Le Koweït a rouvert son ambassade au Yémen, mais a déplacé ses
services diplomatiques de la capitale Sanaa, sous contrôle d'une milice
chiite, à Aden (sud) où siège désormais le gouvernement.
"Dans le cadre des efforts pour soutenir la légitimité
constitutionnelle du Yémen, représentée par le président Abd Rabbo
Mansour Hadi (...) le Koweït a décidé de rouvrir son ambassade dans la
ville d'Aden", indique un communiqué du ministère des Affaires
étrangères publié tard vendredi par l'agence Kuna. Selon le ministère,
cette décision a été prise en concertation avec les diplomaties des six
pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) : Arabie saoudite,
Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar. L'Arabie saoudite
et les Emirats ont également annoncé la réouverture de leurs ambassades à
Aden, devenue de facto la capitale du pays depuis que le président Hadi
s'y est installé le 21 février.
Elu en 2012 lors de la première élection au suffrage universel de
l'histoire du pays, M. Hadi est parvenu à échapper à l'attention des
miliciens chiites dits Houthis qui le maintenaient en résidence
surveillée depuis un mois à Sanaa. De nombreux pays - dont la
Grande-Bretagne, la France et la Turquie - ont fermé leurs ambassades à
Sanaa, tombée aux mains des miliciens Houthis en septembre.
Dès son arrivée à Aden, qui fut la capitale du Yémen du Sud, pays
indépendant jusqu'en 1990, M. Hadi a "retiré" la démission qu'il avait
présentée en janvier sous la pression des Houthis, et déclaré "nulles et
non avenues" toutes les mesures prises par les miliciens.
Nouvelle attaque de drone contre el-Qaëda
Trois combattants d'el-Qaëda ont été tués samedi avant l'aube dans
une attaque de drone probablement américain dans le sud du Yémen, un
fief du réseau extrémiste, a-t-on appris de source tribale. Le drone
-type d'appareil que les Etats-Unis sont les seuls à utiliser dans la
région- a "pris pour cible un véhicule transportant trois membres
d'el-Qaëda qui roulait dans le village de Bijane dans la province de
Chabwa", a précisé cette source. Les trois passagers ont été tués et
leurs corps carbonisés.
Malgré la situation très instable au Yémen, le président américain
Barack Obama a affirmé le 25 janvier sa détermination à continuer à
combattre el-Qaëda dans ce pays. Début février, el-Qaëda dans la
péninsule arabique (Aqpa) a admis la mort de l'un de ses chefs, Hareth
al-Nadhari, dans un raid de drone américain le 31 janvier dans le sud du
Yémen. Ce pays, allié de premier plan des Etats-Unis dans la lutte
contre el-Qaëda, est plongé dans une profonde crise qui s'est accentuée
avec la prise du pouvoir à Sanaa, le 6 février, par la puissante milice
chiite des Houthis.
Selon la Fondation New America, les États-Unis ont mené plus de 110
frappes aériennes au Yémen depuis 2009, principalement en utilisant des
drones. Considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du
réseau extrémiste, Aqpa a revendiqué l'attaque contre l'hebdomadaire
satirique français Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts à Paris le 7
janvier.
La situation sécuritaire au Yémen est précaire depuis le départ, sous
la pression de la rue, de l'ex président Ali Abdallah Saleh en 2012.
L'insécurité qui règne à Sanaa a été illustré par le rapt mardi d'une
jeune Française, Isabelle Prime, et de son accompagnatrice yéménite
Chérine Makkaoui, dont le sort restait inconnu samedi. Cet enlèvement
n'a pas été revendiqué.
Source : Lorientlejour