Comme tout le monde, j’aime avoir l’impression d’être chez moi et en public. Chez moi pour le côté cool et chaleureux… en public, pour rompre cette impression d’isolement (bien utile parfois je vous rassure). Pour avoir l’impression de partager cet estime. Ce moment d’intériorité qu’on peut mêler à la foule, enfin la petite qui se trouve dans le magasin.
La musique aidant, on avance ses dossiers. On vérifie ses mails et on répond. Et on peut laisser son esprit vagabonder. L’effort est plus indolore. On fait les choses de manière plus fluide et plus inspirée (surtout les bons jours).
Je pense que c’est pour une raison toute simple : on est la lisière. On appartient ni à l’un ni à l’autre monde.
Dans ces carrefours, on a deux options (ou plus) : pouvoir plonger dans l’un et dans l’autre. Très facilement. Très rapidement. Et ça c’est une forme immense et subtile de liberté.
Dehors les gens passent. Ils sont une deuxième foule qui nous caresse en silence, sans le bruit de la rue. Ils nous nourrissent en attitudes, en visages. Le soleil nous réchauffe pendant qu’ils affrontent le froid. L’âme vagabonde nous sommes des poètes du macadam. Les notes accompagnant, nous voyageons à la mesure de leurs pas et de leurs intentions qu’ils suggèrent. Leur allant est notre respiration. On peut s’y brancher et s’y débrancher comme on le souhaite. Il n’y a pas d’obligation. Pas plus que de terminer ce mail. La lisière est notre amie. Parce qu’elle permet à notre esprit d’évoluer comme il lui semble.
Parce qu’elle permet les respirations. Par définition, chaque cadre nous invite à faire une action précise. La lisère nous amène à avoir le choix. Mais aussi à prendre le temps de ne rien faire.
Cette fenêtre près de la rue en est une. Elle nourrit mon flow. Et me permet de croiser d’autres cultivateurs sur le bitume. De l’autre côté de la vitre, une jeune femme dispose un bouquet de lilas à l’avant d’un vélo. Je la regarde un instant. Elle sort un appareil photo de sa poche et se concentre sur les fleurs. Clic-clac. Je sors mon smarthone pour cueillir l’instant. Elle repart. Je range mon téléphone. Chacun a respiré. Près de soi, il y a des cultivateurs de mojo : nos croisements nourrissent notre façon d’être…