Récompensé ce dimanche à Los Angeles par quatre Oscars dont celui du meilleur film, Birdman, ou la surprenante vertu de l’ignorance, d’Alejandro González Iñárritu sort enfin dans les salles de l’hexagone aujourd’hui. Une comédie noire, subtile et brillante entre rêve et réalité !
En tête d’affiche, Michael Keaton revient sur le devant de la scène pour y interpréter avec talent Riggan Thomson, un acteur has been, rongé par le doute, autrefois célèbre pour avoir incarné le super-héros « Birdman ». Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego… S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir…
Autant dire que la tension est à son comble, l’enjeu immense dans ce quasi « huit-clos » hypnotique, pensé et tourné par le réalisateur en un seul (faux) plan séquence d’une heure cinquante neuf. Une particularité visuelle captivante où les scènes s’enchaînent sans rupture avec une fluidité déconcertante, rythmée par des solos de batterie exaltants ! L’effet est saisissant, le tout orchestré d’une main de maître tant au niveau technique qu’artistique.
Au centre de cette mise en scène, Michael Keaton, Si l’acteur excelle, passant d’une émotion à l’autre avec une grande habilité dans l’interprétation de ce personnage en proie à ses démons intérieurs et tiraillé par un égo démesuré, les seconds rôles ne manquent pas de substance et de talent.
Edward Norton brille en comédien ultra narcissique et sournois, Naomi Watts en actrice prête à tout pour percer à Broadway, Emma Stone, en jeune femme fragile et d’une extrême lucidité, Zach Galifianakis en producteur sérieux…
Avec ces personnages excessifs et étrangement attachants, Birdman explore l’univers des acteurs, en décortique avec malice leurs travers et se penche avec humour sur des névroses non loin de refléter celles de tout un chacun.
Le film se pare alors de multiples réflexions et livre un certain regard, celui des autres sur soi, mais aussi sur la compétition, la course au succès éphémère et illusoire, la quête éperdue de célébrité, de reconnaissance et d’amour, sur les relations familiales, les enjeux financiers et sur le processus de création, l’industrie du cinéma hollywoodien, le pouvoir des critiques médiatiques…
Avec Birdman, Alejandro González Iñárritu tisse ainsi une satire singulière, inventive et incontournable, filmée avec brio ! A découvrir de toute urgence, dès aujourd’hui.