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Les Vieux Fourneaux, Tome 2

Publié le 25 février 2015 par 7bd @7BD
Tome 2 - Bonny et Pierrot Série :  Les vieux Fourneaux Titre :  Tome 2 – Bonny et Pierrot Dessin : Paul Cauuet Scenario : Wilfrid Lupano Année : 2014 Editions : Dargaud


Résumé : Juliette (petite fille du papé Antoine), ayant hérité d’une grosse somme d’argent car un vieux monsieur l’a confondu avec la grand-mère de celle-ci (je vous invite à lire le Tome 1 pour comprendre… ), décide d’envoyer une grosse somme d’argent au militant vétéran Pierrot. Dans le but de se sentir de « la bande » des 3 papys révolutionnaires, elle joint à son colis une lettre qu’elle signe du pseudo d’une célèbre pirate « Ann Bonny ». Seulement voilà, Ann Bonny était aussi le pseudo utilisé par le grand amour de Pierrot lors de ses belles années d’activisme. Cette lettre bouleversera et chamboulera notre bien aimé Pierrot. S’en suit une aventure hors du commun. Parallèlement à cela, le pépé Mimile conçoit avec Juliette, un spectacle de marionnette étroitement lié à l’histoire de sa vie avec des valeurs morales inattendues…
Mon avis : Je dois avouer qu’au premier abord, j’ai longuement hésité à investir dans cette série BD et ceci dû à un « a priori » sur la vie trépidante de nos petits vieux d’aujourd’hui. J’ai eu peur de m’ennuyer un peu et le style de dessin n’était, à l’époque, pas à mon gout. Mais devant l’insistance de mon entourage et les éloges des critiques, j’ai finalement cédé à la tentation. Et me voilà aujourd’hui, petit chroniqueur et illustre inconnu, à essayer d’apporter une critique sur cette BD phénoménal. Et je pèse bien mes mots ! Je suis tellement ému à faire cette chronique que la petite larme me monte à l’œil, tellement j’admire maintenant les auteurs de celle-ci, par leur talent. Il va de soi que je suis fort jaloux de David, autre chroniqueur 7BD, qui a eu l’immense satisfaction de pouvoir interviewer ces 2 talentueux artistes ! (voir l’interview En effet, rare sont les BDs qui ont réussi à me faire rire aux larmes ! 

En 2014, chose exceptionnelle, j’en dénombre 2 dont celle-ci. Cette histoire de petit vieux réactionnaire, militant mais surtout humain m’a profondément touché. Pourtant je suis encore loin de cette génération ! Cependant, nous connaissons tous au moins un petit papy ou une mamy, un grand oncle ou tante, avec un esprit similaire ! Le dessin : Monsieur Cauuet exploite un trait vif, simple et expressif, particulièrement travaillé, avec des mises en scène de case recherchées et efficaces, le tout avec un détail surprenant et des effets réussis, des couleurs ternes mais pas trop nous rappelant tout même que les héros sont des papys… bien que les comportements décrits s’apparentent parfois fortement à ceux de gamins (d’ailleurs la « comparaison » apparait lorsque Juliette découvre 3 mômes en train de jouer avec un « canon à mouton » : reflet des 3 papys dans leur jeunesse ? )
Les personnages ont vraiment tous une personnalité bien marquée, qui transparait dans ces planches.  On y verra presque même la gestuelle s’accomplir avec ses effets de pseudo vitesse ralentie (j’adore les cases de la mamie « Ann Bonny » qui vient mettre fin à une bagarre, entre les papys Riton et Pierrot, avec son râteaux… au ralenti) ! 
Le dessin et la mise en scène des vignettes font aussi parfaitement ressortir l’amitié que les personnages peuvent avoir entre eux (ou pas... Cf l'affaire Riton), le tout accompagné d’une profonde solidarité (Cf l’attentat gériatrique). 
Finalement ce dessin qui ne m’attirait pas forcément de premier abord m’a véritablement subjugué et aspiré dans l’histoire.  Au point d’y reconnaitre (ou du moins d’y associer) des membres de ma famille… Mr Cauuet d’où les connaissez-vous ? 
Le scénario et le découpage :  Monsieur Lupano nous livre aussi et encore un bijou d’ingéniosité. 
Un vrai plaisir de lecture ! (un de plus, je n’ose plus les compter : le singe de Hartlepool, ma révérence, un océan d’amour, l’homme qui n’aimait pas les armes à feu, l’assassin qu’elle mérite etc…)
Le découpage magistral nous fait vivre cette aventure de petits vieux peu ramollis à pleine vitesse. 
Les dialogues sont exceptionnels et percutants (rappelant les tontons flingueurs, les barbouzes, le pacha ou le professionnel. Oups, bizarrement que des films avec des dialogues de Audiard.)
Et les idées telles que « l’attentat gériatrique », le « canon à mouton » ou bien la « human bombe »… Comment ont-elles pu germer et murir ainsi ? L’humour alterne entre la finesse (avec de beaux jeux de mots), et le lourdingue (en jouant sur les problèmes bien connues d’incontinence de petits vieux par exemple, ou le gag à répétition des baguettes) mais il est toujours radicalement efficace.
La politique n’y est pas épargnée et elle en prends pour son grade, enfin certains politiques plus que d’autres (mais il faut croire qu’ils l’ont bien cherché…), et cela déplaira certainement à leurs partisans (sauf ceux qui ne sont pas dépourvus d’humour…). 
J’ai comme l’impression que toutes les « âneries » scénarisées dans ce tome sont des gags vécus, ou bien que les auteurs auraient peut-être souhaité les faire réellement… enfin pour ma part, ils m’ont vraiment donné envie d’en faire de semblables, histoire de ce marrer… vivement la retraite !
L’émotion est énorme aussi en regard de l’organisation décrite pour accueillir des familles « de sans-papiers » et des jeunes en difficulté chez notre vielle partisane Fanfan, ou bien lorsque le spectacle de Juliette et Mimile est exposé aux jeunes du « canon à mouton ».
Non, vraiment ce tome est tendrement poilant et jubilatoire, du début à la fin !!
Bravo Messieurs pour cette magnifique série qui à elle seule assure que la BD est un art ! Cette série mérite d’être 100 fois primée! (Cependant mes rides et mes zygomatiques ne vous remercient pas, tellement j’ai rigolé.) Vivement le tome 3…
Ciao, Yann

Les Vieux Fourneaux Tome 1 : Ceux qui restent

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