Personnellement, je définirais la chose ainsi :
« Internet of Me » : personnalisation poussée et capillaire de nos univers et de notre expérience numériques, où tous les dispositifs sont connectés (Internet of things, objets d’usage quotidien truffés de capteurs, de senseurs, etc.), où tout est intelligent et portable (montres, gadgets, vêtements, etc.), domotisé (des électroménagers aux téléviseurs, etc.), embarqué, géolocalisé (voitures, GPS, etc.) et ainsi de suite, ce qui offre aux entreprises digitales le terrain idéal pour développer des produits et services sur la base de notre profilage (algorithmes capables de tracer nos habitudes 24/7/365), mais surtout des applications de plus en plus ciblées pour capturer toujours davantage (plus que fidéliser) un consommateur ... captif, justement !Or voilà déjà pratiquement une décennie que les acteurs majeurs du Web savent tout sur nous (ceci dit les états vont bien plus loin et depuis bien plus longtemps dans le profilage de leurs « citoyens », sans oublier la télésurveillance…), d'ailleurs à ce sujet permettez-moi d'évoquer un billet d’Adsciptor écrit il y a déjà 7 ans (intitulé : Bloc contre bloc, l'internaute au centre...), dans lequel j’expliquais le concept de « Data transmission events », à savoir les événements qui déclenchent la collecte de données « privées » sur les internautes :
Citons, à titre d'exemple, les données collectées :Car à l'époque, il était déjà question de plus de 500 milliards d’événements de données collectées par mois sur le réseau global (sites propriétaires + régie publicitaire étendue) uniquement pour les couples Google-DoubleClick et Microsoft-Yahoo!, avec Yahoo! et Google totalisant respectivement 2 520 et 1 625 données uniques par visiteur (chiffres faisant référence au mois de décembre 2007, juste pour les États-Unis) :
Tout ça permettant à qui les possède en bout de chaîne d'obtenir des informations précises sur nos habitudes, nos intérêts, et ainsi de suite. Le graal des publicitaires et des marketers de tout poil, en quelque sorte !
- lors des recherches de l'internaute ;
- lors de ses achats ;
- lorsqu'il clique sur une pub ;
- lorsqu'il s'enregistre sur un service ;
- grâce aux cookies, etc.
On pourra toujours s'interroger pour savoir si ces données sont collectées à notre insu ou non, bien que je me demande franchement quel internaute naviguant régulièrement sur Internet ne serait pas encore au courant !?
Par ailleurs, menée aux États-Unis en décembre 2007 sur le trafic imputable aux quinze plus gros acteurs américains de l'Internet, je ne doute pas que les résultats de l’étude puissent être extrapolés au Web mondial, puisque de toute façon la tendance est irréversible, autant le savoir...
Mais ce que je vois de véritablement nouveau dans cette étude quantitative, ce sont les proportions. Énormes...
Par conséquent dans cette logique, à terme plus ou moins rapproché, la prochaine étape consistera très probablement à s’éloigner de la catégorisation des annonces pour passer à leur individualisation. En bref :
fini les AdSenses ciblés, vive les AdSenses personnalisés !Du reste, depuis Google, profileur en série, il me semble qu'on a parcouru bien du chemin... Pour vous donner un petit exemple, j'ai récemment posté sur mon blog pro un billet annonçant que je serai à Tunis du 16 au 18 avril prochains pour parler de Marketing & Branding pour Traducteurs & Interprètes. J'ai donc réservé mon billet d'avion, histoire de ne pas m'y prendre à la dernière minute. Or quelle n'a pas été ma surprise de voir dans les heures suivantes, en naviguant sur un de mes sites, les publicités bien visibles dans la colonne de droite :
Une (r)évolution qui me semble inéluctable, vu les ambitions affichées par Google : à partir du moment où la firme possède une énorme quantité d’informations sur vous et peut en extraire un profilage systématique et significatif, qu’est-ce qui l'empêchera de vous proposer des AdSenses en fonction de vos préférences ?
« Vols Rome-Tunis », « Réserve avec Air France », etc., serait-ce un hasard ? Je vous le demande...
Et j'imagine que chacun(e) de vous pourrait me raconter tout un tas d'épisodes semblables.
Olivier Ertzscheid nous a déjà averti que désormais « L'homme est un document comme les autres », perso j'ajouterais qu'il est en passe de devenir un objet comme les autres !
Déjà en 2006 je m'interrogeais (Le client est ROI, certes, mais roi de quoi ?...), aujourd'hui je pourrais dire avec Coluche, We Economy, oui, Internet of Me, tous amis, mais ils nous ont mis quoi ?
Et nous n'en sommes qu'au début !