10 questions à Joseph d'Anvers

Publié le 02 mars 2015 par Filou49 @blog_bazart

02 mars 2015

 

 Comme je l'ai dit ce matin, vous aurez droit en ce début de semaine sur Baz'art à une journée spéciale Joseph D'Anvers.

Pour ceux qui ne connaissent pas (hélas il y en a), c'est l'occasion ou jamais de découvrir son univers...Et pour ceux qui connaissent mais qui n'aiment pas l'univers de l'artiste (re hélas il y en a aussi), on va pas vous faire dégouter encore plus, donc revenez demain :o)!!

Quoiqu'il en soit, j'ai eu l'immense privilège, un jour de la semaine passée, entre midi et deux (j'avais encore prévu plein d'autres questions mais j'ai été gentleman en lui laissant le temps d'avaler un sandwich entre deux itws), de converser pendant plus de 45 minutes avec cet excellent auteur compositeur pour la sortie de son album "Les Matins Blancs"...

Et c'est peu de dire que Joseph n'a pas été avare de son temps, répondant avec énormément de précisions à (presque donc) toutes les questions que j'avais envie de lui poser sur sa rupture avec sa maison de disque, son travail d'écriture, son évolution musicale et vocale, ainsi que sa place dans le milieu de la chanson française entre ceux qui ne le connaissent pas (rere hélas) et ceux qui ne l'aiment pas (re re re) :

ITW exclusive avec  Joseph D’Anvers pour son album, les Matins Blancs

Baz'art :  Pourquoi avoir choisi, comme titre de ce 4ème album, « Les matins blancs » (deux mots qui figurent d’ailleurs dans le texte « Sally »)   ? Est ce pour filer une métaphore sur ta rupture en 2013 d’avec ta  maison de disque,  Atmosphériques, et insister sur le renouveau  qui doit survenir après les fortes intempéries qu’il y a pu avoir sur ta route ?

 Joseph D'Anvers : Voilà, c’est exactement ça : la réponse est dans la question, elle commence bien cette itw, je n’ai rien à faire (rires)… Non, plus sérieusement, au départ ce titre est survenue de manière inconsciente, je me suis aperçu que cette expression matins blancs, qui n’existe pas au départ, je l’avais placé dans deux titres : « Sally » donc, et » Les jours incandescents »… comme je ne voulais pas de répétition, je l’ai enlevé de cette dernière chanson, et je me suis quand même interrogé sur les raisons de ces mots qui me revenaient de manière inconsciente.

Évidemment que cette expression symbolise bien cette période du renouveau après la tempête… Et puis, aussi, même si le terme n’est pas forcément très adapté (car l’ambiance générale reste nocturne et pas mal pluvieuse),  j’ai voulu colorer ce 4ème album d’une tonalité plus légère, plus lumineuse que les autres albums, et cette blancheur matinale me semblait parfaitement adaptée pour synthétiser l’esprit du disque.

 Baz'art :Comment  as tu vécu cette rupture soudaine  avec ta maison de disque et comment as tu trouvé la force de rebondir ? C’est drôle si on peut dire mais on a l’impression que tu n’as  jamais été aussi libre qu’avant sur ce disque.un peu comme Alain Chamfort lorsqu’il avait fait ce joli clip suite à sa rupture avec EMI (ou Mademoiselle K avec son nouvel album à croire que  ton instinct créatif s’est totalement débridé grâce à cette rupture, est ce que ca ne serait pas un mal pour un bien en fin de compte ?

Joseph D'Anvers :  Disons que cela est assez paradoxal : j’ai atteint en effet une liberté créatrice que je n’avais jamais connu jusqu’à présent, mais en même temps venaient s'y greffer d’autres contraintes, notamment  budgétaires, et cela fait que ce n’est pas forcément la panacée non plus…

Ce qui est sûr, c’est que j’ai eu bien plus de temps pour préparer cet album, j’ai été encore bien plus minutieux qu’avant notamment en terme d’écriture, j’ai eu le temps aussi d’essayer pas mal de trucs en terme de mixage et de composer le fait que j’avais moins de moyens financiers et humains (moins de musiciens par exemple) à ce niveau là…

Après, c’est difficile d’analyser objectivement les effets de cette rupture avec ma maison de disque…Disons pour résumer que comparé à celle de Chamfort, Mademoiselle K ou un groupe comme Déportivo, elle s’est faite plus en douceur , et du coup je n’avais pas forcément la même rage et la même envie d’en découdre qu’eux et de tout exploser sur cet album, mais  c’est quand même un peu quand on se sépare d’avec  personne avec qui on a vécu un certain temps, on est un peu dérouté et ensuite on a envie de s’en affranchir.. Du coup, j’avais  quand même envie de marquer avec cet album une vraie différence c’est évident

  Baz'art : Et cette différence, on la retrouve notamment dans le côté plus chanson française que dans les deux derniers albums « Les jours sauvages » et  Rouge fer qui étaient  plus rock, Ici, que ce soient avec  une variété et une amplitude des mélodies, l’utilisation des cordes, piano voix, chant plus affirmé, un tempo plus lent,  tout  penche vers ce coté pop. Pourtant, à l’époque des jours sauvages tu disais que les chansons que tu aimais vraiment faire était du rock, pourquoi donc alors que tu n’a plus de pression d’un label, pourquoi revenir   à ce côté moins «  up tempo « cela s’est fait  de manière non consciente ?

Joseph D'Anvers :Ah non pas du tout, ce n’est une tonalité totalement désirée depuis le début de l’élaboration de l’album et que j’assume à 100%.

C’est vrai qu’en 2007, lorsque j’ai commencé à écrire et composer  les jours sauvages je revenais d’un an de tournée qui m’avait un peu frustré, car mon envie de rock (je viens quand même de cette formation là à la base) n’était pas totalement assouvie et j’avais envie de prouver que je pouvais aussi envoyer et faire du up tempo, d’où ces deux albums dont tu parles qui allaient clairement vers cette mouvance là…

Maintenant, plusieurs années se sont passées, j’ai le sentiment d’avoir prouvé ce que j’avais à prouver dans le rock, et une personne de mon ancien label (lorsque j’y travaillais encore) et en qui j’ai pleinement confiance dans les conseils artistiques, m’avait dit qu’il me verrait bien évoluer désormais dans un courant pop plus assumé et il se trouve que j’en avais aussi beaucoup envie de mon coté…

Et il se trouve aussi que pendant plusieurs mois, j’ai du être totalement immobilisé suite à une rupture du tendon d’Achille et cette immobilité physique, rajoutée à mon immobilité musicale suite à la rupture d’avec Atmosphériques,  m’ont forcément poussé à l’introspection et à la réflexion,  et je me suis dit que ca ne serait pas mal d’aller dans cette direction là de façon claire et assumée.

J’ai eu envie de prendre comme modèle des artistes que j’adore comme Lou Reed, Nick Cave ou Johnny Cash, qui ont aussi, à un moment de leur carrière, ralenti le tempo de leurs mélodies, et qui en fin de compte ont plus rencontré le succès public avec leurs ballades qu’avec leurs morceaux rocks…

Toute proportions gardées, sans évidemment me comparer à ces monstres,  et tout en restant dans une mouvance très franco française car je tenais vraiment à m’inscrire dans la chanson française, j’ai voulu m’en inspirer et tenter le coup d’un album plus chanson que rock.

  Baz'art : Ce côté chanson, on le ressent aussi énormément  au niveau des refrains. Par rapport à tes 3 albums précédents, ceux-ci sont plus affirmés, plus équilibrés par rapport aux couplets, et surtout on les garde vraiment en tête….J’imagine que cela est aussi clairement assumé  dans cet esprit de rendre ta musique moins radicale, plus accessible ?

Joseph D'Anvers : Oui oui clairement, cette envie de soigner les refrains partait du même procédé… Tu sais, il faut savoir que je viens du post rock moi, un courant musical qui dit clairement et distinctement : « on s’en fout des refrains » !, et je pense qu’il m’a fallu 3 albums pour que je m’écarte un peu de cette culture là et me dire que  je ne verse pas forcément dans la facilité en faisant un bon refrain, dont on se souvient, ca n’a rien d’honteux…

 Mais tu sais comme pour chaque album, celui-ci ressemble exactement à celui que j’avais envie de faire et dans lequel je me suis donné au maximum de mes possibilités. Ainsi, j’ai fait ce disque- comme les précédents sans aucun arrière pensé commerciale, je ne me suis pas dit que j’allais gagner ou perdre des gens en tentant telle ou telle approche.

J’ai commencé la guitare avec l’explosion de groupes comme Nirvana ou Radiohead et eux sont l’exemple type de groupes qui n’ont jamais cherché à faire de tubes alors même qu’ils ont connu un succès phénoménal…

Donc je ne tente pas de faire des refrains calibrés pour faire des tubes, je n’ai pas ce talent là (à l’instar de Cali, Mika ou Doriand), je veux que mon refrain s’inscrive dans la globalité du texte et ne se détache pas du reste et j’ai le sentiment en toute modestie d’y être pas mal parvenu avec les matins blancs

 Baz'art : Toujours dans cette volonté d’aller vers plus de chanson, on s’aperçoit très vite en écoutant "Les matins blancs" que tu oses y chanter de façon bien plus affirmée, ta voix est moins murmurée, moins dans les graves, avec un phrasé qui t’éloigne un peu de la chanson parlé chanté à la Daniel Darc … J’ai vu que  Dominique A, avec qui tu as collaboré, disait que tu osais enfin "chanter à gorge déployée". C’est quelque chose qui a été facile pour toi et qui là encore correspond bien à la couleur musicale que tu voulais donner à ton disque ?

  Joseph D'Anvers : Oh tu sais, cette question de la voix, c’est assez particulier pour moi… comme pour tout le monde je suis arrivé dans la musique avec tout un tas de complexe, je suis un autodidacte je n’ai pas fait le conservatoire comme Benjamin Biolay ou Albin de la Simone, et forcément par rapport à ce genre d’artistes je me sentais quand même bien plus complexé…

Et puis finalement, peu à peu, on commence à les perdre ces complexes, à se dire que si je continue à durer et avoir fait ce petit bout de chemin, je n’ai pas à rougir de ce que je suis et j’essaie de me foutre un peu plus de ce que peuvent penser les autres…

Je me suis dit maintenant à plus de 35 ans, si tu as envie de chanter, vas y mon pote, fais le  et tant pis si sur certains morceaux je vais chanter un peu comme Baschung ou Daho ( comme dans Surexposé)  et tant mieux même si c’est une façon plus ou moins consciente de rendre hommage à cet artiste exceptionnel qu’était Baschung…

Après il y a des morceaux sur cet album comme Petite ou je continue à chanter avec une voix grave mais bon franchement j’essaie de trouver un équilibre avec cela,

Tu sais, j’ai été opéré des cordes vocales il y a neuf ans, donc j’ai dû apprendre à chanter avec cette spécificité et cela n’avait rien d’évident, et je pense qu’il fallait bien neuf ans pour digérer tout cela…je sais que je ne chanterais jamais comme Obispo ou Calogero, mais je suis vraiment heureux de m’éloigner un peu du parlé chanté et d’oser vraiment affirmer la voix. Et visiblement cela plait pas mal à ceux qui ont écouté l’album.

Et sur scène, pour l’instant je n’ai joué que 5 fois ce nouvel album, mais je fais également bien gaffe à ces problématiques liées à la voix…

  Baz'art : En parlant de scène justement, quelle couleur musicale va avoir votre tournée ? Résolument pop comme votre album, ou bien un peu plus tourné vers le rock en profitant de l’énergie inhérente à la scène.

Joseph D'Anvers : Ah ben, on va justement essayer de trouver un parfait équilibre entre les deux, c’est tout le sel de cette tournée…pour l’instant, les 5 concerts que l’on a fait ( avant le Café de la Danse le 10 mars prochain) se passent super bien… la plupart des morceaux des Matins Blancs sont certes lents, mais on a quand même Surexposé, Marie, Mon ange pour muscler un peu  et avec 4 albums maintenant, c’est plus facile de trouver un équilibre, la palette est plus variée, là  je reprends pas mal de titres pêchus de mes précédents albums comme Sweet 16 ( voir clip) ou entre mes mains.

Joseph D'Anvers - SWEET 16

On va essayer d’apporter par moments une autre couleur musicale (je vais mettre un peu d’harmonica totalement absent du dernier album) mais sans m’éloigner radicalement de l’esprit des Matins Blancs, tenter de rester le plus possible dans cette tonalité là.

Encore une fois, j’ai envie de me servir comme modèle des types comme Nick Cave and the Bad Seeds, des types qui dégagent une vraie énergie rock mais en costard : on tend, toute proportion gardée à cette élégance là, on ne va pas  se jeter dans le public, c’est pas l’esprit du concert et puis pour les morceaux de l’album lents je tiens à garder le même tempo quasiment pour tous, je n’ai pas trop envie de dénaturer les mélodies par rapport à la version studio..

  Baz'art : Il y a un petit paradoxe qui me passe de suite par la tête quand je pense à ta carrière : tu as une formation largement visuelle, tu viens quand même du monde de l’image (il a suivi des cours de chef opérateur à la FEMIS et a travaillé quelques années sur certains films), or, pourtant on pense à toi surtout comme un auteur d’immense talent, qui soigne terriblement son écriture.Comment tu expliquerais cette contradiction là ?

Joseph D'Anvers :  Tout simplement, car pour moi il n’y a aucun paradoxe là dedans, tout cela forme un tout et le soin apporté aux textes correspond parfaitement à mon image si je peux m’exprimer ainsi… Quand on est chef opérateur  pour un metteur en scène ou qu’on met en image des clips pour d’autres comme je l’ai pas mal fait à un moment de ma carrière, on doit essayer de comprendre les intentions de l’autre et tenter de combler par le visuel les désirs de l’autre…

Faire un disque, c’est à peu près la même démarche sauf que l’autre c’est moi, ce sont mes propres désirs que j’essaie de mettre en image, et cette mise en image passe aussi par le soin apporté aux paroles…

Effectivement sur cet album, j’ai tenu à ce que l’écriture soit bien plus ciselée que sur les autres : sur les 3 premiers albums les textes m’importaient évidemment, mais pas du tout comme sur les Matins blancs, si certains mots choisis ne me satisfaisaient pas à 100% je le laissais quand même.

Franchement avec le temps que j’ai eu pour préparer ce nouvel album, j’ai été ultra perfectionniste à ce niveau là : lorsque un mot ou une phrase ne me convenait pas totalement je la barrais et je n’abandonnais jamais jusqu’à ce que je trouve la phrase la plus percutante qui soient…

J’ai vraiment voulu passer un cap là au niveau de l’écriture de mes textes, être assez peinard à ce niveau là,  et comme je te le disais tout à l’heure j’ai donné mon max là-dessus, quoiqu’on pourra reprocher à cet album, je ne pourrais pas faire beaucoup mieux.

 

 Baz'art : Toujours à propos des textes, pourquoi avoir fait appel, pour 3 d'entre eux, à  d’autres paroliers qui ont la particularité d’être qui sont tous les trois aussi des interprètes reconnus,  Dominique A, Miossec, Lescot  …Pourquoi  précisemment ces 3 là, j’imagine que ce n’est pas un hasard si tu as choisis des auteurs qui chantent également ?

 Joseph D'Anvers : Non, tu as raison, c’est tout sauf un hasard :  c’était même très important pour moi et très cohérent dans ce que je voulais proposer comme projet musical.

A mes yeux, à de rares exceptions près ( Jean Faulque Boris Bergman et un ou deux autres), il y a peu de grands auteurs de chansons françaises qui ne chantent pas eux même… J’ai l’impression que pour comprendre exactement mes intentions, il fallait que l’auteur du morceau soit également chanteur et traverse les mêmes problématiques que moi.

Et puis, je savais aussi que des mecs comme Miossec et Dominique A notamment n’hésiteraient pas à me « manquer de respect » alors que des auteurs plus institutionnels m’auraient certainement moins bousculés que eux n’ont pu le faire.

En même temps, cette collaboration s’est passée superbement bien j’ai adoré ce travail : les auteurs m’envoyaient le texte j’apportais quelques retouches et après c’était un jeu de ping pong sur quelques phrases et quelques mots.

Pour te donner un exemple, sur la chanson "La nuit je t’aime quand même", que m’a écrite Miossec,  je bloquais un peu sur la phrase «  je t’aime car je suis lourd de mes conneries », car je me voyais mal dire le mot connerie, c’est un mot qui fait très Miossec que lui seul peut dire avec son phrasé si particulier, ca sonne super chez lui mais pas ailleurs.bon finalement je l’ai gardé, mais je sais pas si tu as fait gaffe, je la chante un peu comme du Miossec d’ailleurs c’était impossible de faire autrement..

Baz'art :   Euh, tu viens de me dire que tu ne peux pas chanter le mot "connerie", et pourtant dans le très beau  « regarde des hommes tomber » qui clôture l’album tu dis  : « je regarde tous ces cons qui suent et qui vacillent »…D’ailleurs, j'aimerais revenir sur cette chanson dont l'écoute m’a un peu frappé, elle m’a semblé être  à contre courant du reste, déjà tu tentes le piano voix, ensuite, et surtout le texte est moins intimiste tu portes un regard noir plus sur la  société, pourquoi finir sur un tel texte  qui du coup tranche peut-être sur le côté légèrement plus lumineux du reste de l’album ?

 Joseph D'Anvers : Ah tu as visé juste sur le coup des cons alors que je ne voulais pas dire connerie je n’avais pas fait gaffe à ça (rires)…

Sinon pour répondre à ta question, je n’ai pas l’impression que ce morceau soit totalement à contre courant du reste du disque contrairement à ce que tu dis, elle me semble s’insérer naturellement dans l’ensemble selon moi… C’est une des toutes premières que j’ai écrite, un jour de canicule sur Paris, et j’étais à la terrasse d’un café où je voyais effectivement plein de gens s’affairer et suer à grosses goutes il y avait une certaine agressivité dans l’air et j’ai commencé à réfléchir à tout cela … C’est pas forcément une critique féroce de la société, c’est plus une façon de voir le coté obscure des hommes, pour moi c’est toujours dans l’ombre que se crée les plus belles choses, the Dark Part of the Moon comme on dit…

Et concernant le piano voix, avec Alexis ( Anerilles, son pianiste et claviériste), on l’a enregistré très tard dans la nuit dans une ambiance particulière et ensuite on a absolument rien retouché ce qui est très rare pour moi…

Sur scène, je chante le morceau à la fin, en second rappel,  car je trouve qu’il résume parfaitement ma vision des choses et l’univers musical du disque et du concert.

 Baz'art :J’aurais une dernière question concernant ta  place dans le milieu de la scène française, j’aimerais savoir comment tu te situes un peu. Tu es un artiste reconnu pas mal par le milieu comme un auteur compositeur de grande qualité, mais sans la reconnaissance publique et médiatique que d’autres de ta génération comme Dominique A ou Miossec peuvent avoir…  J’ai jeté un œil sur ta page Wikipédia et c’est marqué : « Étrangement absent des grands médias, Joseph d'Anvers reste cependant l'un des artistes les plus passionnants et originaux de l'actuelle scène française », tu penses quoi déjà de tout ca ?

 Joseph D'Anvers : Ah déjà je pense que le mec qui a écrit ma page Wikipédia est super sympa, je ne le savais pas non, (rires)… Après, tu sais, on a toujours envie de ce que l’autre a,  c’est  une problématique récurrente dans notre société.

Certains artistes disent que tant qu’ils ont un peu de reconnaissance du milieu et qu’ils ont assez d’argent pour faire vivre leur femme et leurs enfants, ca leur suffit et je ne suis pas loin de penser un peu pareil… Après, c’est sur que l’argent permet plus de liberté artistique, d’être plus tranquille pour faire des disques que tu aimes…sur celui-ci j’ai pas eu beaucoup d’argent mais j’ai eu la super chance d’avoir plein d’aides de gens géniaux qui m’ont aidé bénévolement ou presque je ne peux pas demander cela à chaque fois, évidemment…

Après, ma reconnaissance auprès du grand public, c’est un sujet complexe :depuis la crise du disque, il y a une dizaine d’années donc quand j’ai commencé à faire des disques, je n’ai pas l’impression, à part peut être Stromae qu’il y a eu des artistes avec un vrai univers d’auteur compositeurs qui ne sont pas arrivés par des télé crochets comme Julien Doré ou Christophe Willem et qui se sont imposés sur la durée…

C’est difficile de rester sur la durée, des groupes comme Cocoon ou Moriarty qui ont explosé avec un album puis après sont redevenus plus confidentiels sont là pour en témoigner…

Ne vaut-il pas mieux réussir plutôt tardivement, une fois une vraie maturité artistique? j'avoue me poser souvent la question. Miossec le dit lui même,  il n’a jamais eu autant de succès critique et public que maintenant, à 50 ans passés, j’ai donc pratiquement une quinzaine d’années devant moi pour y parvenir aussi (rires).

Et puis qui dit succès énorme dit aussi pas mal de haine en retour, et est ce que c’est forcément une bonne chose ?

Enfin, maintenant à près de 40 balais,  et comme sur cet album là, je sens qu’il y a un vrai frémissement, que l'accueil n'a jamais été aussi bon, je me dis que maintenant le temps du succès est peut être venu, sait on jamais ?

Baz'art : Mais oui il va venir, ton succès, j'en suis intimement persuadé...et plus vite qu'on le pense. En tout cas, merci à toi pour toutes ces brillantes réponses et très bonne tournée à toi et à ton groupe!!