Paroles de bénévoles : Laura, étudiante italienne, maraude à Paris

Publié le 17 janvier 2015 par Asse @ass69014555

Laura est italienne et étudie à Paris. Touchée par le nombre de sans-abris dans les rues de Paris, elle vient quand elle peut prêter main forte à notre association lors des maraudes hebdomadaires. Elle raconte ici sa seconde expérience dans un français quasi parfait !

" Je vis à Paris depuis trois ans et la réalité des sans abris est sous mes yeux tous le jours. Ce n'est pas la première fois que je observe la précarité de l'habitat, mais il est vrai que l'échelle métropolitaine amplifie tout surtout la solitude. J'ai découvert une ville avec mille visages.

J'ai fait seulement deux maraude, pour moi débutante, cela à été une expérience émouvante et forte.
Vers l'Eglise Saint Vincent de Paul à Strasbourg Saint Denis nous avons rencontré une autre réalité, quatre hommes, dont une avec un handicap qui l'empêchait de parler correctement, mais cela ne l'a pas empêché de nous dire merci à sa façon. Une nouvelle famille rom sera aidée dans la scolarisation de leur fillette. Dans ce cas j'ai pu observer une bonne relation de solidarité active par le responsable d'un restau qui n'hésite pas à secourir ses voisins, en dépit du fait que ceux-ci dorment sur un matelas recouvert d'une nappe plastifiée pour se protéger de la neige. La vulnérabilité chez les sans-abri s'accroît de plus en plus, à fur et à mesure que la température baisse, notamment la nuit. La ville dispose d'hébergements d'urgence mais apparemment ils ne suffisent pas pour tout le monde. Quiconque est sans un abri risque l'hypothermie. C'était le cas le plus grave de la maraude : un homme âgé de 36 ans installé aux pieds d'un immeuble a été sauvé hier. N'eut été notre intervention et celle des pompiers qui l'ont amené à l'hôpital peut-être qu'il ne serait plus là. Malade de bronchite, il portait sur lui une prescription médicale, mais n'avait pu acheter les antibiotiques faute d'argent. Quand on est malade, on n'est pas toujours en mesure de pourvoir à ses propres soins et on a besoin des autres, des amis, des parents et des voisins, mais celui qui n'a pas de réseau social stable, qui pourrait s'en charger? Au cours de la nuit du 27 on a aussi déjoué une tentative d'agression par deux garçons, dont l'un délirant, avait sorti un couteau. Il a été appréhendé par la police. La jeune femme à la rue et en danger, a été conduite dans un hébergement d'urgence, la nuit aurait été trop dure pour elle qui n'osait plus s'allonger dans la rue. J'ai pu écouter la vie de beaucoup de gens, j'ai vu des préjugés abattus, des visages marquées par la lutte constante pour la survie, des grands sourires, l'affection, la méfiance et la confiance mais aussi des situation difficiles et à risque.
Pendant la nuit du 27 décembre on à parcouru un nouveau chemin et on à rencontré un ancien travailleur de la fabrication du livre et de la presse, retraité, qui à partagé avec nous son histoire et son métier, sans oublier une réflexion consternante sur les nouvelles technologies. Curieux de savoir quel était le métier de chacun d'entre nous, il a fait preuve de son savoir, offrant une réflexion à propos d'Oscar Nyemeier, l'un des architectes les plus célèbres et importants du XXe siècle ou à un autre a rappelé l'importance de l'avenir et des nouvelles professions. Nous avons dialogue comme à un dîner de famille, avec un oncle que nous n'avions pas vu de puis longtemps.

Tous ces épisodes doivent faire réfléchir et agir, avec un petit geste on peut sauver une vie, la chose plus importante. Me surprennent les regards heureux lorsque tu donnes un peu de ton temps, un repas chaud mais surtout une couette, un mot de confort. Je m'étonne chaque fois qu'on me dit : " Je n'ai besoin de rien d'autre. " J'aime la coopération qui nait entre les bénévoles et le rapport d'amitié et de confiance qui peut être bâti avec ces personnes qui d'habitude restent aux marges. "