La salle, en accès gratuit, où sont exposées les oeuvres de Commérages m’a donné envie d’en savoir plus sur cette réalisation. Et j’avoue que, sans la lecture des deux petits livres publiés à cette occasion, je serais sans doute passé à côté de deux années de rencontres et de réflexion commune à quelques femmes, réunies dans une « pratique artistique collaborative ».
Qu’est-ce que le commérage ? Qu’est-ce qu’une commère : aux hommes la parole, et aux femmes le commérage ? Quel est donc le statut de la parole féminine dans nos sociétés ? Et, puisque les femmes réunies venaient de pays différents, de villages ou de villes, comment le commérage joue-t-il un rôle dans la socialisation urbaine ? Qu’est-ce que je fais quand je « commère » ? Est-ce que je m’approprie la vie de l’autre ? Est-ce une façon d’entrer en relation ?
Autour de toutes ces questions, les femmes ont construit peu à peu un projet incluant fabrication de chaperons (photo ci-dessus) masquant les visages, écriture de récits reconstitués faits d’histoires croisées, réalisation d’actions dans l’espace public et de films.
Dans la salle du Mac Val, on peut ajouter sa propre marque sur une feuille où est inscrite cette phrase : « La parole est un risque ». Plusieurs propositions affirment que le dessin aussi. Mais c’est après l’attaque contre Charlie que cette proposition arrive. Le risque évoqué par les femmes de Commérages n’est pas seulement un danger, c’est plutôt une prise de risque, une démarche volontaire, et ici artistique et partagée.