« Quand mon père est mort, je n’étais pas là. Cette vie-là s’est arrêtée loin de moi, et ma mémoire a été engloutie. Le temps m’a manqué, le temps me manque toujours, je n’ai pas pu poser toutes les questions. Qui était-il, cet homme qui fut si absent, si présent dans ma vie ? Qui est-il, cet étranger si proche qui m’accompagne, nuit après nuit, jour après jour, dans mon voyage intime ? »
Parmi les chroniques littéraires que j'ai écrites ces dernières années et qui ont le mieux marché en terme de nombre de pages vues, figure inconstablement, sans que je ne puisse expliquer pourquoi, celle consacrée au beau livre de Charles Berling sur sa mère
Du coup, évidemment, cela m'a donné envie de recommencer en vous parlant d'un autre comédien français bien installé, qui nous parle ici plutot de son père, j'ai nommé Gérard Darmon!!
D'ailleurs, dans la foulée de ce bouquin de Gérard Darmon, on note une forte tendance, pour ne pas parler de mode, pour des livres de personnalités entièrement consacrés à leur enfance et leurs parents. L'exemple le plus frappant est certainement "lhomme qui ment", le livre de Marc Lavoine sur son père coureur de jupons, livre qui connait un étonnant et impressionnant succès actuellement en librarie en ne quittant pas le top des ventes.
Le livre de son ex comparse de la saga déclinante "le coeur des hommes", Gérard Darmon, sur la vie de mon père, connait un succès moindre, peut-être parce que le père en question était moins spectaculaire, autrement dit qu'il n'était pas infidèle ou s'il l'était ( Darmon le sous entend à une ou deux reprises mais sans jamais s'attarder dessus), c'était loin d'être sa particularité première.
A travers ce livre, Gérard Darmon remonte le fil de l'existence de Henri Messaoud Darmon, paternel qu'il a longtemps côtoyé sans connaître vraiment, à qui il en voulait pas mal de ne pas avoir rendu sa mère plus heureuse, mais dont le décès, survenu en 1996 à l'âge de 86 ans, a provoqué chez son fils une sorte d'électrochoc qui lui a fait écrire ce livre, qu'il considère un peu comme la thérapie qu'il n'a jamais voulu faire .
Personnellement, même si il n'a sans doute pas obtenu la carrière cinématographique qu'il méritait aavec seulement deux trois grands rôles ( dont le génial commissaire Bialès dans la cité de la peur et la mythique danse du Carioca), j'ai toujours une affection particulière pour l'hommme Darmon.A la fois drole, un peu détaché et terriblement charismatique ( notamment grâce à cette voix si singulière qui ferait tomber toutes les femmes, et peut-être même des hommes aussi, Gérard Darmon a toujours présenté une image de type bien que ce livre, écrit avec pudeur et sensibilité, ne fera que conforter.
Par petites pièces d'un puzzle qu'il reconstitue avec nous, Gérard Darmon nous livre quelques petites clés sur ce père représentant en vin et voyou à ses heures perdues, plus connu sous le pseudonyme de "Trompe-la-mort" dans la capitale française, même si ce dernier n'était jamais très dissert avec son fils, et notamment sur cette période voyou.
On perçoit bien, au travers de ce récit sensible et pudique, l'admiration que Darmon portait à son père, sorte de Zorro des temps modernes, prêt à faire usage de ses bras pour combattre ce qu'il estimait être comme des injustices (certains chauffards ont pu ainsi jauger à plusieurs reprises de la vigueur de ses points).
Autrement dit, " sur la vie de mon père " s'avère être une très belle déclaration d'amour filiale, à conseiller à tous ceux qui ont envie de découvrir la part plus intime de cet acteur à la fois grande gueule (le côté pied noir, je connais ca aussi pas mal) et tout autant pudique et touchant.
Dans les rues de ma jeunesse - Gérard Darmon