Dimanches d'août de Patrick MODIANO

Par Lecturissime

♥♥♥

Ce que j'ai aimé :

Jean, le narrateur déambule dans les rues de Nice, tentant de se construire un futur quand tout le ramène au passé. Et notamment ce Villecourt, croisé un jour de marché. Pourquoi insiste-t-il pour que tous deux évoquent le fantôme de Sylvia, pourquoi revient-il sur leur relation ? Le narrateur se plonge alors dans ses souvenirs nimbés de mystère. Au fil de ses réminiscences, paradoxalement, le passé se densifie

"Tout finit par se confondre. Les images du passé s'enchevêtrent dans une pâte légère et transparente qui se distend, se gonfle et prend la forme d'un ballon irisé, prêt à éclater." p. 49

Pourquoi Sylvia et Jean ont-ils quitté précipitamment les bords de Marne ? Comment se sont-ils procuré ce magnifique diamant qui ne quitte pas le cou de Sylvia ? Qui étaient les Neal, ce couple mystérieux rencontré à Nice ?

Les fils ténus s'entrelacent pour former un écheveau dans lequel se débat le narrateur et le lecteur. 

"Le jour, tout se dérobait. Nice, son ciel bleu, ses immeubles clairs aux allures de gigantesques pâtisseries ou de paquebots, ses rues désertes et ensoleillées du dimanche, nos ombres sur le trottoir, les palmiers et la Promenade des Anglais, tout ce décor glissait, en transparence." p. 107

En quelques mots, Modiano parvient à nous prendre dans les filets de l'intrigue et à nous envoûter.  En quelques pas nonchalants, il nous plonge dans une atmosphère comme suspendue, saisissant cette sensation éphémère et vaporeuse si difficile à capturer et à enserrer dans des mots.

"Et puis l'air est quelquefois si doux sur la côte d'Azur en hiver, le ciel et la mer si bleus, si légère la vie par un après-midi de soleil le long de la route en corniche de Villefranche, que tout vous semble possible : les chèques des banques anglaises de Monaco qu'on vous fourre dans les poches et Errol Flynn tournant sur le manège du jardin Albert 1er." p. 111

De ce roman se dégage un charme nonchalant évocateur. L'art de Modiano transpose la réalité, la poétise, et la modèle en oeuvre d'art. 

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien.

Présentation de l'éditeur :

Folio 

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Du même auteur : L'herbe des nuits L'horizon ; Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier

D'autres avis :

Lu dans le cadre du Blogoclub sur le conseil de Galéa 

Dimanches d'août, Patrick Modiano, Folio, 1989, 192 p., 6.4 euros