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La petite fille qui aimait trop les allumettes

Publié le 26 février 2015 par Adtraviata

La petite fille qui aimait trop les allumettes

Quatrième de couverture :

Deux enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes après le suicide de leur père. La Loi paternelle disparue, les jumeaux se lancent à la découverte du monde. Mais cette liberté nouvelle est aussi une épreuve, pas toujours facile à négocier : le réel côtoie l’imaginaire, et le monde « civilisé » se comporte de bien étrange manière…

Un conte métaphysique teinté d’inventions langagières, à la fois grandiose et drôlatique.

Le Québécois Gaétan Soucy a étudié la physique, la littérature et la philosophie avant de se lancer dans l’écriture. La Petite Fille qui aimait trop les allumettes a été finaliste du prix Renaudot en 1999.

Roman étrange et fascinant, roman à tiroirs, conte violemment grotesque, empreint de multiples références sous lesquelles coule une essence psychanalytique, fable emblématique du désir d’indépendance du Québec, comme l’explique la présentation de Pierre Lepape, c’est sans doute tout cela qu’est La petite fille qui aimait trop les allumettes, et bien plus encore.

On pénètre d’abord dans une maison qui se délite et on affronte la mort du père avec deux enfants, deux adolescents plutôt, complètement perdus maintenant que le père n’est plus là pour dicter sa loi. L’un d’eux, « le secrétarien » écrit l’histoire nouvelle qui commence alors. Petit à petit, on découvre ébahi les conditions dans lesquelles ils vivent, l’abandon affectif, la solitude, la violence, l’absence de parole… mais aussi la réalité de la mort du père, le goût des mots que le narrateur a découvert grâce à ce qu’il appelle ses « dictionnaires », des romans de chevalerie, l’Ethique de Spinoza, des contes de fées, les Mémoires de Saint-Simon. Autant de sources qui lui donnent quelques clés, bien étranges et incomplètes, pour découvrir le monde « de l’autre côté de la pinède » (car il faut bien trouver une « boîte à trou » pour enterrer le père) et aller à la rencontre des « semblables » qui y vivent.

Des sources qui façonnent aussi la langue de ce narrateur, la langue de Gaëtan Soucy donc, qui m’a un peu fait penser au début à Si tu passes la rivière de Geneviève Damas. Mais la comparaison s’arrête là, parce que ce roman n’évolue pas vers quelque chose de lumineux, au contraire. Mais de découverte en découverte, de surprise en surprise, on goûte à l’inventivité, à la richesse de réflexion, à l’intelligence de l’auteur qui glisse dans ce roman mille et un symboles que chacun pourra lire et interpréter selon ses propres références. Il y a du Barbe bleue et sa chambre secrète, du Blanche-Neige et son cercueil de verre, du Shakespeare, pour ne citer que quelques exemples. Je l’avoue, je n’ai pas toujours tout compris, mais j’ai apprécié le fond psychanalytique de ce conte de fées à l’envers, qui tisse les questions de l’identité, de la relation à l’autorité, la relation aux autres, l’invention de la liberté entre autres. Il est aussi question d’une religion très prégnante, prescriptrice et dont il est bien difficile de se libérer. Quant à la lecture de Pierre Lepape à propos de l’indépendance du Québec, je n’ai pas assez de clés historiques pour la saisir entièrement, les copines du Québec qui veulent bien m’expliquer ou m’indiquer une source d’explications sont les bienvenues !

Je sens que ce roman mérite une relecture, qu’il ne se donne pas à connaître en une seule fois. Il est vraiment très original et ses inventions langagières, au coeur d’un drame terrible et poétique à la fois, ne sont pas le moindre de ses charmes !

Gaëtan SOUCY, La petite fille qui aimait trop les allumettes, Editions Boréal, 1998 et Points, 2014

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Un roman que j’inscris chez Karine pour Québec-au-trésor.

Je publie ce livre aujourd’hui, à l’heure de l’ouverture au public de la Foire du livre de Bruxelles, où le Québec est le pays à l’honneur !

Cette lecture commune avec Marilyne annonce aussi une semaine consacrée au Québec, du 2 au 8 mars.


Classé dans:Des Mots canadiens Tagged: Gaëtan Soucy, Québec

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