[news ciné] le monde a-t-il vraiment besoin d’un alien 5 ?

Publié le 25 février 2015 par Djack17 @Djack_la_flemme

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume d' Alien ! Et Blomkamp va faire le ménage ! C'est officiel depuis peu : un cinquième opus d' Alien va enfin voir le jour. Un projet qui revient de loin, attendu ardemment par une communauté toujours aussi forte, mais qui s'est manifesté comme ça, sans qu'on soit vraiment préparé. Alors on s'est posé une question légitime : le monde a-t-il besoin d'une nouvelle aventure d'Ellen Ripley ? Est-ce qu'on attendait vraiment un Alien 5, après tant d'années de saccages ? On s'efforce de répondre à cette question, en ressassant un peu le passé. Back in time !

Pour les gens qui affirment ne pas savoir ce qu'est Alien, il n'y a que deux solutions. Soit vous êtes une personne qui ne jure que par Plus belle la vie, soit vous êtes un extraterrestre espion humanoïde qui étudie notre monde, et vous n'avez pas envie de voir ces films que vous considérez comme des comédies totalement burlesque. Dans les deux cas, barrez-vous de notre planète ! Alien, c'est une franchise culte et célèbre de science-fiction, qui comprend seulement 4 films, s'étalant quand même sur 18 années.

Initié en 1979 par Ridley Scott, Alien, le 8ème passager avait bluffé son monde en jouant la carte de la terreur pure, dans un vaisseau spatiale pour seul décor, avec un " minimalisme " détonnant - on voit très peu la créature à l'écran, un peu comme dans Les dents de la mer. C'est ici qu'est créée le personnage d'Ellen Ripley, interprété par Sigourney Weaver, une héroïne devenant au fil des longs-métrages l'icône de la femme aux corones plus grosses que celles d'un Predator en rut : une badass qu'on évite de chatouiller.

Badass, elle le sera bien plus dans l'épisode de James Cameron, Aliens, le retour (1986), où elle suit un escadron de marines pour zigouiller de la bestiole, tout en faisant du baby-sitting pour arrondir les fins de mois. Aliens propulse le concept même des créatures avec la présence d'une Reine et possède des idées fortes, mais reste le film le plus bourrin de la franchise, et aurait pu lancer les suites dans cette optique de bigger than bigger. Ce ne sera heureusement pas le cas.

Un petit nouveau du nom de David Fincher va venir s'occuper d' Alien 3 en 1992, avec tout le mal qu'on lui connaît (mésententes entre le réalisateur et le studio, des remontages à tire-larigot...), mais qui est sans conteste le film le plus psychédélique, psychologique, et surtout mal-aimé des quatre. Pas beaucoup d'action (les personnages n'ont pas d'arme pour se défendre puisqu'ils sont dans une prison oubliée), Alien 3 mise avant tout sur une ambiance poisseuse, et Sigourney Weaver dépeint magistralement une Ellen Ripley aussi forte que totalement blasée - son brushing de Jacques Dessange est complètement loupé - mais donnant lieu à la fin la plus incroyable de la saga, qui clôturait parfaitement la trilogie.

Mais c'est trop tard : Alien est ultra-culte, les fans réclament un autre film, et des cinéastes vont tenter d'incruster leurs idées. Ce que va faire Joss Whedon ( Avengers) en écrivant Alien, la résurrection, qui débarque en 1997, et voit le récit se passer 200 ans plus tard. Jean-Pierre Jeunet s'attelle à la tâche, et malgré des critiques peu élogieuses, le film fonctionne. Visuellement très stylisé, Alien, la résurrection revient, comme pour Aliens, le retour, dans le domaine de l'action, mais fait aussi dans le basket, la natation et la zoophilie. Tout un programme. Et par ailleurs, la fin pouvait amener à un Alien 5 très prometteur. Hélas...

Après 1997, c'est le silence radio total. Aucun développement en cours, et la Fox ne semble pas décidée à relancer la machine. Par temps de pluie, on entend vaguement des rumeurs, des déclarations de Sigourney Weaver sur le possible retour de son personnage emblématique en pom-pom girl avec tel ou tel réalisateur, ou encore de Ridley Scott qui veut adopter un bébé Alien et aller voir ce qui se passe sur la planète Mère des xénomorphes, mais rien de concret. Juste histoire de donner une carotte aux fans, afin qu'ils espèrent inutilement un nouvel épisode de leur franchise culte.

Et pendant cette période creuse, en plus de nous prendre pour des chèvres, on a dû se coltiner deux blagues pas drôles, mais alors vraiment pas drôles du tout, d'une médiocrité presque exemplaire, qui pourtant avait un potentiel réellement fabuleux...

QUAND PREDATOR S'EN MÊLE

Entre 2004 et 2008, deux spin-off vont débarquer au cinéma, mettant en avant une confrontation historique : Alien vs Predator. Ce qui aurait pu devenir des films titanesques - tirés des comics des années 90 - ne seront finalement que de vastes plaisanteries, affligeantes et chiantes à mourir. La palme revient au deuxième volet, Aliens vs Predator : Requiem des frères Strause ( Skyline), qui place la barre très haut en terme de clichés et de ridicule, et qui rend finalement le premier volet de Paul W.S. Anderson ( Resident Evil : Retribution) pas si dégueulasse.

C'est en voyant avec peine ces deux étrons qu'on se dit qu'il serait peut-être temps de laisser ces créatures en paix. Temps de faire notre deuil. Et se pencher plus vers le jeu vidéo, qui essaye de leur rendre un meilleur hommage que le cinéma (voir le dernier Alien Isolation par exemple) que s'obstiner à attendre. C'est triste, parce qu'il y a encore beaucoup de choses à raconter sur cet univers. Mais on sature avec les excréments. Alors tant pis.

Et quand on pense que tout est enfin terminé, que nos petits coeurs fragile ont assez pleuré, vlà ti pas que papy Scott revient à la charge et met des images avec son idée première : faire un prequel. Faire un film Alien, mais sans Alien, avec une héroïne forte mais sans Sigourney Weaver. Une histoire dans le même univers, mais qui se passe bien avant. Ou pas. Bref un bordel sans nom !

Un coup prequel de la saga, un coup film totalement à part sans une once de lien avec Alien, Prometheus est passé par bien des chemins lui aussi. La promo du film essayait de nous balader de l'un à l'autre sans grande conviction, et ça a franchement énervé du monde.

Conséquence : les résultats au box-office ne sont certes pas dégueulasses, mais la réputation qu'il se traîne est loin de faire l'unanimité. Un fourre-tout insipide, qui soulève plus de questions qu'il ne donne de réponses, marqué par des choix scénaristiques douteux et des scènes foireuses. Bon malgré ça, Prometheus propose aussi d'autres scènes vraiment chiadées, deux trois idées franchement cool, une Noomi Rapace totalement crédible et incroyable, et Charlize Theron (pour ceux que ça intéresse, nous on a bien accrochés).

Du coup, ça ne freine pas les ardeurs du studio, ou du réalisateur, ni même du casting, puisque tous se préparent pour un Prometheus 2, fixé pour l'instant à mars 2016 (chose impossible vu le planning de Scott et Michael Fassbender, le film ne sortira pas avant en 2017). La suite des aventures d' Elizabeth Shaw devraient donner des réponses plus claires sur les Ingénieurs, mais plus aucun Alien ne fera son apparition selon Ridley Scott, toujours en charge de la réalisation de cette suite. Ce qui ne donne plus aucun espoir à Alien 5 de voir le jour. Mais quelque chose se trame...

Imaginez un jeune garçon, qu'on appellera Neill, qui découvre Alien pour la première fois, et prend une claque magistrale. Il devient fan, revoit la saga maintes et maintes fois, et rêve d'une chose incroyable : devenir réalisateur de film. Des années plus tard, Neill devient l'homme qui voulait être, et se spécialise même dans la science-fiction. Son premier film reçoit un succès critique et commercial grandiose, et un avenir radieux s'offre à lui.

Puis un jour, il entame son troisième film. Et là, c'est l'apothéose : le mec va diriger une actrice qu'il admire. Sigourney Weaver. Demi-molle activée, cerveau en ébullition, il va certes se concentrer sur son long-métrage (on verra le résultat de son Chappie la semaine prochaine), mais pense déjà à la suite. Et va tenter le tout pour le tout. Pendant le tournage, Neill va placer deux trois idées sur comment il voit le futur d' Alien à la dame, et va même jusqu'à créer des concept arts avec l'aide d'amis à lui.

Des artworks qu'il va mettre sur Instagram, et qui vont enflammer la toile. Les fans prennent ça déjà comme une annonce d'un cinquième volet. Neill s'affole un peu, et calme les ardeurs : non, rien est prévu pour un Alien 5. C'est un travail personnel, n'ayant aucun lien entre lui et 20th Century Fox. Sauf que le fameux studio a eu vent de l'histoire, et regarde sereinement l'ampleur que prend tout ce bazar. Et là, les grands pontes voit l'ouverture suprême : offrir aux fans un nouvel épisode (ou se faire du pognon, au choix).

Les discussions sont en route, et il ne faudra pas attendre longtemps pour que l'officialisation tombe, d'abord par le biais d'un nouvel artwork du réalisateur sud-africain, puis par le studio lui-même : Alien 5 sera bel et bien réalisé par Neill Blomkamp, et sortira après Prometheus 2, produit en parallèle également par la Fox. Si rien n'est encore prévu sur le retour de Sigourney Weaver, nul doute qu'elle en fera partie. De simples négociations à mettre en place certainement, puisque l'actrice n'a jamais caché son envie de reprendre le rôle qui l'a rendu célèbre. Par ailleurs, la Fox prendrait-elle le risque de produire un nouvel Alien sans son porte étendard ? Pas sûr que ça plaise... Et franchement, on préfère la revoir dans cette aventure, plutôt que dans le reboot mal barré (à notre avis) de Ghostbusters.

L'histoire est bien entendu le grand mystère. Si on se fie aux concept arts, on pense à une suite se situant entre Aliens, le retour et Alien 3 (présence du personnage de Michael Biehn notamment), mais on voit mal un nouvel Alien faire machine arrière pour créer une autre time-line. Et ne parlons pas d'un reboot, où un tsunami d'insultes viendrait ravager le projet. La fin d' Alien, la résurrection était, en 1997, des plus excitantes, mais depuis Aliens vs Predator : Requiem, il serait peut-être préférable de ne pas ramener le xénomorphe sur Terre, et rester dans les étoiles. Trouver un subterfuge intelligent qui permettrait à la saga de continuer à nous faire découvrir d'autres mondes inconnus, de nous faire crier dans l'espace...

SOMMES-NOUS PRÊTS POUR UN ALIEN 5 ?

Finalement, que penser de cette annonce ? Est-ce une fausse bonne idée ? La franchise ne devrait-elle pas en rester là, malgré le souvenir douloureux des deux spin-off Carambar ? Devrions-nous compter que sur Prometheus, qui semble quand même partir sur un tout autre terrain de jeu, avec d'autres créatures et d'autres personnages ?

Ellen Ripley est absente des écrans depuis 20 ans, et son retour pourrait virer à la catastrophe. Les exemples loupés de franchise à succès qui tentent de se refaire une jeunesse nouvelle génération ne manquent pas. On pensera notamment à ce pauvre John McClane et son infâme Die hard : belle journée pour mourir par exemple, à ce triste Indiana Jones et son what the fuck Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, ou encore à ce T-800 qui fera bientôt son come-back dans Terminator : Genysis, dont les bandes annonces font plus peur qu'autre chose. Les fans de la première heure peuvent grincer des dents...

Pourtant, on est en droit d'y croire. La saga Alien fait partie des sagas qu'on peut encore approfondir, qu'on peut encore titiller pour raconter quelque chose d'intéressant. Le monde a changé, la vision de certaines choses ont évolué, et inclure des idées fraîches en les détournant dans ce genre de science-fiction ne peut être que bonifiant.

Tous les réalisateurs ont mis une âme distincte dans leur opus respectif. Certains vont aduler Alien quand d'autres préféreront Aliens, le retour. Alien 3 est pour beaucoup le plus mauvais alors qu'il est peut-être l'un des meilleurs pour le voisin. C'est cet éclectisme qui fait la force de cette saga. Alien 5 aura forcément énormément de rétracteurs, de destructeurs même, avant même la première image du film. Mais avec le temps, et ce quoi qu'il arrive, il rentrera irrémédiablement dans le moule de la pentalogie. Et puis, franchement, personne n'a envie d'une conclusion claire et nette ?

De plus, Neill Blomkamp n'est pas le pire candidat qu'on puisse avoir. Avec District 9, son tout premier film, il a réussi à faire un parfait mélange de found-footage, science-fiction et poésie, le tout saupoudré de scènes d'action incroyables. Ce dont a besoin ce cinquième et peut-être dernier volet d' Alien, pour faire des adieux digne de ce nom à la mythique Ellen Ripley.

Et puis, franchement, un Alien 5 sera toujours une meilleure idée qu'un Retour vers le futur 4 non ?

POUR LES FLEMMARDS : Un Alien 5 ? Les doutes sont permis après 20 ans d'absence de l'emblématique Ellen Ripley, et les bouses Alien vs Predator. Mais si Neill Blomkamp réitère sa maestria de District 9 et pose des fondations solides en termes d'idées, d'action, et propose une âme aussi singulière que ses prédécesseurs, il n'y a aucune raison pour qu'on est pas droit à un nouveau chef d'oeuvre. Et puis merde quoi, on parle d'Alien !