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Ah bon, on est à l’os ? Ah bon, on fait ce qu’il faut ?

Publié le 27 février 2015 par H16

On l’a dit, on le répète : la situation est grave parce que l’austérité frappe la France de plein fouet, pif, paf. Partout, les élus, âpres à la dépense et conscients de leur énorme responsabilité si un déficit trop gros venait à obérer les finances publiques, font assaut d’inventivité pour tailler dans les services obèses, couper les charges indues et affûter les budgets au plus près.

Bien sûr, cela provoque de la grogne, des cris et des grincements de dents chez ceux qui sont les premiers touchés par ces mesures courageuses. Ainsi, le ministère de la Culture a-t-il pu mesurer les difficultés à assécher les robinets d’argent public et l’impitoyable dureté des éléments se déchaînant sur le monde des Arts a même fait l’objet d’une carte dédiée. Dans les collectivités territoriales, la main ferme de l’État refuse d’ouvrir un peu la bourse publique, et les élus locaux sont donc confrontés à de douloureuses décisions et doivent faire preuve de créativité pour dégager des marges de manœuvre et faire des économies. Il faut dire que d’après la Cour des comptes, ces collectivités n’ont encore fait que peu d’efforts pour réduire leurs dépenses de fonctionnement (notamment en personnel). Serrer la vis s’impose donc avec urgence pour redresser les finances du pays.

Et les résultats sont là ! Grâce à ces mesures inédites dans un pays jadis habitué à la dépense, Christian Eckert, le secrétaire d’État au Budget, a eu le plaisir d’annoncer que la masse salariale des collectivités locales avait bondi de 4% l’an dernier après une progression de 3.1% en 2013 ce qui est très … heu… Bondi ? Quoi ? Hein ?

Vous voulez dire qu’en cette période de disette budgétaire et alors que le déficit de l’État pour cette année ne devrait pas être inférieur à 70 milliards d’euros, nos élus sont infoutus non seulement d’arrêter les embauches, non seulement n’arrivent pas à se contenter d’embaucher autant que l’année précédente, mais qu’ils sont infoutus de s’empêcher d’augmenter encore le nombre d’embauches d’une année à l’autre ?

tout ceci est parfaitement normal

Non ! Ce n’est pas possible. Si cela se savait, cela déclencherait, à n’en pas douter, un mouvement de grogne sans précédent chez ces Français qui payent, chèrement, ce genre de gabegies.

Et alors qu’on entend partout l’orchestre philharmonique d’instruments à vent, pipeaux et flûtes de l’Élysée, jouer sa célèbre rhapsodie « On fait 50 miyards d’économies », il est impensable de lire en parallèle que les dépenses publiques ont encore augmenté, pour atteindre 57.7% des richesses produites, un chiffre jamais atteint auparavant.

Pourtant, pourtant, rappelez-vous, on a bien dit partout que l’austérité frappe les Français ! On a même entendu, partout, sur les plateaux télé, à la radio, on a lu dans moult éditoriaux d’une presse massivement subventionnée que la crise obligeait des économies dans les services publics (que le monde nous envie) à tel point que ces services sont menacés au moment même où les Français en ont le plus besoin (bien sûr) !

Nous aurait-on menti ? Nos élus nous bobarderaient-ils le visage sans vergogne ? Ne se foutrait-on pas un petit peu de notre gueule ?

Oh, ce serait du populisme que dire ça. Il semble évident que, derrière les masses ventripotentes qui siègent à l’Assemblée et au Sénat se cachent des hommes et des femmes respectueux des Français et de leurs finances, qui n’ont à cœur que le bien-être du contribuable si souvent mis à mal. D’ailleurs, c’est précisément pour cela que jamais, ô grand jamais, ces élus ne voteraient, en pleine crise, une loi pour augmenter encore (encore !) les indemnités de certaines catégories de hauts fonctionnaires.

Jamais.

Ah tiens, si.

bonification indiciaire

Apparemment, même en période de crise, on peut être élu de gauche, qui pense au peuple qui trime, ou de droite, qui fait attention aux deniers publics, et voter dans une belle décontraction une augmentation pour des hauts fonctionnaires alors qu’il est plus que temps que toute augmentation, toute nouvelle embauche soit parfaitement et totalement proscrite.

Mais à bien y réfléchir, peut-être que ces votes d’augmentations, peut-être que ce déni des uns et des autres (Delaunay, qui estime sans rire que « L’État et les collectivités sont générateurs d’emplois » ou Philippe Laurent, président de la Commission des finances de l’AMF, Association des maires de France, qui rétorque simplement qu’« Il ne peut pas en 2014 y avoir 4% de progression de la masse salariale »), peut-être que cette parfaite déconnexion avec la réalité explique assez bien le constat sans échappatoire possible que, non, non, l’austérité n’a toujours pas commencé en France ?

dépenses administrations publiques - 2013

Peut-être cette préoccupation à continuer le train-train quotidien des dépenses fumistoïdes, des gabegies décontractées et le déni douillet qui les accompagne expliquent-ils que non, loin s’en faut, le gouvernement, les politiciens et les administrations sous leur responsabilité ne font absolument pas ce qu’il faut, et ont même la furieuse tendance à accroître le problème ? Par exemple, alors que tous ceux qui ont encore un contact avec le réel ont bien compris que l’un des gros problèmes qui plombent le pays est le poids des charges, comment interpréter un petit amendement ajouté lors du vote de la loi de finance de Sécurité sociale pour 2015, petit amendement qui ouvre grand la porte à l’obligation de payer des cotisations pour les gérants minoritaires non salariés ? Tout comme les centaines de bonnes idées précédentes (depuis la loi Macron jusqu’à la loi Consommation en passant par d’autres), toujours motivées par les meilleures intentions, et déclenchant toujours les pires catastrophes, comment ne pas voir ici à l’œuvre une bonne dose de crétinerie ou un désir pervers d’emmerder encore un peu plus certaines personnes ?

Comment ne pas voir, devant l’accumulation de ces débilités néfastes, que nos élus sont maintenant prêts à raconter n’importe quelle bêtise pour faire perdurer la situation tant qu’elle leur est profitable ? Comment ne pas voir leur déni, et comment ne pas voir qu’au final, … ce pays est foutu ?

on appelle cela du foutage de gueule

Ah bon, on est à l’os ? Ah bon, on fait ce qu’il faut ?

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