Encore un matin, un matin pour rien. L’effet Charlie vient de se voir englouti par le vomi radiophonique de la nouvelle chanson des Enfoirés, « Toute la vie ». Dans une société à deux vitesses où il était déjà de bon ton de stigmatiser ces salauds de jeunes qui font rien qu’à pourrir l’ambiance en attendant l’héritage du petit pavillon familial et les clés du Kangoo, JJ Goldman le cycliste préféré des français, qui roule sur l’or depuis 15 ans au lieu de faire des disques, ce branleur, est sorti de sa retraite pour livrer cette petite chanson teigneuse et nauséabonde à un parterre de fans réac et rétrogrades qui n’en demandaient pas tant. Lui qui put aller au bout de ses rêves en écrivant de la daube pendant 30 ans, en veut aux jeunes qui fumeraient de l’herbe pour atteindre les leurs. On est contents de voir que M Pokora ou Michael Youn, dont les cibles préférées sont les 10-15 ans, cautionnent ce genre de message, histoire de garder leur place au chaud entre Mimie Mathy et ce bon vieux Mc Solaar dans cette bouillie sonore qui est à la chanson française ce que les Restos du Cœur sont à la gastronomie étoilée. Eradiquer la misère solutionnerait efficacement ce problème annuel, mais il semble que ce soit loin d’être gagné. Tous les enfants de France n’ayant pas des parents millionnaires et rentiers de la Sacem pour les aider à se lancer dans la vie active, c’est vrai qu’il en faudra du courage pour affronter les frimas à venir et trouver des emplois motivants et rémunérateurs que des patrons quinquas et débonnaires détruisent à longueur d’année pour payer les liftings de leurs actionnaires de Floride. Où qu’on accueille comme chez Sanofi avec la petite enveloppe qui va bien, remède miracle d’une industrie déjà milliardaire où l’employé moyen use cependant plus souvent du suppositoire pour se soigner.
C’est d’ailleurs par ces mêmes voies que passera désormais le 49,3, thermomètre en surchauffe d’une politique malade de ses tiraillements et de ses lois indigestes. Pour les autres, profitez bien de la grippe, mouchez-vous souvent, lavez-vous bien les mains et évitez d’embrasser n’importe qui avant le retour du printemps et des pollutions au pollen. Les plus résistants d’entre vous auront la chance d’assister en prime time à l’Apocalypse, prévu pour janvier 2023, juste après la Coupe du Monde hivernale de ces enculés de la FIFA au Qatar, les princes ayant dealé aussi avec les hautes instances divines pour que le spectacle puisse avoir lieu avant l’engloutissement général et le sacre de Paul Pogba. Contrairement aux Oscars, où il fut de bon ton cette année de se calmer sur les Noirs, après une année surchargée (Le Majordome, 12 Years a slave…). Aucun acteur nommé, mais un petit spectacle en live pour se faire pardonner et faire pleurer les afro-américains au son de John Legend et sur les images d’un Martin Luther King qui aurait sans nul doute apprécié les avancées raciales dans un pays où le policier blanc est toujours le plus fort mais dans lequel on peut désormais s’asseoir n’importe où dans le bus. Alors que le mexicain, lui, reprend du poil de la bête depuis 2 ans, n’étant plus seulement l’emblème des cuisines de fast food bondés, mais venant faire la nique à Fincher et Nolan sur leurs terres sacrées de réalisateurs hollywoodiens. Cuaron et Inarittu en maîtres du monde, on prend, en attendant la vague chinoise pour les prochaines éditions. Mais peu importe le réalisateur pourvu que le film soit excitant, pensent les foules féminines venues s’encanailler devant 50 Shades of Grey. 2 millions de spectateurs pour un film qu’on n’aurait à peine regardé sur la 5, à l’heure de YouPorn et de Lars Von Trier, on peut s’interroger légitimement sur la détresse sexuelle de certaines et leur envie d’émancipation par la fessée! Ce qu’il manque clairement à cette nouvelle génération d’assistés ! Il faut voir comment certaines jeunes filles de 22 ans me parlent sur Tinder, c’est indécent.
Souhaitons simplement que cette génération libre, connectée, lucide et insoumise ne passe pas « toute la vie » à devenir des gros cons réacs et parvenus. Et il y a de l’espoir : eux au moins n’ont pas grandi avec Jean-Jacques Goldman comme emblème.
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