Si vous avez soif de pureté, c'est à Wattwiller qu'il vous faut aller. Non seulement pour la qualité de son eau, mais pour la nouvelle exposition de la Fondation Schneider,
"La Collection" dont le commissaire et scénographe est
Gusty Vonville, le nouveau directeur artistique et culturel.
Le jardin de sculptures propose ainsi une exposition permanente des oeuvres emblématiques de la Fondation, que l’exposition la Collection permet de redécouvrir.
Toutes les oeuvres extérieures démontrent ainsi à quel point l’eau est synonyme de jeu et l’on voit apparaitre régulièrement la main de l’artiste qui cherche à canaliser, à transvaser, à remplir, à verser, à éclabousser, donnant ainsi une allure tantôt tumultueuse, tantôt calme avec ce secret désir de revenir au mythe de Narcisse.
Boule d’eau, 2000
Patrick Bailly-Maître-Grand
L'élément conducteur étant l'eau, tout se joue autour de l'aquatique en toute cohérence. Gusty Vonville a réuni autour d'artistes très connus, voire internationalement, d'autres moins célèbres, qui y justifient largement leur place. 3 artistes travaillent dans la région de Strasbourg, Patrick Bailly Maître Grand, Laurence Demaison, d’Ilana Isehayek, les autres viennent d'horizons divers.
Premier événement de l’année 2015 pour la Fondation, l’exposition
"la Collection" met ainsi à l’honneur treize artistes.
Les oeuvres acquises au fil des années réunissent des artistes de renom et des jeunes créateurs.
Les installations, Défaut originaire de Lorella Abenavoli, Wall Piercing de Clément Borderie, 17 sphères dans une sphère de Pol Bury, la Cascade de Thierry Dufourmantelle, le Mont d’Ici de Sylvie de Meurville, la Boule d’eau de Patrick Bailly-Maître-Grand, les Toupies d’eau d’Ilana Isehayek interpellent le Mur de larmes d’Hélène Mugot, l’imposante Star Fountain de Niki de Saint-Phalle, les Eautres de Laurence Demaison, les Recherches photographiques de Meei-Ann Liu, Absence of Water de Gigi Cifali, ou encore l’oeuvre Digital Stones de Fabrizio Plessi.
Gusty Vonville devant la cascade de Thierry Dufourmantelle
Pour l'ancien de Fernet Branca, son premier essai à la Fondation François Schneider est transformé en coup de maître.
Associant des oeuvres issues de la collection, à des oeuvres prêtées par les artistes, ou des créations nouvellement présentées, Gustave Vonville, réalise une présentation fluide et intelligente avec des cartels soulignant la luminosité et permettant une approche littéraire et poétique de l'exposition.
Vous avez pu voir, les expositions passées, consacrées à Fabrizio Plessi, les Talents contemporains 2012 et encore Narcisse, la Fondation choisissant parmi les jeunes artistes émergeants les nouveaux talents, les incluant dans son fonds et leur consacrant des expositions, puis en créant dans le futur une vente aux enchères, qui leur permettra d'être cotés. C'est lors du vernissage du 27 février qu'ont été révélés
les nouveaux talents 2013, qui seront présentés en 2015.
Pour Patrick Bailly-Maître-Grand, l’exposition La Collection dévoile des photographies récentes de l’artiste et une installation, Boule d’eau, (ci-dessus) acquise en 2013 par la Fondation François Schneider. Dans cette installation, la science, l’optique, et l’art se mêlent pour créer un objet fascinant, réceptacle du décor qui l’entoure, telle une photographie. D'autres oeuvres de PBMG prêtées par l'artiste vous permettront de mieux connaître l'inventivité de l'artiste, surtout si vous avez manqué sa dernière exposition au MAMCS et en simultané au musée Nicéphore Niépce en 2014.
Patrick Bailly Maître Grand, Poussières d'eau
C’est sûrement à sa première formation d’architecte que le sculpteur
Thierry Dufourmantelle doit sa passion pour la science des matériaux. Lors d’une résidence à la Casa Vélasquez en 1986, il commence à mettre au point la technique du ciment cloisonné : des formes évocatrices, telles que des croissants ou des silex, sont coulées en ciments, maintenues par des barres d’acier soudées. Leurs surfaces sont traitées d’enduits pigmentés avant d’être poncées. Ces éléments subtilement modelés sont suspendus à une structure rigide par des tiges en métal traçant ainsi un dessin dans l’espace. Dans La Cascade, la sensation de mouvement suggéré par ce dispositif est encore accentuée par la descente progressive des formes. De fer et de ciment, les gouttes aux formes étranges que l’on croit parfois reconnaître descendent en cascade. Elles restent suspendues dans l’espace à des tiges métalliques, comme des marionnettes enfermées dans leur cage en attente de la représentation.
Thierry Dufourmantelle, la Cascade 1988
Installée en France depuis une vingtaine d’année, l’une des préoccupations majeures du travail d’Ilana Isehayek (les toupies d'eau, en lien vidéo plus haut) est de créer un lien entre le passé et le présent, l’histoire et le vécu. A travers un langage sobre, utilisant le bois et l’acier, elle a développé un langage très personnel où les éléments comme les toupies sont récurrents, créant un univers du jeu et de l’aléatoire.
Ilana Isehayek, Round Landscape, 2014 - 2015 Assemblage 440 x 330 cm, bois, liens de serrage
Gigi Cifali, finaliste du concours Talents contemporains 2012 de la Fondation François Schneider, travaille sur la mémoire des lieux liés à l’eau. Dans sa série,
Absence of water, il dépeint l’état de délabrement des piscines et bains publics construits à l’époque victorienne au Royaume-Uni. Ces endroits en vogue au début du XXe siècle, témoignent des changements de conditions de vie et de l’évolution des goûts. Dans cette série, l’absence est ressentie de manière poignante, provoquant un sentiment de nostalgie pour un passé révolu.
Gigi Cifali,Absence of Water, 2009-2012, ensemble de 6 épreuves
Moseley Bath, Birmingham
Chadderton Baths, Oldham Uxbridge Lido, London Eltham Park Lido
Harpurhey Baths, Manchester
Soho Marshall Pool, London
Après la nostalgie, on baigne dans la poésie de Sylvie de Meurville (le Mont d'ici) Sculpteur multimédia, scénographe, directrice artistique, Sylvie de Meurville s’attache aux lieux pour lesquels elle crée mettant ainsi en évidence dans ses créations les particularités de ceux-ci. Conçu en lien étroit avec l’architecture de la Fondation François Schneider,
Le Mont d’ici évoque une géographie immergée faisant référence au Hartmannswillerkopf, sommet qui surplombe le Centre d’Art de la Fondation. Cette montagne fut l’un des principaux lieux de combats de la Première Guerre mondiale.
Les lignes de crête étaient alors désignées par « cuisse gauche » ou « cuisse droite »
tant le paysage était devenu intime aux soldats bloqués sur ce sommet. Sensible à cette personnification de la nature, l’oeuvre prend l’échelle humaine. L’eau arrive par des résurgences capillaires, elle baigne le corps de la montagne puis se déverse dans un bassin inférieur.
Son oeuvre prêtée est toute de délicatesse, le Molkenrain, 2014, ainsi que tous les paysages
stratifiés blancs.
Sylvie de Meurville, Molkenrein 2014, acier verni
Dans ses Recherches photographiques, Meei-Ann Liu, mêle photographie et calligraphie créant ainsi des paysages imaginaires. Dans cette série, elle a juxtaposé le motif de l’eau avec une vue qui ressemble à la surface d’un rocher tout en rappelant une vue aérienne.
Ce jeu savant avec le réel repose sur des différences d’échelle et sur l’association entre certaines formes de la nature, des topographies de paysage abstraites.
Meei Ann Liu, Recherches photographiques
Toujours dans la totale poésie, le mur de larmes et Danaé, ainsi que L’exil et le royaume,
ou encore Le chant des sirènes d' Hélène Mugot
Dans Mur de larmes – une installation composée d’environ 400 gouttes de cristal de tailles différentes piquées dans un mur –, une lumière extérieure naturelle ou artificielle devient partie intégrante d’un paysage de transparence, l’artiste jouant précisément sur les reflets et scintillements de cet élément. Pour Danaé, elle met en scène l’image de la surface de la mer, la source lumineuse provenant cette fois de l’intérieur même de l’oeuvre.
Hélène Mugot, Le chant des sirènes, 1999
The last but not the least, l'incroyable Laurence Demaison, digne compagne de Patrick Bailly Maître Grand, par son art de la photographie, dont le travail photographique est exclusivement dévolu à l’autoportrait depuis 1993. Dans une relation tendue, voire sévère, elle déforme sa propre image, la transforme et la recrée, usant des vastes possibilités qu’offre l’outil photographique. Son objectif tente de matérialiser des images mentales, sans manipulations ultérieures aux prises de vue. Les procédés qu’elle utilise pour nous offrir ces images étranges sont exclusivement ceux de la photographie argentique classique, sans aucun recours à des artifices numériques.
L’ensemble Les Eautres est constitué de 90 photographies qui représentent le reflet du visage de l’artiste dans l’eau en mouvement. Les ondulations de la surface créent des déformations infinies. Avec son appareil photographique, Laurence Demaison a tenté de saisir leurs images à la surface de l’eau,
Pluie 2012 5 photographies, 83 x 60 cm
- Les sources 6 photographies, 120 x 50 cm
- L’eau de là 173 x 93 cm
Laurence Demaison
Catalogue / Quadrichromie
Textes de Viktoria von der Brüggen
© Fondation François Schneider –
ISBN : 978-2-9551772-0-4
Le Centre d’art contemporain Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller Tel: + 33 (0)3 89.82.10.10 Fax : +33 (0)3 89.76.75.49 [email protected] http://www.fondationfrancoisschneider.org
jusqu' au 31 mai 2015
Tarifs
7€
5€ (enfants de 12 à 18 ans, étudiants, séniors, public handicapé,
carte CEZAM, groupe de plus de 10 personnes)
Gratuité : Museums-PASS-Musées et enfants de moins de 12 ans
Horaires d’ouverture
Du mercredi au dimanche : de 10h à 18h
Visites guidées
Sur demande
photos de l'auteur courtoisie de la Fondation François Schneider