Sud du Texas, 1896. Après avoir mis en déroute les
agresseurs d’une famille de pionniers en route pour la Californie, Edmund
Fischer se cache avec la seule survivante de l’attaque dans une hacienda en
ruines, persuadé que le reste de la bande va revenir se venger. Commence alors
une longue nuit d’attente au cours de laquelle, pour éviter de sombrer dans le
sommeil, le vieil homme va raconter sa vie à la voyageuse. Et quelle vie !
Orphelin élevé par les comanches puis par un trappeur, participant à la guerre
de sécession aux cotés des armées sudistes, devenant ensuite chasseur de
bisons, perdant femme et enfant après un raid indien contre sa ferme pendant
son absence, il finira homme de mains d’un riche marquis venu de France avant
de repartir sur les pistes poussiéreuses, revolver à la ceinture.
Au-delà du western, Tiburce Oger raconte la véritable
histoire de l’Ouest américain, loin des clichés hollywoodiens. Il dépeint des
pionniers miséreux partant vers un hypothétique eldorado que beaucoup n’atteindront
jamais, il met en scène des indiens et des cow-boys sans le clivage entre
les bons d’un coté et les méchants de l’autre.
L’épisode sur l’extermination des bisons est on ne peut plus véridique, comme
la lutte acharnée et sanglante entre propriétaires terriens.
Un album très documenté, donc, violent et sans concession,
comme l’était le Far West à cette époque. Un album superbe aux nombreux plans
larges magnifiant les paysages, au découpage nerveux et inspiré et surtout aux
dessins sublimes d’un auteur dont on reconnaît le trait au premier coup d’œil.
Les couleurs sont parfaites et les quelques illustrations pleine page insérées
au fil du récit sont à tomber par terre. Bref, tant sur le fond que sur la forme, si
on aime le genre, une lecture
incontournable !
Buffalo Runner de Tiburce Oger. Rue de Sèvres, 2015. 78
pages. 17,00 euros.