Souvent la question se pose de savoir ce qu’est le propre de l’homme. Obnubilé par le besoin de se différentier de l’animal, l’homme cherche à identifier sa spécificité, son ipséité. Depuis François Rabelais, il est d’usage de dire que le rire est le propre de l’homme. Mais, depuis 1574, la connaissance des animaux s’est approfondie et il est apparu que le rire est aussi une caractéristique que possèdent les grands singes, les delphinés et d’autres encore. Vexé d’être dépossédé de cette différence, l’homme a alors avancé qu’il était le seul à avoir conscience de lui-même. Hélas, là encore il lui a fallu en rabattre. En effet, des expériences ont montré que certains animaux possèdent cette faculté, comme les éléphants, les singes, les delphinés, et d’autres. Que reste-t-il alors ? A bien y réfléchir, on serait tenté de penser que, seul, l’homme a conscience de sa mort et de sa finitude. A son détriment d’ailleurs : « Penser à la mort, c’est mourir deux fois » (Cioran). Mais, alors, que penser des animaux qui, sur la fin de leur vie, s’isolent pour mourir ? Qu’est-ce qui les poussent à cette démarche, si ce n’est le sentiment prémonitoire de leur mort ? Cela ne s’appelle-t-il pas la conscience de la mort ? Les croyants catholiques peuvent identifier le propre de l’homme dans le choix qu’il a fait à l’origine de choisir un destin plutôt que l’éternité. Mais ce choix originel fondamental n’est qu’une utopie, l’homme descendant des premières bactéries marines qui n’ont jamais fait aucun choix.