Les emmerdements volent en escadrille et le politiquement correct revient en boomerang, aurait pu observer, les yeux levés au ciel, le regretté Michel Audiard. Voilà ce que notre François de souche présidentielle a dû se dire après une formule supposée malheureuse qui a mis la pauvre Filippetti dans tous ses états. Quelle poisse que ce dîner du Crif ! D’habitude, ce ne sont pas les socialistes et encore moins leur président que la police de la pensée traque impitoyablement. Mais un dérapage est vite arrivé.
Tout ça pour ça ... Cukierman, président du Crif, note que de jeunes musulmans sont aujourd’hui à l’origine des pires actes anti juifs en France et dans le monde, vérité d’évidence que les bien pensants ont aussitôt masquée en se focalisant sur les dégradations dans le cimetière de Sarre-Union. Boubaker est alors monté sur ses grands dromadaires en boudant l’invitation de Cukierman. Hollande, plus à son aise en juge de proximité qu’en président de la République, a fini par les réconcilier à l’Elysée.
Cukierman a fait repentance. Il ne voulait pas stigmatiser ou amalgamer, les deux verbes les plus détestés de la nomenklatura française. Il sera pardonné. L’important est que Marine Le Pen reste dans son ghetto. Nos chasseurs de mauvaises pensées en oublieraient presque que le Front national vient de dépasser les 30 % d’intention de votes aux cantonales, élections qui ne lui sont pourtant pas favorables du fait de son absence d’implantation dans de nombreuses zones rurales.
Cette comédie en pantalon de zouaves ne fait que renforcer l’image de déconnexion qu’une petite caste nombriliste suscite dans le reste de la population. Ce groupuscule, ultra-minoritaire en nombre mais ultra-dominant en influence médiatique, épie la moindre sueur et la plus petite intonation pour vérifier qu’aucun de ses membres n’est atteint du mal populiste, islamophobe, raciste ou antisémite. On se croirait dans la série des années 1960 «Les envahisseurs», avec leur petit doigt levé.
Bah, tout cela aura permis de parler une semaine de plus d’autre chose que des chômeurs, dont les effectifs ont augmenté de 600 000 heureux élus depuis qu’Hollande est président, d’incapacité de l’Etat à se réformer et de hausse des déficits.
2 - Les collectivités locales se portent bien, leurs contribuables moins !
Car un chiffre aurait dû faire la «une» des journaux cette semaine bien plus que le dîner du Crif. Il reflète la paralysie administrative française, à peine masquée par des réformes cosmétiques incessantes. Lors d'une réunion avec des députés de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, le secrétaire d'État au budget, Christian Eckert a en effet révélé que la masse salariale de la fonction publique locale a crû 4 % en 2014.
Les modifications de ses contours et de ses attributions n’y changeront rien : le léviathan clientéliste local continue de grossir inexorablement.
Aux estimations bidons des déficits que le gouvernement envoie à Bruxelles et que les bureaucrates de la Commission font semblant de prendre au sérieux, il conviendra en outre d’ajouter bientôt les centaines de millions que l’Etat a décidé d’allonger au bénéfice des hôpitaux et des collectivités locales qui ont eu la brillante idée de s’endetter en francs suisses. Quant aux milliards perdus par Areva et que l’Etat actionnaire devra prendre à sa charge, mieux vaut ne pas en parler. On ne sait jamais quelqu’un pourrait nous lire à Bruxelles ou Francfort.
3 - L’incroyable stagnation
On connaît la tactique de Hollande : attendre que la reprise arrive, faire entre temps du chantage à l’explosion de l’Euroland pour que nos partenaires ne nous contraignent pas à de vraies réformes et, à la marge, pressurer ceux qui votent mal.
La baisse de l’euro, couplée à la divine surprise de celle des taux d’intérêt et du pétrole et à l’arrivée de la monnaie de singe imprimée par Draghi, devrait d’ores et déjà créer un véritable boom économique. Mais on ne ressent encore que de timides soubresauts. Pourquoi ? Tout d’abord, l’euro ne se déprécie qu’insuffisamment et tardivement. Il baisse à raison de nos difficultés plus qu’à celle d’une politique mûrement réfléchie. De nombreux autres pays, Japon, Brésil, Indonésie, etc. ont vu leurs monnaies reculer face au dollar dans des proportions plus importantes. Ensuite, le niveau de la fiscalité en France est devenu tel que l’épargne et l’investissement sont dissuadés. L’absence de réelles réformes de structures entrave toute politique de réduction des impôts. Enfin, le climat d’interventionnisme stupide dont la récente campagne anti Uber, menée sur le fondement d’une loi portant le nom d’un député fraudeur car atteint de phobie administrative est le meilleur exemple, est un vrai «tue l’amour» économique. Il n’est pas de reprise durable sans politique favorable aux affaires. Ce n’est pas de gauche mais c’est ainsi.
Bah ... tant qu’on parle du dîner du Crif.
4 - Sarkozy est Charlie, Charlie n’est pas Sarkozy
Pourquoi donc jouer des coudes dans la manif’ du 11 janvier pour se voir ensuite représenter au milieu d’une meute de chiens, aux côtés d’un pape, de Marine Le Pen et d’un djihadiste ? Ce dernier est du reste timidement et allusivement figuré sous la forme d’un canidé portant Kalashnikov. Courageux mais pas téméraire, le nouveau Charlie ...