Les contreforts montagneux du Taurus commencent dès les bords de la Méditerranée. À partir des rivages battus de blanche écume, ils s’élèvent peu à peu vers les cimes. Des balles de flocons blancs flottent toujours au-dessus de la mer. Les rives de glaise sont unies et luisantes. La terre argileuse vit comme une chair. Des heures durant, vers l’intérieur, on sent la mer, le ciel : odeur prenante.
Après les terres cultivées d’argile unie, commencent les maquis de Tchoukour-Ova. Serrés, et comme tressés, buissons, bambous, ronciers, vignes sauvages et roseaux recouvrent tout d’un vert profond, à perte de vue, plus sauvages qu’une sombre forêt, plus foncés encore.
Un peu plus loin vers l’intérieur, si l’on dépasse d’un côté l’Anavarza, ou de l’autre Osmaniyé, en direction d’Islahiyé, on arrive à de vastes marécages.Les mois d’été, les marais bouillonnent. Ils sont sales, infects, l’odeur en est repoussante : joncs pourris, herbes pourries, arbres, bambous, humus pourris. Mais l’hiver, ce sont des eaux limpides, scintillantes et vives. L’été, la surface est cachée par les herbes et les joncs. L’hiver, elle se dévoile.