Il faut imaginer une autre Shéhérazade.
Pas la nuit, mais le jour.
Qui ne fait et à qui on ne peut faire la cour
Qui ne ment jamais, mais dit les choses autrement
Qui ne cherche ni à plaire, ni à se complaire
Mais à se défaire de toutes les légendes personnelles...
Surtout de la sienne.
Elle est, tout comme je le suis,
Persuadée que pour réformer le monde réel,
Il faut commencer par transformer le monde imaginaire...
En le peuplant de nouveaux rêves, de nouvelles brèves.
Il faut se mettre dans la peau de Shéhérazade
Et sans cesse, créer de nouvelles figures au lieu de contester désespérément les anciennes.
Résilier tous les contrats sur vos biens, sur vos maux et vous réconcilier avec vos idéaux.
Négliger le possible, exiger l'impossible...
Le désir impossible, l'amour impossible, la passion impossible...
Pour flirter avec l'éternité à chaque instant.
Elle est, tout comme je le suis,
Tout à la fois, proche et hors de portée.
Abreuvée de pathos, le pathos de la distance.
Elle n'est pas dans votre lit... mais dans votre souci
Un sursis pour vous enchanter ou vous désenchanter à cor et à cris.
Vous ôter quelques certitudes...
Sans compromettre vos chances de goûter à la plénitude.
Elle est, tout comme je le suis,
Éphémère, avec une date d'expiration
Comme toute source d'inspiration.
Auprès de laquelle il faut s'asseoir
Et pour ne pas succomber à vos déboires
Boire pour étancher votre soif de savoir :
Boire l'imbuvable...
Rien de tel pour rendre la vie vivable
Et la mort agréable.