Elle est canadienne, il est suisse, ils communiquent entre eux en italien. Leur batteur étant allemand, ils parlent avec lui en anglais. Et pour simplifier les choses, c’est en (bon) français qu’ils ont choisi de répondre à cette interview. Un constat qui s’avère très révélateur de la philosophie du groupe Peter Kernel : mélangeons les genres, pourvu que le résultat provoque des étincelles. Et au diable les conventions.
Bonjour Aris et Barbara,
Pouvez-vous nous expliquer d’où vient ce nom, Peter Kernel ?
Aris : On a cherché à allier un nom très commun, « Peter », et à l’inverse un mot très précis, « kernel », qui veut dire le centre, le noyau.
Barbara : On aime beaucoup l’idée d’utiliser des noms de personnes pour désigner des groupes. Ca revient à créer un véritable individu, un peu comme notre enfant.
On entend vos voix alternativement sur l’album ; comment choisissez-vous qui chante d’une chanson à une autre ?
Aris : Ça arrive comme ça, on n’a jamais vraiment décidé de qui devait chanter quoi. Je n’y ai jamais pensé auparavant…
Barbara : Oui moi non plus, c’est étrange comme question ! On utilise les voix un peu comme un instrument. Si l’on sent qu’il vaudrait mieux quelque chose de parlé ou crié, c’est moi qui chante ; et quand ça doit être plus mélodique, c’est Aris.
Trouvez-vous qu’il soit plus difficile de se faire reconnaître sur la scène musicale quand on ne rentre pas dans un genre spécifique ?
Aris : Non, pas tellement. Mais c’est vrai que l’on se sent souvent comme des poissons hors de l’eau quand on participe à des évènements avec des thématiques précises.
Barbara : Par exemple on va être programmés dans des soirées noise ou pop, alors qu’on n’est pas vraiment l’un ou l’autre.
Aris : On fait la musique pour nous, sans penser au genre auquel on se rattache.
Quelque chose d’assez marquant dans votre projet est le mélange d’éléments très intimes avec un aspect beaucoup plus ironique, voire provocateur. Est-ce un choix conscient de votre part ?
Barbara : Oui, le fait que ce soit personnel est la conséquence de notre implication dans le projet, qui est vraiment comme notre enfant. Et en même temps on est très timides, on a ce côté un peu drôle parce qu’on n’est pas toujours à l’aise, notamment sur scène.
Aris : Quand on écrit notre musique on est tous les deux, donc c’est forcément très intime ; c’est tout de suite différent en concert. Mais même si on est des personnes assez tourmentées, on adore rire avec nos amis, on s’ouvre beaucoup.
Justement, est-ce avec ces amis que vous réalisez vos vidéos, ou faites-vous appel à des professionnels ?
Barbara : Nos collaborations se font toujours avec des gens qui nous sont proches ou qui aiment beaucoup la musique. On a déjà essayé de travailler avec des professionnels, mais comme on est des maniaques ils n’aiment pas trop ça…
Aris tu es graphiste à la base, Barbara vidéaste, vous avez tous les deux fait des études de communication visuelle… Comment en êtes-vous arrivés à la musique ?Aris : Je pense que la musique est simplement un complément de nos modes d’expression. On a du mal à s’exprimer avec les mots, donc on utilise beaucoup les images et les sons. A la base, Barbara voulait que je compose la bande-son de l’une de ses vidéos, et c’est comme ça que l’on a commencé.
Barbara : On a ensuite transposé cette bande-son sur scène, et depuis on fait tout pour continuer à jouer sur scène le plus possible.
Est-ce que ces différents domaines auxquels vous touchez constituent un seul et même univers pour vous ?
Aris : Oui, c’est impossible pour nous de les séparer.
Barbara : On fait notre vidéo, notre photo, notre son, notre graphisme, et tout ça ensemble c’est Peter Kernel. Ce n’est pas seulement la musique.
Vous vous êtes rencontrés autour d’une bande-son. Si vous aviez l’opportunité de réaliser une nouvelle BO, pour n’importe quel film, lequel choisiriez-vous ?
Barbara : Un documentaire sur les saumons, ce serait cool.
Si vous pouviez réaliser un clip sans limite de moyens ni de temps, qu’est-ce que ça donnerait ?
Aris : Probablement quelque chose qui ressemblerait à une vidéo sans budget, mais avec des acteurs très chers qui ne feraient rien ou s’occuperaient juste des lumières. Un one-take qui demanderait une semaine de visionnage.
Fréquentez-vous beaucoup les musées ?
Barbara : Non, le monde de l’art nous est assez étranger. On nous a déjà demandé d’organiser une exposition photo, on était un peu embarrassés face aux gens qui épiloguaient à partir de notre travail, sur des choses que l’on n’avait pas du tout voulu dire. C’est aussi pour ça qu’on aime la musique, parce que c’est du concret : tu fais ton album, tu fais tes concerts, les gens aiment ou n’aiment pas.
Du coup, vous prônez une musique sans intermédiaire, vous trouvez que les journalistes sont inutiles ?
Aris : Non, ça dépend ! Mais on veut faire les choses pour le public et non pour les journalistes. C’est pour ça qu’on avait mis en place un système pour les personnes qui avaient précommandé notre dernier album : elles recevaient avec trois CD promo, à distribuer à leurs amis. C’est une philosophie de promotion qu’on aime beaucoup, le contact direct avec les gens.
Et pour terminer, on aime beaucoup la nourriture du côté de JBMT… Avec-vous une astuce culinaire de chez vous à nous faire partager ?
Aris : On est vraiment nuls pour la cuisine… Elle est canadienne, alors je te laisse imaginer !
Barbara : C’est pas vrai ! J’ai des très bonnes idées. Quand tu dois réchauffer les pasta, tu les mets dans la poêle avec du ketchup. C’est la meilleure chose au monde. Et sinon, tu trempes des pommes dans du beurre de cacahuète !
Aris : C’est vraiment dégueulasse.
Amour & ketchup Peter Kernel !
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Peter Kernel, Album « Thril Addict » disponible ici
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