Dans son rapport annuel, l'ONG Amnesty international qualifie l'année 2014 de catastrophique pour les victimes civiles. Soulignant notamment l'inefficacité de l'ONU, l'ONG appelle les membres du Conseil de sécurité à renoncer à leur droit de veto.
"Catastrophique". C'est ainsi qu'Amnesty international qualifie l'année 2014 pour ce qui est des droits de l'Homme, dans son rapport annuel présenté mercredi 25 février. L'ONG est particulièrement sévère envers l'ONU. "Le Conseil de sécurité des Nations unies, un organisme qui a été créé pour protéger les civils et assurer la paix et la sécurité, a lamentablement échoué", a accusé Salil Shetty, le secrétaire général d'Amnesty international.
Et d'accuser les cinq pays membres permanents - États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie - d'avoir "constamment abusé du pouvoir et des privilèges du droit de veto pour promouvoir leurs propres intérêts politiques ou géopolitiques au détriment de la protection des civils".
Pour cette raison, Amnesty international appelle à limiter l'usage du droit de veto au Conseil de sécurité. "Ce que nous proposons, c'est que les cinq membres permanents abandonnent leur droit de veto quand il s’agit de trouver des solutions à des crises très graves comme des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité", a plaidé la présidente de l'ONG mercredi matin lors d'un entretien accordé à France 24. "Quand on doit appeler à un embargo sur les armes, à un cessez-le-feu ou saisir la Cour pénale internationale, il est important qu’ils l’abandonnent parce qu’on l’a vu pour la Syrie : le troisième veto en 2014 de la Russie et de la Chine a donné un blanc-seing à Assad", explique-t-ellle. "On ne peut plus utiliser le Conseil de sécurité en fonction de ses intérêts géopolitiques quand il s’agit de sauver des vies humaines", s'insurge-t-elle. Et de conclure : "Il est important que ce Conseil prenne l’ampleur de sa responsabilité".
Cette proposition n'est pas nouvelle. La France notamment en défend une similaire, qui a jusqu'ici reçu le soutien de 70 pays, mais Amnesty espère faire progresser l'idée, forte du poids de ses sept millions de membres de par le monde.
Pour Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Amnesty international, un tel renoncement aurait par exemple permis à la Cour pénale internationale de poursuivre les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en Syrie.
Hormis cette proposition, l'organisation demande d'empêcher le déferlement d'armes dans les pays où elles tombent entre les mains de groupes armés, exhortant notamment tous les États à ratifier le Traité sur le commerce des armes entré en vigueur en 2014.
Une année chargée en conflits
Au cours de cette année "exceptionnellement" chargée en conflits (Syrie, Ukraine, Gaza, Nigeria, etc.), "des millions de civils" ont été tués et "15 millions" de personnes ont été déplacées, ce qui constitue "probablement le plus grand nombre de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale", a pointé Salil Shetty, secrétaire général de l'organisation de défense des droits de l'Homme, lors d'une conférence de presse à Londres.
"L'année 2014 s'est révélée catastrophique pour des millions de personnes en proie aux violences", a-t-il souligné. "Cela peut et doit changer", a insisté Salil Shetty, jugeant que la réponse de la communauté internationale aux violations des droits de l'Homme avait été "scandaleuse et inopérante". "Les leaders mondiaux ont lamentablement échoué à protéger les plus démunis",accuse-t-il dans l'avant-propos du rapport.
Le document, qui passe en revue l'état des droits humains dans 160 pays, recense des exactions dans 35 d'entre eux par des groupes armés comme le groupe État islamique (EI) ou Boko Haram.
L'ONG basée à Londres n'est pas optimiste quant aux perspectives pour les droits de l'Homme en 2015, prévoyant que de plus en plus de civils se trouvent forcés de vivre sous contrôle de groupes armés brutaux et une aggravation de la crise humanitaire des réfugiés.
Source : France24