Un peu au radar ce matin, aube grise, je me lève, file à la cuisine les yeux dans les pantoufles, et puis je regarde à travers les vitres qui semblent blanchâtres et je m'exclame : Il NEIGE ! Il Neeeige ! oh la la ! Quel bonheur ! Ce n'est pas réfléchi, c'est le coeur qui bondit, c'est la voix réjouie, il neige ! C'est le petit matin, l'odeur du bon pain, il neige ! Je l'avais sentie venir hier soir dans les frissons inhabituels de l'humidité naissante, ça se sent venir la neige, c'est quelque chose en suspens, tout là-haut, qui vous fait dire : hummm, ça sent la neige ! Et elle est là, touchante de blancheur avec ses flocons moelleux étoilés qui tracent dans le silence une longue traînée poudreuse. Ces petits ronds blancs qu'on a envie de happer au passage, envie d'ouvrir tout grand la bouche pour en attraper au moins un avant qu'il ne s'écrase tout petit mouillé au sol. Si vous n'avez pas envie de courir, de sauter après les flocons, d'essayer d'en avaler un en allant à l'arrêt du bus, c'est que vous avez, pauvre de vous, perdu votre âme d'enfant. Et là, c'est triste... C'est tellement beau la neige ! Ne parlons pas de la gadoue, des glissades malencontreuses, des problèmes de circulation. Non, c'est la neige et c'est beau. Point. Quand j'imaginais pouvoir partir en expatriée dans ces pays où il fait toujours beau, j'avais vécu les saisons avec une acuité toute différente car j'imaginais que je ne pourrais plus sentir la merveilleuse odeur des feuilles mortes ou de voir tomber la neige dans le silence. Quelle chance nous avons d'avoir des saisons ! D'avoir encore de la neige qui tombe, cela semble un petit miracle chaque fois : comment se forment ces milliards de petits ronds blancs, là-haut dans le ciel, pour que ça puisse nous tomber délicatement sur le bout du nez ? Et me voilà le coeur en joie pour la journée !