D’après les simulations orchestrées par une équipe de chercheurs, l’étoile de Scholz — actuellement à 20 années-lumière de notre Système solaire — fut dans notre voisinage, il y a seulement 70 000 ans. Au cours de cette période, ses calculs de trajectoires suggèrent qu’elle était en lisière du nuage de Oort, à environ 0,8 année-lumière du Soleil.
Actuellement, et cela depuis quelque temps déjà, l’étoile la plus proche de la nôtre, le Soleil, est la naine rouge Proxima Centauri (membre du système triple Alpha Centauri). Invisible à l’œil nu dans le ciel austral qu’elle occupe, celle-ci n’est qu’à approximativement 4,2 années-lumière de notre planète. Si nous pouvions nous déplacer à la vitesse de la lumière, cela ne nous prendrait qu’un peu plus de 4 années pour parcourir les quelque 40 000 milliards de km qui nous séparent. C’est plutôt correct et envisageable, mais, hélas, nous sommes encore incapables d’atteindre cette vitesse. Aussi, avec un vaisseau rapide comme Voyager I (environ 60 000 km/h) pourrions-nous rendre visite à notre voisine au terme d’un voyage d’environ 76 000 ans. Oui, juste pour aller à l’étoile d’à côté ! Faites le calcul pour les autres, distantes de 10, 100, 1 000, 10 000 et jusqu’à 100 000 années-lumière, si on souhaite traverser la galaxie…
Tout bouge tout le temps dans notre Voie lactée comme partout dans l’univers. Notre étoile effectue sa révolution dans la galaxie en plus de 225 millions d’années, passant de régions densément peuplées à d’autres, plus diluées, plus ou moins riche en gaz, en poussières, etc. Il en va de même pour nos voisines actuelles, chacune ayant sa vitesse propre, relative à sa masse et son environnement. Aussi, furent-elles différentes dans le passé et le seront-elles à l’avenir.
Une équipe internationale de chercheurs qui s’est intéressée à l’étoile binaire WISE J072003.20-084651.2, située à quelque 20 années-lumière de nous dans la constellation de la Licorne (Monoceros), considère que ce couple d’astres a navigué dans les « eaux territoriales » de notre système solaire, dans les régions reculées du nuage de Oort, proche de sa bordure extérieure, il y a environ 70 000 ans. Composé d’une étoile de type naine rouge et d’une autre, beaucoup moins massive — une classe parfois qualifiée d’étoile ratée —, de type naine brune, le duo surnommé étoile de Scholz en l’honneur de son découvreur, en 2013, Ralf-Dieter Scholz (Leibniz-Institut für Astrophysik Potsdam), n’est heureusement pas passé dans les régions internes de cet immense réservoir de comètes (des milliards de corps glacés de toutes tailles, susceptibles d’être délogés). Dans ce cas de figure, son intrusion en aurait alors désorbité un certain nombre pour ensuite en précipiter plusieurs vers les régions internes du système solaire, proche de son foyer le Soleil, où gravitent les planètes rocheuses comme la Terre… On a peut-être échappé à une extinction massive, voici environ 70 000 ans !
Nos ancêtres qui peuplaient alors la Terre, pouvaient-ils voir cette étoile qui est passée, selon les estimations produites par des modèles, à environ 52 000 unités astronomiques (soit 52 000 fois la distance Terre-Soleil ou encore 0,8 année-lumière, plus ou moins 8 000 milliards de km) ? Les astrophysiciens assurent que non, compte tenu de la magnitude 10 de l’astre. Toutefois, il n’est pas exclu qu’ils aient pu l’apercevoir brièvement, quelques heures voire quelques jours, lorsque sa surface était soudainement animée de puissantes éruptions (les naines rouges peuvent avoir des sautes d’humeur spectaculaires).
Pour arriver à cette affirmation — avec un taux de confiance de 98 % —, l’équipe de chercheurs emmenée par Valentin D. Ivanov (ESO) ont injecté dans leurs modélisations les mesures de la vitesse radiale de l’étoile — elle nous fuit à toute hâte —, son mouvement tangentiel et produit 10 000 simulations de sa trajectoire. Une écrasante majorité des résultats publiés dans The Astrophysical Journal Letters montrent que le couple d’étoiles était nos plus proches voisins, il y a de cela 70 000 ans. En gros, sur l’échelle de temps cosmique, c’était hier.