J’espère que vous avez tous passé d’agréables fêtes de fin d’année. Je vous souhaite une superbe année 2015, une année faite de découvertes, de petits bonheurs quotidiens et de confiance en vous !
J’ai remis à plus tard de nombreuses fois la lecture de ce roman, car il y avait plus urgent, ou plus passionnant en apparence, mais je ne regrette pas d’avoir tout simplement abandonné ce projet de lecture, car ce roman – qui est plus qu’un roman selon moi – a été une belle découverte. Il s’agit de HHhH de Laurent Binet. Le titre, c’est l’abréviation de Himmlers Hirn heißt Heydrich. Autrement dit : le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. Un titre un peu tarabiscoté pour désigner le sujet de ce livre : le chef de la Gestapo, des services secrets de l’Allemagne Nazi, j’ai nomme Reinhard Heydrich.
Ce roman retrace la prise de pouvoir et la montée en puissance de cet Allemand, jadis exclu de l’armée, qui se retrouve finalement à planifier la solution finale pour Hitler. Une vie à Prague comme dirigeant en intendance où il va régner d’une main de fer, écrasant les mouvements de résistance tchécoslovaques. Mais le président de ce pays de l’Europe de l’Est, qui a fui en Angleterre, ne peut pas rester insensible et impassible face au destin de sa patrie. Il met en place l’opération Anthropoïde (c’est le titre que Laurent Binet aurait aimé choisir pour ce roman). Le but de ce plan : éliminer « la bête blonde », « le bourreau de Prague », Heydrich en personne. Pour cela sont envoyés un Tchèque et un Slovaque. Ce livre raconte leur histoire et leur attentat. Leur effort, leur sacrifice. C’est un moment de la Seconde Guerre mondiale qu’on ignore, pour la plupart. Et personnellement, je dois avouer que j’ignorais plus ou moins qui était Heydrich. Remettre tout cela en mémoire voire en permettre la découverte ne fait pas de mal et nous remet à notre place face à l’Histoire.
Je ne pourrai pas terminer cette chronique sans parler de l’écriture, très personnelle, de Laurent Binet. J’ai particulièrement aimé la façon dont l’auteur a de nous faire participer au récit : son écriture et son intrigue, son fond et sa forme. En effet, le récit est à moitié l’Histoire de cette opération et à moitié l’histoire de la création de ce roman. Laurent Binet raconte comment il en est venu, à force de recherches, mais aussi de doutes, de réécritures à écrire tel ou tel passage. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela n’alourdit pas du tout son propos, mais c’est à l’inverse une vision de l’écriture en construction très très intéressante et cela donne du relief aux événements contés dans ce livre.
Cette lecture a été à la fois divertissante et instructive. J’ai lu le livre à une vitesse prodigieuse, je ne pouvais pas le lâcher. Ignorant tout de cet attentat, je ne savais pas du tout s’il avait fonctionné ou pas, je voulais donc à tout prix connaître l’aboutissement de l’opération Anthropoïde. C’est un roman que je vous conseillle, car il touche un thème que je trouve passionnant et important – la Seconde Guerre mondiale et l’Allemagne nazie – traité de façon originale et intelligente.
Laurent Binet, HHhH, aux éditions Grasset, 20€90.