Leur nom semble sorti d’un film d’horreur, mais ils ont bien existé pour les vénitiens : aux temps de la Sérénissime République de Venise, les Signori di Notte incarnaient la terreur au bénéfice du pouvoir.
Les Signori di Notte (oU Signori della Notte) al Criminàl semblent avoir existé déjà dès le XIIème siècle. Au début, ils étaient seulement deux patriciens, qui deviennent six, un pour chaque sestiere de Venise à compter de 1260.
Leur nom vient de leur principale compétence qui était de veiller sur tout ce qui se passait dans Venise entre la tombée de la nuit et l’aube.
Le 2 mars 1281, il est ordonné que les Seigneurs de la Nuit, pour leur élection, suivront la procédure déjà fixée pour l’élection des Consiglieri. Il est également stipulé que, dorénavant, ils devront garder le quartier du Rialto à la place des Ufficiali Realtini.
Petit à petit leurs pouvoirs furent étendus aux enquêtes sur les vols, assassinats, accusations de bigamie, crimes charnels, le port d’arme, les associations de malfaiteurs, le vagabondage, les viols, la désertion des galères… en outre, il devaient obliger les locataires ayant des arriérés à payer le montant des loyers dus.
Ils se réunissaient dans la la Camera del Tormento du Palis Ducal, les interrogatoires et les procès ayant lieu principalement la nuit, ou au crépuscule, et il était alors procédé à la mise en accusation directe. Si l’accusé n’était heureux de se soulager en disant la vérité, alors ils recourraient systématiquement à la torture de la corde sans qu’il y ait nécessité de la preuve ou de témoins.
Un appel de la Quarantia Criminale pouvait mettre en question leur jugement, à travers les Avogadori de Comùn dont la tâche était de contrôler le respect et l’équité des procédures.
A partir de 1544 on créa les Signori di Notti al Civil, qui se virent transférer une partie de leurs responsabilités : l’applications des jugements étrangers, la vente de promesse, l’éloignement des criminels et indésirables, le remplacement de toutes les institutions qui ne fonctionnaient pas les jours fériés.
Pompeo Molmenti les a décrit sans son La storia di Venezia nella vita privata de 1876.