Il suffit d’avoir à disposition des installations adéquates et tout devient beaucoup plus facile. C’est notamment le cas pour le cyclisme sur piste et les Français l’ont prouvé à l’occasion des derniers championnats du monde.
Un retour spectaculaire au sommet avec cinq médailles d’or et deux de bronze. La France qui gagne : ce pourrait être le nouveau slogan en vogue après cinq soirées de compétition qui ont enflammé le nouveau vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Un bilan exceptionnel qui va au delà des espérances et qui tranche avec l’échec collectif des Britanniques, grands triomphateurs des JO de Londres en 2012 (7 titres, 9 podiums en 10 épreuves), mais qui cette fois, à l’image de leur sprinter Jason Kenny, ont coulé à pic ! Avec des questions qui se posent, tant leur supériorité était apparue aussi impressionnante qu’inattendue…
Incontestablement la piste française a su magnifiquement profiter de sa nouvelle enceinte couverte. Elle règne sur la vitesse par équipes et individuelle avec les Sireau, D’Almeida, Baugé et Lafargue, le kilomètre et le keirin avec le tonique François Pervis et a fini en beauté avec Coquard-Kneisky qui ont rappelé qu’elle fut jadis une fameuse école de Six Jours. Le résultat le plus inattendu et encourageant est toutefois la médaille de bronze obtenue par Julien Morice en poursuite derrière le grand espoir suisse Stefan Küng et le recordman du monde australien Jack Bobridge, alors que l’Anglais Andrew Tennant n’est que cinquième.
Sans Wiggins, sans Hoy, sans Victoria Pendleton notamment, le cyclisme britannique n’est plus le même. Il est naufragé et pour la première fois depuis 2001 n’a récolté aucun titre mondial ! L’histoire nous confirme que rien n’est jamais acquis et qu’il est difficile de se maintenir longtemps au plus haut niveau. Les champions passent, les générations se succèdent et à chaque fois il faut remettre l’ouvrage sur le métier. Un cycle immuable qui oblige à se remobiliser et qu’a bien connu la Suisse après les périodes Dill-Bundi/Freuler et Risi/Betschart/Marvuli notamment.
Petit pays, sans beaucoup de licenciés, la Suisse possède trois vélodromes (Genève, Aigle, Granges) en plus de la cuvette en plein air de Zurich-Oerlikon. Certes, les moyens financiers sont maigres mais ces installations permettent un travail de formation qui porte ses fruits grâce à un entraîneur de qualité (Daniel Gisisger) et une relève qui s’affirme progressivement sur le plan international. Sixième par équipes, la Suisse vise une sélection pour les JO de Rio en 2016 en espérant qualifier aussi pour l’omnium son représentant, l’éclectique Gaël Suter. Diamant à l’état brut, aussi à l’aise sur route que sur piste, Küng (21 ans/1m92) est la locomotive inespérée qui tire tout le groupe vers le haut.
Avec quatre titres mondiaux, quatre médailles d’argent et trois de bronze, l’Australie présente le meilleur bilan collectif, mais les médailles d’or ont toutes été obtenues par ses représentantes féminines : poursuite par équipes, poursuite (Rebecca Wlasak), omnium (Annette Edmondson) et keirin grâce à Anne Meares, toujours là à 31 ans. Un peu comme l’Allemagne avec trois consécrations dont deux pour ses filles : Kristina Vogel en vitesse et Stéphanie Pohl dans la course aux points, et une seule pour Lucas Liss (scratch). Mais la présence de l’Allemagne et de l’Australie, comme celle de la Russie (deux titres et deux médailles d’argent), se vérifie dans toutes les disciplines et ce constat est sûrement un gage d’avenir.
Alors que la Belgique semble toujours en perdition, l’Italie parvient à se maintenir dans le coup grâce à l’omniprésent Elia Viviani (3ème de l’omnium et vice-champion du monde de l’américaine avec Bertazzo, à seulement 1 petit point de la France). La bonne surprise des ces Mondiaux est toutefois venue de la Colombie avec le titre mondial de l’omnium pour le jeune Fernando Gaviria Rendon (20 ans), une semaine après avoir gagné au sprint deux étapes du Tour de San Luis (Argentine). Une révélation qui lui vaut un contrat de deux ans dans l’équipe Etixx-Quick Step de Cavendish, en compagnie d’un autre autre espoir colombien, le grimpeur Rodrigo Contreras (20 ans aussi).
Bertrand Duboux