Faut-il parler un peu du contexte ? Notre narrateur vit à Nice. Il croise une de ses connaissances, Villecourt, et déroule rétrospectivement le fil entre son arrivée à Nice. Rejoint par Sylvia, qui porte au cou un gros diamant, la Croix du Sud, il cherche un moyen de le vendre. Les Neal, un couple d'américains, semble intéressé...
Mais il y a dans ce roman beaucoup plus et beaucoup moins qu'une histoire d'amour et d'argent. On y croise l'ennui et la déchéance d'un homme. C'est un roman dans lequel l'obscurité semble régner ; même en plein soleil, les zones d'ombres gagnent. Ce n'est pas la Nice lumineuse de l'été, c'est une ville froide, dans laquelle les gens se croisent sans se voir, dont les grands hôtels ont perdu leur éclat. Décrépitude des choses et déchéance des hommes, est-ce là le sujet du roman ?
Pas seulement, c'est aussi un roman de l'incompréhension, du regret et du temps qui émousse. Il laisse au lecteur une curieuse impression d'inachevé, de renoncement et de nonchalance. De l'humidité aussi. Celle de ce meublé qui colle à la peau des personnages. Et du lecteur.
Non, on ne saura pas tout, voire on n'en saura de moins en moins à mesure qu'on avance. Car l'écrivain joue avec les apparences et les non-dits, laissant au lecteur le soin de combler ou non les trous.
Je sors de cette lecture avec cette impression de tristesse et de flou, de mystère et de vanité. C'est curieux, presque physique comme sensation. Je crois que j'ai compris de quoi on parle lorsqu'on parle de l'ambiance des romans de Modiano.