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Money Market

Publié le 02 mars 2015 par Pomdepin @pom2pin

la semaine dernière, c’était money week à l’école primaire. Tous les ans, pendant une semaine, on parle d’argent, selon l’âge des enfants bien sûr. Ils apprennent ce qu’est une banque, un prêt, parlent des impots, des coûts de production, des salaires, des frais fixes et des bénéfices. Bon, à 4 ans chez les petits, ça consiste surtout à reconnaître les pièces et à ne pas se les coller dans les oreilles. Mais chez les grands (11 ans), c’est une vraie initiation aux sciences économiques. D’habitude, les enfants ont aussi un tableau de tâches à faire à la maison qui doivent être rémunérées par les parents. J’ai fait partie de ceux qui ont trouvé ça scandaleux, non pas par radinerie ( je ne rechigne pas à payer L’Ado £5 pour aller chercher ses sœurs à l’école), mais parce que ranger sa chambre ou vider le lave-vaisselle, c’est juste normal. Après money week, les gamins ne voulaient plus rien faire dans la maison sans un salaire! La directrice a donc supprimé le tableau, mais elle a gardé le clou de la money week, le money market!



Money Market


Chaque classe a une mise de départ identique. Avec ça, ils font des courses et achètent les matières premières qui leur servent à fabriquer quelque chose à vendre le vendredi après midi, lors de leur money market. Non seulement ils doivent rembourser l’investissement initial, mais aussi faire un profit. La classe qui recolte le plus gagne. La compétition est féroce, autant du côté des élèves que des instits. Comme je suis multi-classe, je ne m’implique pas. J’ai juste amené ma collection de pièces d’euros d’un peu partout, pour la plus grande édification de mes élèves. Nous avons joué au restaurant (on étudie les fruits et légumes chez les petits, notre restaurant était très sain! Et les grands ont révisé les formules de politesse). J’ai eu un gros succès, avec mes sous bizarres:

-oh, Miss Pomdepin, c’est des dollars?

-non, t’es nul, c’est des euros, c’est espagnol!

- Miss, Miss, c’est des euros de l’Amérique?

- C’est pour payer en Irlande, Miss? 

- Miss, c’est pour le Monopoly? 

Mais revenons au money market. Habituellement, les grands de Year 6 gagnent, principalement parce que ce sont les seuls qui ont compris ce qu’il fallait faire. Il sont suivis de près par les petits de Reception, qui bénéficient du cute factor:  ils sont tellement mignons derrière  leur petit stand, qu’on leur achète toutes  leurs horreurs œuvres. Cette fois, PrincesseChipie a décidé de s’impliquer. A fond. Elle a été bombardée chef de money week dans sa classe par sa maîtresse, totalement inconsciente. On a tout de suite senti ses talents de dictatrice commerciaux s’épanouir. PrincesseChipie a eu cet honneur incommensurable car c’est elle qui a trouvé ce que sa classe  fabriquerait… C’est une petite futée, comme c’est bientôt la fête des mères ici, elle a suggéré d’acheter des chocolats, et de confectionner des petits sachets décorés de  « happy mother day » en paillettes pour en mettre trois dedans. La maîtresse était ravie et elle est venue m’en parler. Il ne faut pas encourager PrincesseChipie comme ça. Ma fille a pris à coeur son rôle de tyran insatiable leader. Elle a monté une vraie chaîne de production, sélectionnant sans pitié ceux qui étaient capables d’écrire lisiblement sans baver partout, tant pis pour les autres, ils n’ont qu’à ne pas être nuls. On n’est pas là pour rigoler, on ne va pas laisser les grands gagner! C’est minimum 5 sachets produits par enfant, hop, hop, du nerf! Ceux qui pleurnichent parce qu’elle ne les laisse pas faire ce qu’ils veulent sont des mauviettes inefficaces, elle va te les coller de corvée de montage du stand et ça va bien comme ça. La charmante enfant. Sa maîtresse était en admiration béate devant autant d’initiative et de confiance en soi. C’est une façon de voir. 

PrincesseChipie a ensuite commencé une grande opération d’espionnage pour savoir ce que les autres classes allaient vendre. En principe, c’est secret, mais elle a fait craquer sa soeur dès lundi soir (Year 5 donc : muffins  banane-chocolat.). Fière de ce premier succès, elle a donc demandé  à tous ses petits camarades ayant des frères et sœurs d’enquêter. Dès mercredi midi, elle avait la liste complète des efforts de la concurrence. Elle est ensuite passée à la deuxième partie de son plan machiavélique: le marketing.  On a passé jeudi après midi à colorier des posters pour le stand de sa classe. PrincesseChipie a aussi lancé une campagne de « tu as un cadeau pour mother day?  » dans la cour. C’est terrifiant,  elle est encore petite, juste en Year 2 (à peu près le CE1). Vendredi, le grand jour, elle etait excitée  comme pie épileptique. On ne la tenait plus. La maîtresse était  toujours ravie devant son enthousiasme. Cette instit ne sait pas ce qu’elle fait, je ne vois que ça. J’avais ordre de venir tôt, et avec beaucoup de sous (« des vrais, hein, pas des dollars de la France »).

Chaque classe avait son stand dans le hall, avec l’enseignant et les petits apprentis commerçants. Les grands vendaient des cadres photos décorés, en essayant de les faire passer pour des cadeaux de Mother’s Day ce qui a bien fait rire PrincesseChipie. Les petits proposaient des sculptures faites mains. Ou pieds, ce n’était pas très clair.  On pouvait aussi acheter de la jelly, de jolies fleurs en papier dans de vrais pots, et des portes clefs personnalisés d’une superbe initiale en paillette. PrincesseChipie supervisait son stand d’ une main de fer, même sa maîtresse ( « elle est gentille miss Teacher, mais elle va pas vite »). Les resultats seront dévoilés vendredi prochain en assembly. Je vous tiens au courant, je vais calmer ma gamine qui veut commercialiser des dessins avant Mother’s Day maintenant. Devant le refus des grands de participer, elle parle d’embaucher Toddler 5.


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