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L'archéologie ou la mémoire du monde.

Publié le 02 mars 2015 par Feuilly

Quand j’avais dix-sept ans (l’âge où l’on n’est pas sérieux si l’on en croit un certain poète), j’étais  allé en voyage à Londres avec mon école.  J’avais visité la British Museum et dès que j’en avais eu franchi le portes, j’avais été littéralement fasciné par les premières sales, qui contenaient des antiquités assyriennes et notamment ces fameux taureaux ailés bien connus. Alors que nous n’avions qu’une petite après-midi devant nous, j’étais resté une bonne heure pour visiter la partie consacrée à l’Antiquité (Assyrie, Egypte, Grèce) mais il m’en aurait fallu 10 fois plus. Les trésors   qui étaient rassemblés là sont restés à jamais gravés dans ma mémoire et chaque fois que j’ai lu des livres sur l’Egypte des Pharaons ou sur la période assyrienne, j’ai repensé aux momies et aux taureaux ailés du British.

Et voilà que la semaine dernière, j’ai découvert comme vous ces vidéos qui montrent la destruction d’œuvres antiques à Mossoul :

 

Que dire, devant une telle barbarie ? Rien et notre douleur est immense. On peut faire de ces événements une analyse à plusieurs niveaux.

Il y a tout d’abord la perte irrémédiable de ces trésors inestimables qui appartiennent finalement à l’humanité toute entière.

 Il y a  la volonté de la part de l’Etat islamique de détruire tout ce qui n’est pas lui et qui ne correspond pas à sa vérité.

Il y a la volonté de détruire la culture irakienne pour ne laisser subsister qu’une certaine conception de l’islam.

Il y a ma douleur personnelle car ces taureaux ailés du British avaient fini par faire partie de moi, or ce sont les mêmes qui viennent d’être détruits en Irak (voir la fin de la vidéo).

Il y a l’hypocrisie de l’EI quand il dit qu’il détruit les oeuvres non-islamiques, car on sait bien que n’ont été détruits que des objets intransportables et que le reste des collections a été revendu au marché noir.

Il y a un autre fait qu’il ne faut pas oublier : quand les troupes américaines sont entrées dans Bagdad, à a fin de la deuxième guerre du Golfe, elles ont immédiatement  protégé le ministère du pétrole, mais ont laissé le musée de Bagdad sans surveillance, ce qui s’est soldé par le pillage de 15.000 pièces de collection.

Il faut rappeler aussi que ces djihadistes barbares, nous les avons financés et armés en Syrie pour qu’ils renversent le président Bachar el Assad (ennemi juré d’Israël et grand protecteur du Hezbollah libanais opposé au projet sioniste). Il est un peu facile aujourd’hui de venir s’étonner de leur barbarie, d’autant plus que celle-ci ne date pas d’hier. En effet, pendant toutes ces années du conflit syrien, il s’est produit une multitude d’horreurs : crucifixions, décapitations, exécutions sommaires, viols, mais aussi destructions de sites antiques, pillage archéologique et vente au marché noir. De tout cela, on ne nous a jamais parlé pour la simple bonne raison que c’est l’Occident qui finançait ces barbares. Maintenant qu’ils se sont retournés contre nous, on n’arrête plus de nous montrer leurs méfaits. C’est un peu tard, je trouve. Et non seulement c’est tard, mais c’est louche. A chaque fois que l’Occident a programmé une attaque militaire, la presse a manoeuvré l’opinion en montrant des exactions envers les droits de l’homme (souvenez-vous des femmes adultères lapidées en Afghanistan) et des destructions perpétrées contre le patrimoine architectural mondial (les fameux Bouddhas en Afghanistan également ou les tombes des prophètes à Tombouctou). J’aurais préféré qu’on dénonçât plus tôt toutes ces exactions et pas seulement au moment précis où nous décidons d’attaquer ces guerriers intégristes dont nous nous sommes servis pendant des années.

Pour mettre un peu de baume sur ces destructions, il faut savoir que le musée de Bagdad (qui est parvenu à récupérer environ 4.000 pièces de collection sur les 15.000 qui avaient été dérobées pendant la guerre du Golfe), a décidé de rouvrir précipitamment ses portes suite à la destruction du musée de Mossoul par l’EI et ceci afin de montrer que la culture doit l’emporter sur la barbarie.

Enfin, il semblerait qu’une partie des œuvres réduites en morceaux n’aient été que des copies, comme on peut le voir aux fils de fer qui sortent de certaines statues détruites.

 

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