Lorsqu'une personne sans-abri nécessite un passage à l'hôpital, rien n'est jamais simple... Il faut tout d'abord qu'elle soit d'accord pour y aller. Puis, il faut gérer ses affaires personnelles, ses bagages. Or, les services des urgences des hôpitaux rechignent à les conserver, surtout si elles sont trop volumineuses. Souvent, c'est cette impossibilité qui déclenche le refus de soins... Alice l'a vécu lors de sa dernière maraude et témoigne.
" Hier, lors de ma troisième maraude, je me suis sentie réellement investie d'une responsabilité vis-à-vis d'un sans abri. Nous faisions notre tournée habituelle lorsque nous nous sommes arrêtés à ses côtés pour lui proposer de la nourriture. Il n'a pas souhaité déguster notre délicieuse soupe qui humait bon le fromage, car il en avait déjà reçu une auparavant. Une soupe toute prête, puisqu'il nous a montré la boîte gisant par terre. Quel dommage ! On a ri avec lui lorsqu'il nous a dit ne pas vouloir non plus des viennoiseries, en pointant du doigt la pizzeria devant laquelle il est établi et en faisant mine d'être désormais écœuré par tout ce qui est fait de pâte.
Il ne parlait pas Français mais comprenait très bien l'Anglais- même si nous avions beaucoup de mal à nous faire comprendre en retour. Malgré tout, on a réussi, tant bien que mal, à nous comprendre, notamment grâce au " langage des signes ". On a compris qu'il avait besoin d'une chemise et d'une cravate pour faire la photo de son passeport à l'ambassade. Encore une fois, on s'est amusés de le voir faire les soldes devant notre camion et refuser les articles qui étaient " not good " selon lui. Une vraie fashion victim ! Avant que l'on parte, il nous a montré - comme si c'était sans importance - une plaie au mollet qu'il s'était faite en tombant et qu'il avait tenté de panser avec des mouchoirs. Inquiets face à l'aspect " pas joli, joli " de la blessure, nous avons appelé les pompiers. Ces derniers sont arrivés rapidement et l'ont emmené dans le camion pour lui faire un pansement digne de ce nom. Ils nous ont confirmé que la plaie étaient infectée et qu'il serait bon de l'emmener à l'hôpital pour qu'il voie un médecin, car dans ce genre de cas cela pouvait dégénérer en gangrène. Il pourrait perdre sa jambe...![Paroles de bénévoles : Alice confrontée aux limites de sa « mission » Paroles de bénévoles : Alice confrontée aux limites de sa « mission »](http://media.paperblog.fr/i/750/7506623/paroles-benevoles-alice-confrontee-limites-mi-L-DboXYn.jpeg)
Quelle bêtise? Avoir à choisir entre des soins médicaux et ses affaires personnelles ! Les hôpitaux devraient avoir un local réservé aux affaires des sans-abri, d'autant qu'ils en gèrent au quotidien. Comme m'a dit très justement le bénévole qui était avec moi : certes il y a des règles, mais il devrait y avoir des dérogations quand il s'agit de sans-abris, on ne peut pas s'occuper d'eux comme de n'importe qui. Conclusion: une maraude très forte en émotion qui me donne envie de recommencer, encore et encore. "