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« Patience, patience t’iras au paradis. Moi je veux mon paradis ici et maintenant! »

Publié le 25 février 2015 par Fashionmama @lafashionmama

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Tata Milouda, Mina, Warda, Hamida, Tleitmes, Rahma l’ont fait, pendant que nous autres, jeunes, en parlons encore.

Hadja Lahbib les a suivies pendant près de 3 ans et a réalisé un film documentaire aux allures d’émission « strip-tease », plus proche du reality movie que du film sociologique. Le titre du film : « Patience, patience, t’iras au paradis » fait référence à la réflexion de la slameuse Marock’n Roll Tata Milouda, lorsqu’on la tannait de subir patiemment son destin et d’attendre le paradis là-haut. Elle rétorqua alors :

« Je veux un peu de paradis ICI! »

Et tu as bien raison, Tata Milouda!

Hadja était notre invitée lors de notre spéciale « la vie de nos mères » dans l’émission No Man’s Land ce lundi :

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« Au début, le groupe était composé de femmes de toutes sortes de background culturels. C’est au fur et à mesure que le cercle des actrices s’est constitué de ce noyau de femmes marocaines et algériennes, dont ma mère» précise Hadja.

Ces femmes ont arrachées à leur terre natale avec une promesse de vie meilleure, quittant un jour entourage aimant, patio ensoleillé et odeur de menthe pour un lendemain gris et esseulé : débarquant avec une culture et des coutumes qui semblent se mélanger comme l’eau et l’huile à l’environnement ambiant.

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« Ce sont les grandes oubliées de l’histoire » affirme Hadja. « On a parlé des hommes, de leurs enfants, mais ce sont elles qu’on aurait dû intégrer. Les résultats seraient peut-être différents aujourd’hui…mais il n’est pas trop tard », poursuit-elle, optimiste. « Comment voulez-vous que ces femmes aient pu suivre et éduquer correctement leurs enfants alors qu’elles ne savaient ni lire, ni écrire ? J’ai deux enfants et je sais à quel point il est dur de suivre la scolarité de ses enfants. »

Hadja,non, je n’imagine même pas, moi qui peine déjà à suivre mes filles en primaire…Alors quand on est pas armées ni en confiance…

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Dur, donc dans ce contexte peu favorable d’avoir envie d’ouvrir ses ailes, alors, voler, n’en parlons pas… Peu importe, même à 62 ans, ces femmes nous donnent une formidable leçon de vie. Toutes différentes et pourtant toutes pareilles dans leur envie de vivre pourtant sans revendication ni rancoeur, de rattraper le temps perdu à leur manière, un peu à la marocaine : une gourmandise curieuse en toute humilité.

« ça n’aurait pas pu être un film dramatique. Avec le casting que j’avais, c’était forcément une comédie. Chaque personnage était un sketch ! » confie-t-elle, amusée et une leur affectueuse dans le regard.

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On sent que les actrices ont oublié la caméra, qu’elle s’est fondue dans leur environnement quotidien, même, qu’elle les a guidées dans leur émancipation et la découverte du monde.Un peu les Petites Poucettes de ce bas monde – sauf qu’au lieu de se recroqueviller chez elles, les cailloux les ont aidées à se frayer un passage vers la liberté et la découverte du monde…tout en sachant pertinemment d’où elles viennent. De Molenbeek à New York, il n’y avait qu’un pas qu’elles franchirent d’un pas allègre.

Partir à l’aventure sans se demander où l’on va, juste en sachant d’où on vient, ce serait donc la clé de l’émancipation ?

Je suis restée bouche bée devant leur envie de vivre, leur soif de découverte, cette enveloppe de dames âgées dans laquelle se cachent de jeunes filles fraîches, spontanées, curieuses, intelligentes et pertinentes.

« Elles ont un goût de l’auto-dérision qui m’épate. Elles devraient être prescrites en antidépresseurs » nous conforte Hadja.

Une formidable ode à l’émancipation, à la découverte de ses ressources et à la puissance des liens humains.

A voir absolument. Dès ce soir au cinéma Vendôme.

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