents se nomment Led Zeppelin, Deep Purple, Cream ou encore Pink Floyd. Les groupes les plus reconnus se nomment Dream Theater, Tool, Queensrÿche, Porcupine Tree, Transatlantic ou encore Pain of Salvation.
Voilà, on a fait le tour des différentes catégories de metal, du moins les grandes catégories. Il y avait beaucoup à dire mais ça montre qu’il n’y a pas qu’un genre de metal, et qu’on n’est pas tous des sacrificateurs de chèvres au clair de Lune. Bonne écoute et préparez vos bagages car la prochaine fois, je vous embarque pour un Tour de France.
@Nicolas