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[D] La Longue Promenade avec un cheval mort de Francis Dannemark

Publié le 21 février 2015 par Alphonsine @nolwenn_pamart

L'histoire, comme toutes les histoires, a commencé bien avant. Et se terminera bien après, après la fin de la ourse, après la fin des pages. Toutes les histoires, au fond, sont des dérapages. On contrôle ce qu'on peut ; Dieu, les astres et les chevaux font le reste.

[D] La Longue Promenade avec un cheval mort de Francis DannemarkPour la lettre D de mon challenge, point de surprise issue des rayonnages, pour une fois : je suis tombée sur ce titre en voguant de blogs en blogs et en atterrissant chez Le Hibou dont la chronique a éveillé ma curiosité. Le titre m'a tout de suite interpelée.

Je me suis renseignée un peu depuis, et Francis Dannemark semble a l'art des titres : Choses qu'on dit la nuit entre deux villes, Les agrandissements du ciel en bleu ou même, justement, Le voyage à plus d'un titre.

La longue promenade avec un cheval mort, est loin d'en être un, de voyage à plus d'un titre. C'est plus une rencontre qu'un voyage. David, qui a quitté la femme qu'il aime et détruit la maison qu'il avait construite pour leur couple, traverse les routes et les campagnes jusqu'en Belgique, où il ramène à son oncle le cadavre congelé d'un cheval appelé Hope. Un soir, son camion s'embourbe dans un fossé et il fait la connaissance d'Antoine, écrivain pris dans la même galère. Les deux hommes s'arrêtent à l'auberge la plus proche et font connaissance. Il y a quelque chose chez David, qui touche Antoine et l'amène à s'intéresser à son parcours, à essayer, même, de faire quelque chose pour lui. Il l'amènera chez lui, léger détour, lui présentera sa compagne, l'accompagnera dans son long périple avec son cheval mort. Et peut-être fera-t-il un peu plus encore pour ce gars perdu qui lui fait penser à un personnage qu'il n'aurait pas dû tuer, il y a des années.

J'ai beaucoup apprécié ma lecture, mais j'écris cette note deux jours plus tard, et je sens déjà un avis plus nuancé. Au fond, peu importe le récit : on n'a pas tous les fins mots de l'histoire . L'auteur s'en justifie : la marche des choses, la marche de la vie dépasse de loin les pages d'un roman. C'est vrai. Il manque cependant quelques menus détails pour qu'on s'attache réellement aux personnages. Le service est ici minimum, et j'ai songé à toute cette littérature contemporaine où chaque personne est un drame et un prénom, pas davantage.

Cependant, le roman est sauvé par une très belle écriture. L'auteur utilise des mots très simples, des tournures presque trop terre à terre, mais il vise juste, et ce n'est tout de même pas donné à tout le monde. La longue promenade avec un cheval mort ressemble moins à une promenade qu'à une errance, mais paradoxalement, le chemin emprunté, déformé par le hasard, est celui qui amènera le personnage principal, doucement, à changer. On ne voit pas la métamorphose, mais les ferments qui la rendront possible. Et la tristesse décrite devient porteuse d'espoir.

Je retiendrai surtout de ce court roman une atmosphère mélancolique et froide, comme les campagnes baignées de brume que David traverse par la force des choses. J'ai encore pensé à Bruges-la-morte de Rodenbach (je pense beaucoup trop à Bruges-la-morte dans ma vie), et je me dis que les belges sont tout de même forts pour écrire la mélancolie.

Jusqu'à un certain point, les gens sont si faciles à comprendre, tous - et puis, brusquement, ils deviennent impossibles à comprendre, on ne peut plus que les aimer.


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