d'après UN BANDIT CORSE de Maupassant
Nous nous promenions
Dans la vallée du Niolo.
-" C'est ici
Que se sont réfugiés tous nos bandits
Me dit Paulo,
Mon compagnon. "
À l'orée d'un bois,
Il m'a montré un petit calvaire,
Une simple croix
Plantée dans un tas de pierres.
Mon voisin reprit :
-" Sont enterrés ici
Les parents Sainte-Lucie
Sauvagement assassinés par un bandit.
Comme le fils Sainte-Lucie
Était petit, chétif, sans énergie,
Il ne déclara pas la vendetta.
On l'adjura
Mais il restait sourd aux supplications.
Alors, conformément à la tradition,
Sa sœur lui a ôté
Ses vêtements noirs pour qu'au moins
Il ne portât point
Le deuil d'un mort non vengé.
Le jeune Sainte-Lucie
Était si affligé
Qu'il ne sortait plus de chez lui.
Il avait surtout peur d'être dévisagé
Par les regards méprisants des voisins.
Or une nuit, l'assassin avec son frère
Passèrent
Devant la maison des deux orphelins.
Alors Sainte-Lucie
Se signa, prit son fusil
En ce disant : c'est le moment.
Il sortit
Et les tua tous les deux à bout portant.
Puis, il alla massacrer
Toute la famille ennemie.
Il abattit un brigadier de gendarmerie
Avant de partir se cacher
Dans le maquis.
Sainte-Lucie
Devint ainsi le bandit
Le plus terrible
Qu'on n'ait jamais pu voir. "
J'interrompis mon ami
Et lui dis :
-" Quelle coutume horrible
Que celle de la vendetta ! "
-" Que voulez-vous, on fait son devoir !
Le reste n'existe pas. "