Le Jury du Prix Union Latine de Littératures Romanes , composé de Vincenzo Consolo, Président (Italie), Gabriela Adamesteanu (Roumanie), José Eduardo Agualusa (Angola), Santiago Gamboa (Colombie), Lídia Jorge (Portugal), Joan Francesc Mira (Espagne, langue catalane), Tierno Monénembo (Guinée), Jean-Noël Pancrazi (France) et Fanny Rubio (Espagne), réuni à l'Académie Royale d'Espagne à Rome le 19 mai 2008, a attribué le Prix, au quatrième tour de scrutin, à l'écrivain roumain Dumitru Tsepeneag.
Le jury tient à signaler que l'écrivaine espagnole Ana María Matute a été l'autre finaliste de la délibération.
Le Prix est doté d'une somme de 12 000 euros, répartis de la façon suivante : la moitié de la somme sera versée au lauréat ; l'autre moitié servira en priorité à contribuer aux frais de traduction et de publication d'un ouvrage de fiction du lauréat dans une langue latine autre que la langue d'origine de l'œuvre primée.
Motivation du jury
Cette année, le Prix Union Latine de Littératures Romanes a été attribué à Dumitru Tsepeneag pour l'excellente qualité artistique de ses romans, essais et mémoires, mais aussi pour son engagement dans la défense des formes littéraires et de la liberté d'expression de l'écrivain. Chef de file d'un courant littéraire opposé à la doctrine officielle, dissident du régime Ceaucescu (qui lui a retiré la citoyenneté roumaine), esprit indépendant et provocateur ayant, pendant son exil en France, contribué à faire connaître la littérature de l'Europe de l'est, il associe dans son œuvre l'expérimentation littéraire à la préoccupation sociale et historique. De l'ensemble riche et varié de sa production romanesque se détache sa trilogie, composée de Hotel Europa, Pont des Arts et Au pays des Maramures (1996-2001), une vaste fresque tumultueuse de la migration des Roumains vers l'ouest, après la chute du régime de Ceaucescu. Le point de vue toujours subtil et ironique de Dumitru Tsepeneag nous montre, à travers les destins de ses personnages, comment une nouvelle Europe se construit sous nos yeux.
Biographie de Dumitru Tsepeneag
Né le 14 février 1937 à Bucarest, il est dans les années 60 et 70, avec le poète Leonid Dimov, le chef de file de l'onirisme, le seul courant littéraire à s'opposer au « réalisme socialiste » officiel. En 1975, pendant un séjour à Paris, il est déchu de sa nationalité par Ceausescu et contraint à l'exil.
Il est naturalisé français en 1984. Il est traduit par Flammarion : Exercices d'attente (1972), Arpièges (1973), Les Noces nécessaires (1977). Pendant les années 80, il se met à écrire directement en français : Le Mot sablier (1984), Roman de gare (1985) et Pigeon vole (sous le pseudonyme Ed Pastenague -1989), tous chez P.O.L. Après la chute du mur, il revient à la langue roumaine pour les romans Hôtel Europa (1996), Pont des Arts (1998), Au pays des Maramures (2001) qu'il publie d'abord en traduction française chez P.O.L. et ensuite en Roumanie : Hôtel Europa (Albatros, 1996), Pont des Arts (Albatros, 1999), Maramures (Dacia, 2001). Ses derniers romans sont Attente (P.O.L., 2003) et La belle roumaine (P.O.L. et Art, 2007).
Dès les années 60, il traduit en roumain Albert Béguin, Michel Deguy, André Malraux, Gérard de Nerval, Robert Pinget, Alain Robbe-Grillet et plus récemment, Maurice Blanchot, Alexandre Kojève et Jacques Derrida.
Dumitru Tsepeneag fonde et dirige à Paris les Cahiers de l'Est (trimestriel littéraire) de 1975 à 1980, puis les Nouveaux Cahiers de l'Est, de 1991 à 1992. Plus récemment, en 2003, il lance une nouvelle revue « Seine et Danube ». Il fait aussi partie du comité de rédaction de la revue PO&SIE, dirigée par Michel Deguy).
Le Prix
Le Prix Union Latine de Littératures Romanes, créé en 1990, rend hommage à la diversité du patrimoine littéraire latin en consacrant, chaque année, un romancier de langue latine, dont l'œuvre mérite d'être largement diffusée et traduite dans les autres langues latines. Le jury, entièrement indépendant, est composé d'écrivains prestigieux et représente six langues latines (catalan, espagnol, français, italien, portugais, roumain) dans leur grande diversité culturelle et géographique.
Candidats
Alberto Arbasino (Italie), Jaume Cabré (Espagne, langue catalane), Mário de Carvalho (Portugal), Rubem Fonseca (Brésil), Ana María Matute (Espagne), Patrick Modiano (France), Aminata Sow Fall (Sénégal), Paco Ignacio Taibo II (Mexique), Dumitru Tsepeneag (Roumanie).