On n’écrit pas très souvent à la première personne et c’est un choix éditorial (oui, on se la pète), mais une fois n’est pas coutume, parlons chiffons musicaux avec un JE.
Un jour que je m’extasiais devant la pochette de Dangerous de Michael Jackson, peut-être avais-je 8-9 ans, ma sœur ainée en pleine adolescence, me dit de manière dédaigneuse : « Si tu veux, je te le donne, c’est trop commercial ! »
Dans ma petite tête, je ne comprenais pas ce concept de « commercial » parce que forcément chaque artiste sortant un disque espère bien qu’il se vendra. Mais c’est quoi alors, une musique commerciale ? Est-ce qu’il y a une recette magique à ça ? Est-ce que ça se reconnait ?
Alors si j’ai bien compris le raisonnement de ma sœur à cette époque : c’est des chansons calibrées parfaitement pour qu’elles restent dans la tête et donc les gens finissent par acheter l’album ou le single en question. C’est donc un vrai calcul mathématique. Certes, il y a des exceptions qui pensent ainsi mais intéressons-nous aux artistes qui composent et écrivent tout seul. Est-ce qu’ils se disent : « Bon, faut que j’écrive un tube » ? Sûrement à un moment donné, ils en rêvent tous et c’est d’ailleurs bien normal. Mais ce n’est pas forcément évident de fonctionner comme ça lorsqu’on fait de la musique.
En théorie, la composition d’un morceau n’est pas calculée de cette manière. Tu marmonnes des trucs, tu essaies et quand ça ressemble à peu près à une chanson, tu l’enregistres. Et tu peux mettre beaucoup de temps à enregistrer la bonne version de cette chanson, celle qui convient vraiment à ce que tu souhaites faire passer.
Après, pour faire un bon plan commercial, il faut que derrière, les radios et les chaines musicales relaient le morceau en boucle, histoire de bien enfoncer le clou. Si tu peux figurer dans la BO d’un film ou d’une pub, c’est aussi très bien. Et hop, ça se vent à millions d’exemplaires (enfin de MP3 maintenant) et tout le monde est content.
Sauf que si c’était aussi simple, ce serait trop bien, non ?
Et puis en quoi, être commercial, est-ce si péjoratif ? Parce que dans l’inconscient collectif, un artiste se doit être misérable, passionné et passionnant, et s’en fiche de vendre des disques. Sauf que ce n’est pas vrai. Et, de nos jours, avec la cacophonie musicale ambiante, si tu veux pouvoir te payer à manger, il faut bien te démarquer, faire quelque chose de plus. Etre celui ou celle qui chante le plus fort.
Mais, ce n’est pas parce que ça se vend, que c’est nul. Après tout, Stromae écrit des bons morceaux, par exemple. En soit, Michael Jackson, c’est peut-être quelque chose de « commercial », de catchy mais ça n’enlève en rien son génie de l’époque de Thriller et Off The Wall. Pourquoi tout le monde aurait envie de danser encore sur ses morceaux 30 ans plus tard ?
Donc, si tu vends, c’est pas grave. Tant que ça reste de la bonne musique !