Nous publions " Un coup de gueule " salutaire faisant suite aux sempiternels échanges de courriers électroniques...
Alors que certains se gargarisent de victoires obtenues, je suis aujourd'hui plus réservées sur les résultats et contrairement à mes habitudes je tiens à vous faire ce retour par le biais de la messagerie informatique.
Au moment où s'achève la 14ème journée nationale d'hommage aux harkis, je tiens à vous faire part de mes attentes et de mes questionnements. Où en sommes-nous ? Et que pouvons-nous attendre après le 25 septembre 2014 ?
Vous l'avez bien compris, les associations de harkis, tout du moins ce qu'il en reste, demandent à l'État français de reconnaître sa responsabilité dans l'abandon et le massacre des harkis après le 19 mars 1962. De même, l'État devra reconnaître sa responsabilité dans l'échec de leur insertion dans la communauté nationale et réparer les préjudices dont ils ont été victimes.
Les harkis ont désespérément besoin de justice : nous le mesurons tous, quotidiennement, au fur et à mesure de nos recherches. Notre communauté a été accablée d'injustices. Il nous appartient de le dévoiler, plutôt que de nous soumettre au fatalisme.
Dans cette aventure, nous avons un rôle particulier à jouer. Je trouve très dommageable, politiquement et humainement, que nous ayons, malgré les divisions pour les raisons que nous connaissons (idéologie, parti pris, encartement, mélange des genres, confusions...) de ces dernières années, pas réussi à maintenir un groupe de travail et d'action.
Ce qui doit nous rassembler se situe au-delà de nos personnes, de nos intérêts personnels et c'est sans doute pour cette raison que nous devons recréer des liens de confiance, de volonté du combat commune.
A travers l'actualité, des points de discordes nous séparent, nous ne pouvons ignorer que certaines personnes ne contribuent pas à sortir l'histoire des harkis de l'oubli et encore moins à les aider à obtenir des droits !
Une nouvelle façon d'agir doit naître. Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est que chaque personne, chaque association développe à son niveau, dans sa commune, dans son département, une nouvelle façon d'agir fondée sur la collaboration, l'échange et le partenariat avec les autres associations de harkis présentes sur le terrain. Un état des lieux et des responsabilités est nécessaire, c'est le cœur même de ce renouveau de l'activité harkie. C'est ce que nous avons toujours fait ici dans le Loiret (Les Harkis du Loiret) à Orléans en partenariat avec à l'époque l'association UFTMONAA de M. Benkouda créée en 1972.
Nous n'avons jamais eu la prétention d'avoir le monopole du dossier harki mais nous avons tout simplement et humblement contribué année après année à apporter un petit plus.
Au fil de l'eau, on constate, les déchirements et les divisions les plus catastrophiques. Tout récemment, j'ai lu un article ou M. Bouarès, membre du G12, du CES (Conseil Economique et Social), ancien militaire de carrière, dans lequel il expliquait que les associations non membre du G12 n'étaient pas représentative de la communauté harkie. Cela illustre bien l'amateurisme et la méconnaissance de notre histoire par cette personne. Des luttes attristantes pour la représentativité, des oppositions navrantes entre des tendances qui se rejettent, voire s'insultent, et qui vont parfois jusqu'à s'exclure les unes les autres et à oublier d'où ils sont venus. Des associations, travaillant dans la même ville, dans la même localité, s'ignorent et parlent, chacune de leur côté pour aboutir à quoi ?
Une analyse sérieuse ne laisse point de doute quant sur l'état réel de la situation des harkis. La division et l'émiettement sont la règle, certains s'en régalent, les volontés de pouvoir s'intensifient et le dialogue direct entre les différentes tendances à quasiment disparu, et tout le monde dit espérer le contraire. Qui donc est responsable ? Que faire pour remédier à cette situation ? En d'autres termes, comment tirer parti des acquis et réformer nos déficiences ? Parce que c'est bien de réformes dont nous avons besoin.
En réalité, chacun d'entre nous a sa part de responsabilité !
Nous pouvons certes critiquer telle ou telle personne, telle ou elle organisation ou encore les gouvernants manipulateurs. Nous pouvons faire cela aisément, quotidiennement et c'est ce que l'on sait faire de mieux...parce que nous avons passé, ces dernières années, notre temps à chercher des coupables pour finir par reconnaître qu'aucune solution ne se présente à nous.
Je vous le dis : la réforme est là ! La réforme dont nous avons besoin aujourd'hui, consiste en un changement profond de l'état d'esprit, de la façon de parler et d'agir qui prévalent actuellement dans notre communauté. C'est le travail de chacun et un engagement de tous les instants.