Concrètement, avant le moyen-âge, c’était les romains. Les mecs bien coiffés, pas un poil au menton. La grande classe. Puis après, il y a eu les invasions barbares, avec les peuples germaniques, les francs, les wisigoths. C’est un autre style, genre barbouse et longue crinière de feu. Et pour les meufs, une longue tignasse. Cette mode va envahir le territoire, et au fur et à mesure que les siècles passent, on travaille les différentes coiffures.
Les cheveux au fil des siècles
Les peuples germaniques, ils ne rigolent pas avec leurs cheveux. Ils établissent même les hiérarchies militaires avec la tignasse. Plus tu as les cheveux longs, plus tu es gradé. Les mecs ils se nouent aussi les cheveux sur le dessus de la tête pour avoir l’air plus grands, et au contraire, les esclaves et les prisonniers sont totalement rasés, en signe de soumission. Les femmes, elles, sont majoritairement blondes, un idéal veut que les cheveux soient ondulés.
La fin du Vème siècle
Les mérovingiens portent les cheveux très longs, surtout les Rois. Et quand ils voient que ça marche mal pour eux, ils rasent leurs adversaires. C’est souvent le cas des descendants qui kifferaient bien monter sur le trône. Uns fois les cheveux coupés, ils sont à tout jamais bannis du pouvoir. Les cheveux rasés sont un signe de soumission, c’est le cas des moines catholiques qui utilisent la tonsure. Tu sais le trou parfaitement rond sur leur haut de crane ? Bin voilà, c’est pour prouver leur soumission à Dieu.
Clodion Ier (390-450) est appelé le chevelu car il avait les cheveux encore plus longs que ces prédécesseurs.
Entre le VIème et le XIème siècle
La mode est aux grands fronts et aux cheveux très longs pour les femmes. Le problème de la mode, c’est qu’il y a toujours des dérives. Les meufs se rasent les bords du front pour qu’il soit plus grand. Mais est-ce beaucoup plus con que de s’épiler les sourcils ? Je ne pense pas. Dans tous les cas, on orne le front de couronne de fleurs, de pierres précieuses, et ça rend très bien avec des cheveux tressés.
Aussi, les cheveux ont un caractère très érotique, donc si tu les laisses détacher, tu peux vite passer pour une chaudasse, une allumeuse, alors les femmes mariées les recouvrent d’un voile. La crinière de l’épouse devient alors la propriété de l’époux…
« Toute femme qui prie sans avoir la tête voilée déshonore sa tête » Saint Paul, Première Épître aux Corinthiens, XI, 5). Mais oui.
Aux XIIIème et XIVème siècles
La coiffure en vogue est de faire deux tresses de chaque coté de la tête et de les faire se rejoindre sur le dessus du crane. On les attache alors avec des fils d’or ou de soie. Et on est à la pointe de la mode. Mais il existe plein d’autres coiffures. Vu que je suis vraiment très sympa, les voici. Si tu cliques sur le nom, tu as une illustration. La magie d’internet ! Truffau et barbette, le voile, la guimpe, la barbette, le voile et la barbette, et ci-dessous, un hennin. Un bonnet pointu quoi. Avec un voile plus ou moins long. S’il touche le sol, la femme est reine ou princesse, aux pieds c’est une femme de chevalier, à la ceinture c’est de la simple bourgeoise.
Les soins
Se laver les cheveux
Pour laver des cheveux, il n’y a pas dix mille solutions, soit tu les laves avec de l’eau et du savon, soit tu les nettoies à sec, avec de la poudre d’iris. La poudre d’iris est reconnue pour parfumer, mais aussi pour absorber l’excès de sébum. Le principe est le même que n’importe quel shampoing sec que tu trouves à Carrefour, sauf qu’il est bien plus naturel et bien moins agressif pour ton crane. Tu appliques donc de la poudre d’iris sur ta crinière, tu masses, tu masses et tu enlèves la poudre en trop avec un peigne. Rien de plus simple.
Aussi, pour se débarrasser des pellicules, on utilise du jus de fleurs de genêt avec du vinaigre.
En ce qui concerne les poux, on faisait pas grand chose en fait… L’épouillage, oui. Entre amoureux, mère et fille, ou bonniche et maîtresse. De manière générale, le pou avait bonne réputation, il permettait de se libérer du mauvais sang et d’éloigner les démons.
Mais bon… ça démange…
Se coiffer
La brosse à cheveux n’existe pas, en revanche, le peigne oui. Il est souvent en bois, parfois en corne ou en os et ses dents sont plus ou moins espacées. Comme aujourd’hui, en fait. Les cheveux des femmes (surtout) étant très longs, c’est toujours un peu lent et chiant pour démêler le tout, du coup, on ruse. On fait des tresses ou des chignons pour limiter les nœuds. Porter un voile ou une coiffe en tissus permet de les protéger de la poussière et donc de les laver moins souvent #Astuce.
Les artifices
Vous le savez, l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Aussi, les personnes brunes veulent avoir les cheveux clairs et les blondes veulent être brune. C’est une constante, l’humain est tellement prévisible. Il existe différentes méthodes pour modifier la couleur de ses cheveux. Voici quelques recettes.
La décoloration
Ah la décoloration, alors pour un blond de Cagole des plus parfaits, tu peux utiliser ton pipi. Ou celui de n’importe qui. Tu laisses reposer un bon litre d’urine quelques jours, et hop, tu as de l’ammoniac ! On utilise cette méthode en Italie et tout particulièrement à Venise. C’est d’ailleurs de cette technique que vient le nom du « blond vénitien ».
Autre recette, du XIIIème siècle. Elle est tirée de l’Ornatus Mulierum. Je te la détaille.
Il te faut faire bouillir la coque d’une noix avec de l’écorce de noyer. Ensuite, tu rajoutes dans l’eau de l’alun et des pommes de chêne. Et là tu te laves les cheveux comme d’habitude. Tu les essores et tu les enduis de ta mixture. Tu saupoudres le tout de safran, sang-dragon ou henné. Et là, tu laisses reposer 48h, puis tu rinces à l’eau chaude. Faut l’avouer, c’est un peu contraignant. Il te faut avoir une semaine juste pour tes cheveux quoi…
Les colorations
Pour les personnes blondes, ou celles qui ont plein de cheveux blancs alors qu’elles sont jeunes et fraîches (genre moi), il existe aussi des recettes plus ou moins miracles. Surtout moins.
Pour avoir des cheveux châtains, on a besoin de noix de galle torréfiées et de feuilles de noyer que l’on fait bouillir. Et puis tu te laves les cheveux avec ça.
Si tu veux avoir des cheveux vraiment noirs, il faut de la rouille de fer, des noix de galle, de l’alun et faire bouillir le tout dans du vinaigre et te laver les cheveux avec. Le mieux c’est de ne rincer qu’au bout de deux ou trois jours, comme ça, ça marque bien.
Autre petite recette sympathique, ma préférée. Il faut fabriquer une petite mixture avec un petit lézard auquel tu as enlevé la tête et la queue et que tu as fait revenir dans l’huile. Tu prends des pommes de chêne et tu les fais frire. Ensuite tu mélanges le tout avec du vinaigre et tu laisses reposer quelques heures sur ta crinière.
Tout ça alors que les cheveux sont presque toujours planqués sous quelques tissus…
Recette bonus
Pour favoriser la croissance des cheveux.
Il te faut faire chauffer du pain d’orge, du sel, et de la graisse d’ours. Le cheveu deviendra plus gros et prendra une texture consistante en l’enduisant d’un mélange d’écorce d’orme, d’aigremoine, de racines de saule, et d’huile de graines de lin. Il faut cuire tout ça dans du lait de chèvre, laver et raser la partie que tu veux faire pousser, et puis tu enduis et tu rinces.
Et si ça marche pas, bin… tu peux essayer de le transformer en dentifrice.
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Les illustrations, les cinq premières sont issus du livre des échecs amoureux de 1400/1425. Les cinq exemples de coiffures viennent d’Ovide, Héroïdes ou Epitres en 1400/1500. Les trois dernières ont été trouvées dans Le Secret des secrets, 1400/1500. Le tout, dans Gallica.