La fin de mois est difficile ? Vous chercher un moyen facile de gagner de l’argent ? Eh bien, pourquoi ne pas faire du skinvertising? Cette pratique, qui consiste à se tatouer le nom d’une marque sur une partie apparente de son corps pour lui faire de la publicité est de plus en plus répandu. Vous aussi, faites vous tatouer Air France sur le bras, Brazzers sur le front et Facebook sur les fesses. Bienvenue dans le monde fou du tattoo marketing !
L’avènement d’une tendance
L’un des initiateurs de cette tendance est le boxeur américain Bernard Hopkins, qui a accepté en 2001 de se faire tatouer temporairement « goldenpalace.com », une marque de casino en ligne, sur le dos pour 100 000$ durant un match de championnat de boxe. Puis, en 2005, l’étudiant américain Andrew Fisher eu la folle idée de mettre aux enchères son front sur Ebay dans le but de se faire faire un tatouage publicitaire temporaire. Eh bien si vous aussi vous demandez quelle entreprise est assez bête pour le louer plus d’un dollar, dites vous que la compagnie américaine Snorestop a loué son front pendant 30 jours pour 37 375$ ! Cela signifie en outre que, pendant un mois, son front à lui seul lui a rapporté la bagatelle de 1245$ par jour.
Depuis le skinvertising a pris de l’ampleur. Dorénavant, les gens sont mêmes prêts à se faire tatouer le nom d’une marque de manière définitive. Pour 1000$ le tatouage, Billy Gibby, autrement connu sous le surnom de Hostgator Dotcom, a accepté de se faire tatouer plus d’une dizaine d’adresses web ou nom de sites pornographiques sur le visage. En difficulté financière, il a affirmé durant une interview avoir fait une telle chose pour être sûr d’être capable de pourvoir à sa famille. Quant à Kari Smith, jeune femme originaire de l’Utah, elle a décidée de se faire tatouer définitivement « Goldenpalace.com » pour 10 000$.
Le développement d’un nouveau marché
Certains entrepreneurs voient dans cette nouvelle tendance une réelle opportunité de gain. C’est ainsi que se sont développés ces dernières années des sites spécialisés qui offre à des particuliers des opportunités de faire du skinvertising. Le site leaseyourbody.com met en relation les marques et les personnes souhaitant faire du skinvertising. N’importe qui peut créer son profil sur le site et expliquer pourquoi il ferait un bon spot publicitaire.
Rencontrez « Sarahdee », jeune femme américaine d’une trentaine d’année qui affirme être le nec plus ultra des spots publicitaires. Elle se dit ouverte et avenante, et son travail lui offre une forte visibilité. Dans son profil, Sarahdee établit une liste des parties de son corps qu’elle serait prêt à se faire tatouer, et y associe à chaque fois un prix. Sachez que pour mettre le nom de votre association ou de votre entreprise sur son avant-bras, cela vous coûtera 300$, mais il faudra débourser 500$ pour un tatouage dans le bas du dos.
J’en entends déjà crier au scandale. Car si le tattoo marketing est un moyen facile de se faire de l’argent, il met à mal nos bonnes mœurs en créant une réelle marchandisation du corps humain.
Le « tattoo marketing », la plus efficace des publicités ?
Pour certains, il ne fait aucun doute que cette nouvelle forme de publicité est amenée à prospérer, car ils considèrent que le corps constitue un excellent support publicitaire. En effet, le corps humain est constamment en mouvement, et il est visible à tous (au travail, dans les transports, au supermarché). Le corps humain jouit d’une extrême visibilité, ce qui explique grandement l’efficacité du skinvertising.
Plus encore, même les personnes pouvant être choquées par ce genre de tatouage auront plus tendance à se rappeler du nom de la marque. Ainsi, cette forme de publicité joue aussi autour de la provocation et de la polémique qu’elle provoque.
La plupart des gens qui acceptent cette sorte de tatouage ont des professions artistiques ou tournées vers le spectacle. Le boxeur Bernard Hopkins constituait un excellent « support publicitaire » étant donné la grande visibilité dont il jouissait. En tatouant son nom sur le dos du boxeur, Goldenpalace espérait aussi être associé à l’image positive que reflète le sport.
Des Etats-Unis jusqu’au Japon : une aubaine pour les étudiants
Bien que cette pratique puisse sembler incongru pour la grande majorité d’entre nous, nombreux sont ceux prêts à tenter le skinvertising, du moins temporairement, pour se faire de l’argent. Cette pratique est particulièrement prisée par les étudiants.
C’est ainsi que deux étudiantes de Cambridge, Ross Harper et Ed Moyse, ayant des difficultés à rembourser leur prêt étudiant exorbitant ont décidés de créer le site BuymyFace. Le concept est simple : chaque jour, vous pouvez vous peindre le logo sur le visage d’une entreprise différente, selon le calendrier établie, pour lui faire de la pub. De nombreuses entreprises ont été intéressées par ce service, dont Ernst&Young qui affirme avoir grandement bénéficié de ce service grâce à une notoriété accrue auprès des étudiants. Les deux étudiants anglais affirment avoir gagné ainsi plus de 35 000£ en 6 mois de location de leur visage, de quoi rembourser leur prêt étudiant.
Le tattoo marketing s’est aussi fortement développé au Japon, mais d’une manière tout autre. Il est essentiellement pratiqué par les jeunes femmes, qui, pour une durée de 8 heures, vont se faire tatouer temporairement les cuisses, puis se promener dans les rues de la ville pour offrir une forte visibilité à la marque. Pour ce service, elles peuvent recevoir jusqu’à 80 € en une journée, une aubaine pour les étudiantes nippones. La rémunération des ambassadrices de la marque dépend de la clarté du tatouage et de la visibilité de la personne en question.
Est-ce vraiment réaliste ?
Toutefois, si de nombreuses personnes considèrent que le skinvertising peut être un moyen simple de gagner de l’argent, il n’en reste pas moins qu’une grande partie des personnes l’ayant fait nourrissent de nombreux regrets des années plus tard. Ce n’est qu’avec du recul que Billy Gibby et Kari Smith se rendent compte qu’ils se sont défigurés.
Le skinvertising peut même devenir un cauchemar lorsque la firme en question fait faillite. Cela signifie que les tatouages perdent toute utilité marketing et économique. Ce fut notamment le cas pour Billy Gibby, qui doit toujours marcher dans la rue avec des noms de sites pornos n’existant même plus tatoués sur le front. Billy Gibby a aussi admis au cours d’une interview avoir énormément de mal à retrouver un emploi. Suite à l’apparition de ses tatouages, il avait perdu son emploi à la poste. Sans doute que les clients étaient dérangés par le « XXXhomevideo.com » tatoué en gras sur son front.
Il n’est pas dit non plus que vous puissiez trouver acheteur. Récemment, le français Remi Chalier Trueba a affirmé qu’il se tatouerait Facebook sur les fesses s’il obtenait 150 000 dons d’un euro chacun. Aux dernières nouvelles, il n’aurait obtenu que deux euros, mais Remi garde espoir. Quant à Facebook, rien n’est certain que la firme apprécie réellement ce genre de publicité.